J’ai toujours été fasciné par les bouteilles. Surtout celles dans lesquelles on distille les projets et les rêves.
Il y en avait une sur la photo d’hier d’ailleurs. L’aviez-vous remarquée? Elle était sur la petite table derrière le divan. Une belle petite bouteille d’un vert moiré, avec un petit bouchon formé par une goutte de verre translucide.
Presque tous nos visiteurs soulèvent le bouchon pour savoir ce que contient la bouteille. La plupart la referment aussitôt, concluant qu’elle est vide et qu’elle ne sert à rien. Et pourtant! Ils ne se doutent pas qu’ils viennent même de la remplir un peu plus.
Parce que cette bouteille conserve le souvenir de toutes les personnes qui sont passées chez nous.
Il m’arrive parfois de la placer sur la table et de l’ouvrir quelques minutes pour laisser s’échapper quelques souvenirs. Le silence dans la pièce est alors plus riche, plus dense. La mémoire s’active, les émotions et les sensations refont surface.
J’ai déjà écrit au sujet d’une autre petite bouteille colorée qui me sert à remuer les idées qui ont du mal à prendre forme. Ça leur permet de prendre plus rapidement leur envol.
À cette période de l’année, on peut même dire que les idées qui en ressortent sont teintées des couleurs de Noël.
Cette bouteille sera la vedette de la photo d’aujourd’hui:

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Si vous n’avez pas de bouteille qui ne sert à rien dans votre environnement, je vous suggère fortement d’ajouter ça à votre liste de suggestions.
C’est vraiment le plus beau des cadeaux!
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En tant qu’êtres humains vivant en société, on préfère croire que le temps est organisé et logique. Mais notre cerveau fonctionne d’abord par analogie. L’émotion et les sensations vont faire surgir un souvenir, sans que le temps soit précis. (…)
Si on doit absolument accoler une étiquette à mon travail, je préférerais les notions de slipstream [qui] renvoie à une forme de fiction spéculative qui s’éloigne des paramètres habituels de la narration et des genres, afin de mettre le lecteur dans une situation d’étrangisation par rapport au réel.
— Louis-Karl Picard-Sioui, dans XYZ, la revue de la nouvelle, numéro 156, Hiver 2024
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Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023