C’est une bouteille très précieuse. C’est une fiole à idées.
Je l’ai acheté au Musée du verre à Sandwich, Cape Cod. Elle m’a été confiée dans une belle petite boite bleue. Elle portait à l’époque un délicat petit bouchon de liège. Heureusement, je l’ai perdu.
Je dis heureusement, parce qu’en y pensant bien, à quoi pourrait bien servir une bouteille à idées si elle est fermée. Au mieux, cela garderait une idée prisonnière. Au pire, ça éviterait à toutes sortes de bonnes idées d’y entrer.
Délivrée de son bouchon, la fiole peut enfin jouer pleinement son rôle et accueillir des idées afin d’en faciliter le mûrissement et de les laisser s’échapper à nouveau, à la recherche des personnes qui pourront le mieux leur donner vie. On m’a déjà dit que ce sont les idées qui sont à la recherche des gens à travers qui s’incarner, et pas l’inverse.
Une fois entrée dans la fiole — d’un simple geste de la pensée — il suffit de faire tourner doucement l’idée par un mouvement du poignet (comme s’il s’agissait d’un liquide) et de l’exposer à la lumière d’un rayon de soleil. Ainsi enchantée par les reflets colorés du verre (comme on rêve en couleurs), l’idée retrouvera la force nécessaire pour reprendre son vol.
La relaxation que procurent ces quelques mouvements suffit généralement à décongestionner l’esprit de celui qui s’y prête — qui peut alors se remettre à créer. Ce qui fait chaque fois le plus grand bien.
Cette bouteille est magique.
De la série Sur mon (nouveau) bureau