Rencontre avec les candidats à la chefferie du RMQ

J’ai assisté samedi après-midi à une rencontre au cours de laquelle quatre des cinq candidats à la chefferie du Renouveau municipal de Québec ont eu l’occasion de présenter leurs idées aux membres du RMQ de l’arrondissement Sainte-Foy-Sillery.

Il ne s’agissait pas d’un débat. Chaque candidat disposait de 15 minutes pour s’adresser à l’auditoire, qui était composé d’une centaine de personnes. À vue de nez: disons 80 % de plus de cinquante ans… et une petite dizaine de moins de trente ans.

Je collige ici quelques notes, pour m’obliger à mettre de l’ordre dans mes idées et mes surprises. Dans l’ordre où se sont faites les présentations


===/ début de mes notes /===

CLAUDE LAROSE ‹ l’homme d’expérience

« Québec, du Cap Diamant au Cap Rouge »
« …bâtir une ville forte de tous ses quartiers »

Quelques notes

– Discours axé sur l’arrondissement plus que sur la ville.
– Se présente comme le candidat de l’expérience.
– Beaucoup de belles intentions. Un peu tous azimuts. J’ai eu l’impression qu’il avait emprunté aux discours d’investiture de tous les autres candidats (à ceux que j’avais lu dans Le Soleil à tout le moins).
– Présente l’Université Laval comme le navire amiral du développement régional.
– Annonce qu’il accordera priorité aux services de base. « …avant de décorer la maison, il faut l’entretenir ».
– Attention au déclin de la région (démographie, à la concurrence liée à la mondialisation (Chine, Inde, etc.) et à l’absence des gouvernements supérieurs dans le développement de la ville.
– Québec devrait être la leader des régions du Québec.
– Il faut se faire mieux respecter comme capitale.
– Québec devrait être une ville de pointe en développement durable.

Première opinion

– Beaucoup d’intentions louables
– Trop peu de concrets, d’engagements, de pistes d’action. J’aurais aimé savoir « comment »…
– Parfois à la limite du cliché: « Québec un gros village ou une ville forte »… oui, mais encore. Ça veut dire quoi une ville forte, et qu’est-ce qu’on a contre les villages? c’est péjoratif être un village?
– Un peu plus anecdotique… mais quand même… une rose comme logo de campagne… il me semble que c’est pas l’idée du siècle.

Bilan: Je n’avais pas aimé sa sortie de cette semaine sur la prostitution juvénile. J’aurais aimé être agréablement surpris. J’espère en savoir plus dans les prochaines semaines… et surtout, pouvoir prendre connaissance d’engagements concrets. Plaider l’expérience, ça ne me semble pas suffisant. J’ai voulu visiter son site Web… mais il n’est pas encore ouvert.

RÉGIS LABEAUME ‹ le gars de la banlieue

« … il faut faire exister la ville dans les esprits et dans les coeurs. »

Quelques notes

– Discours centré sur les enjeux « ville » avec quelques éléments plus « arrondissement ».
– Rend hommage à l’intelligence et au courage de Jean-Paul L’Allier.
– Québec doit être une ville ouverte sur le monde.
– Pour permettre aux gens des banlieues d’adhérer à la nouvelle ville, il est important que le prochain maire soit un des leurs.
– Il faut mettre l’accent sur les services de proximité.
– Les payeurs de taxes doivent avoir la perception d’en avoir pour leur argent.
– Il faut performer. Avoir des indicateurs de performance.
– Le citoyen est un client.
– Il faut augmenter les revenus de la ville et diminuer les dépenses.
– Cite en exemple Ottawa « qui, il y a dix ans, était une capitale qui faisait parfois ron-ron, comme nous autres ».
– Il faut penser aux jeunes, se redonner des équipements sportifs, à la fois pour la masse et pour l’élite.
– Il faut aussi développer le logement social: être généreux, faire preuve de compassion.
– Surtout: ne pas minimiser le goût de changement à Québec, qui expliquerait la position de Marc Bellemare dans les sondage.

Première opinion

– Discours un peu fouillis, sans fil conducteur clair. Je m’attendais à mieux d’un homme de cette expérience.
– Autant plaider l’expérience me semble insuffisant dans le cas de Claude Larose, plaider être « l’homme du changement » me semble insuffisant dans le cas de Régis Labeaume. Ni l’un ni l’autre ne devrait dispenser de développer un programme politique précis, concret, cohérent.
– J’ai trouvé particulièrement malsain d’associer à la compassion et à la générosité à la question du logement social. Ce n’est pas par altruisme qu’on doit fournir des logements à coût raisonnable aux gens qui en ont besoin… c’est parce que ce que nous sommes interdépendants et que la solidarité seule peut nous assurer un développement socio-économique viable à long terme.
– Pas encore trouvé de site Web, s’il en a un…

Bilan: je m’attendais à beaucoup mieux. Je pense que M. Labeaume peut beaucoup plus… mais faudra attacher un peu mieux le discours et préciser les idées.

ROBERT OUELLETTE ‹ à la fois jeune et nouvel arrivant

« …si vous deviez formuler un souhait pour Québec, quel serait-il? »

Quelques notes

– Un discours presque exclusivement « ville ».
– Il dit avoir peur pour l’avenir
– Axe son discours sur le poids du service de la dette, qui nous prive de notre pouvoir de faire des choix collectifs.
– Son premier engagement est de dégraisser l’administration municipale.
– Aussi, d’être transparent, notamment en publiant systématiquement, s’il est élu, les comptes de dépenses des employés de la ville.
– L’immigration est importante pour la démographie, mais aussi pour les réseaux de contacts qu’ils nous offrent dans autant de pays dont nous avons besoin ou avec lesquels nous devons compétitionner dans le contexte de la mondialisation.
– Propose de donner un congé de taxes de trois ans à toute personne qui s’engage à venir installer ou fonder une entreprise à Québec en plus de lui offrir un soutien administratif important.
– Propose que Québec devienne la première ville canadienne Wifi (note: il présente le wifi comme « l’Internet haute vitesse sans fil »)
– Il faut un jeune qui comprend la nouvelle économie à la tête de la ville.

Première opinion

– Je ne connaissais pas du tout Robert Ouellette avant aujourd’hui. C’est un habile orateur.
– Il a eu le courage de prendre des engagements concrets. Sans détour.
– Plaider la jeunesse… c’est suffisant? Pas plus que l’expérience pour Larose, et le changement pour Labeaume.
– L’approche m’a semblé un peu candide (manque d’expérience?) mais sa présence dans la course à la chefferie me semble aussi nécessaire que louable. Bravo.
– Son site Web est étonnant… je n’aime pas particulièrement le ton qu’il y adopte… mais j’ai terriblement hâte de voir la trousse pédagogique qu’il y annonce… Vraiment très hâte!

Bilan: Je ne savais rien de Robert Ouellette avant aujourd’hui, il ne pouvait donc pas me décevoir… Si la première rencontre avec ses idées me laisse un peu perplexe, elle m’ai laissé avec le goût d’en apprendre davantage sur son programme.

ANN BOURGET ‹ une femme engagée

« …le besoin de tisser la ville… »
« …l’importance de donner un sens au développement »

Quelques notes

– Un discours centré sur « arrondissement… au coeur de la ville ».
– La ville est encore un collage.
– On peut maintenant penser à une planification urbaine basée sur la complémentarité et non sur la compétition.
– L’arrondissement Sainte-Foy-Sillery est la principale porte d’entrée de la ville.
– Besoin de gestes concrets pour en témoigner: réaménagement du boulevard Laurier entre autres.
– Il faut cesser le développement urbain « à la pièce » ou « par opportunité ». Il faut avoir un plan de match à long terme.
– Propose de voir l’Université Laval comme le principal tremplin international de la ville.
– Mentionne que l’Université Laval pourrait même devenir « le quartier international » de la ville.
– Il est important de relier les infrastructures récréotouristiques.
– Il est inacceptable que les pistes cyclables, par exemple, ne soient pas toutes reliées.
– Il faut changer dans la tête des gens l’idée du « passage par Québec » par celle d’un « séjour à Québec ».
– Il faut diversifier l’économie de Québec en misant sur la filière environnementale.
– Trois qualités qu’elle croit nécessaire pour aspirer à devenir mairesse d’une ville comme Québec: la compétence, l’expérience et une vision globale du développement.
– Se propose d’être « le lien entre les générations ».

Première opinion

– J’avais été agréablement surpris et impressionné par la forme du site Web de Mme Bourget (un carnet Web!). C’est également la candidate dont je connaissais le plus les grandes orientations dans cette course à la chefferie au moment de me présenter à la rencontre. Je n’ai pas été déçu.
– J’ai aimé l’idée de faire de l’Université Laval et ses environs le coeur d’un éventuel « quartier international » de Québec. Je dois y repenser, mais j’aime bien… c’est une nouvelle manière de voir ce coin de la ville qui me plaît a priori.
– À défaut d’engagements aussi concrets que je ne l’aurais souhaité, les exemples sont bien choisis… dans le cas des pistes cyclables, par exemple. C’est clair.
– Parlant de l’énergie, dans le contexte du développement de la filière environnementale, elle a fait référence au contexte de la commission parlementaire sur l’avenir énergétique du Québec. J’ai aimé. Ça m’a fait réaliser que les autres candidats n’avaient à peu près pas fait référence à la situation de Québec dans un contexte socio-économique élargi (sinon à grands traits, dans un contexte de mondialisation).

Bilan: C’est la candidate qui risquait le plus de me décevoir compte tenu de ce que j’avais comme information à mon arrivée à la rencontre. Et je n’ai pas été déçu. Je continue d’espérer davantage d’engagements concrets et de souhaiter qu’elle ait le courage de les formuler clairement mais, pour le moment, ça me semble la principale candidate à suivre au cours des prochaines semaines.

BILAN GLOBAL DE MA JOURNÉE

Mon choix est loin d’être fait. J’attends beaucoup plus de précisions et d’engagements de tous les candidats. Après tout, c’est la confiance à long terme des membres du RMQ qu’ils sollicitent (dans un premier temps) mais aussi (éventuellement) celle de tous les citoyens de Québec… et ça, ça exige à mon avis beaucoup plus de conviction et de courage à défendre ses idées que je n’ai pu en constater aujourd’hui. Mais ce n’est encore que le début…

Néanmoins, ils ont tous ma plus profonde admiration, mon très grand respect et mes plus sincères remerciements pour leur contribution à la vie démocratique de notre belle grande ville.

===/ fin de mes notes /===

7 réflexions sur “Rencontre avec les candidats à la chefferie du RMQ

  1. Très beau travail… qui permet de bien camper les uns et les autres. C’est extrêmement intéressant comme perspective.

    C’est une excellente synthèse à mettre sous le nez des gens qui ont tendance à dire que les politiciens sont tous pareils!

    (pis Québec ville wifi? tout dépend de la définition de la ville… pouvoir consulter un site de sylviculture pour identifier une essence d’arbre inconnue quelque part entre L’Ancienne-Lorette et Val-Bélair? bah, et puis pourquoi pas…)

  2. Merci beaucoup. Je vais faire partager vos commentaires avec d’autres internautes. Fort intéressant. :)

  3. Excellent résumé.

    J’ai aussi eu la chance de rencontrer MM. Larose et Labeaume dans le cadre d’une rencontre privée récente avec des jeunes professionnels.

    J’aurais tendance à corroborer globalement ton résumé, avec quelques nuances dont je pourrai te parler bientôt.

    Nous rencontrerons aussi éventuellement Ann Bourget et Robert Ouellet.

    À la question que j’ai posée séparément aux deux candidats sur la question de la « Cité éducative », les deux m’ont semblé au relatif fait du dossier, mais avaient peine à l’exprimer dans des mots simples. Ils ont tous deux indiqué qu’il s’agit-là d’un « concept », d’une « idée » intéressante.

    Comment pourrions-nous rendre ce « concept », cette « idée », une réalité concrète pour les dirigeants politiques, pour la population en général?

    Les deux candidats n’ont pas fait référence à cette idée dans leur discours initial, malgré qu’elle fasse partie intégrante du programme du RMQ.

    Tu le dis toi-même, les candidats ont peine à prendre des engagements fermes, comment les aider à en prendre un dans ce dossier, aussi petit soit-il?

    Tu le sais, Clément, j’ai tendance à vouloir passer trop vite à l’action (parfois :-)) au détriment de la stratégie, mais ne serait-il pas temps de passer à l’action maintenant et de bâtir un certain nombre de projets dans la Ville de Québec pour exprimer c’est quoi, une cité éducative? De frapper l’imaginaire pour que les gens commencent à comprendre?

    Moi, je rêve de faire partie d’un groupe qui commencerait à la faire, la Cité éducative. Aujourd’hui. C’est peut-être déjà commencé?

  4. Un carnetier sur la piste des politiciens municipaux

    Depuis quelques semaines, je lis avec plaisir plusieurs billets de la catégorie « politique » du cybercarnet de Clément. Quel beau moyen de suivre activement la course à la Mairie de Québec. « L’action » a vraiment débuté par ce billet écrit après que Clém…

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