
Cette lettre de Pierre Boucher aux prétendants à la mairie de Québec a survécu à tous les élagages de la bibliothèque depuis dix ans, probablement parce que je souhaiterais écrire éventuellement quelque chose de ce type — notamment pour de stimuler les réflexions du mouvement politique dans lequel j’ai choisi de consacrer du temps, en faveur de l’indépendance du Québec.
Pas que ce livre soit particulièrement un modèle, plutôt une inspiration.
Lettre aux prétendants à la mairie de Québec | Pierre Boucher | Septentrion
La lettre a été écrite en 2005, au moment où Jean-Paul L’Allier quittait la mairie de Québec, après 16 ans à diriger la ville. Occasion idéale pour un grand brassage d’idées.
«Les conditions sont réunies pour qu’on assiste à l’émergence d’une nouvelle dynamique politique (…) Peut-être sommes-nous au début d’un temps nouveau.»
«J’ai voulu cette lettre ouverte dans l’espoir que mes concitoyens prennent part, avec entrain, aux débats qu’elle suscite! Des débats publics qui ne feront pas l’unanimité, mais qui contribueront à départager l’essentiel de l’accessoire, le sérieux de la fumisterie, les horizons profonds de la courte vue, la conviction de l’ambition.»
«N’est-il pas souhaitable que les débats publics sur la ville soient alimentés non seulement par des tribunes téléphoniques et les émissions d’affaires publiques, par les chroniqueurs et les éditoriaux de la presse écrite, mais aussi par des contributions personnelles de longue maturation?»
Le texte de Pierre Boucher est souvent un peu trop prétentieux (voire carrément pontifiant), mais le propos est direct, concret, et interpelle tout de même efficacement à la fois les candidats et les citoyens lecteurs. C’est une grande qualité.
Aux candidats: «L’important, en sollicitant les suffrages de vos concitoyens, c’est de démontrer pourquoi, plus que quiconque, vous feriez un bon maire, c’est de présenter l’essentiel de ce que vous voulez faire et — ne n’oubliez pas — de dire pourquoi vous voulez le faire. N’allez surtout pas vous réfugier derrière des slogans du genre « nous vous promettons du changement » ou «nous sommes prêts»; les citoyens savent qu’en grattant la pelure de cette propagande politique on découvre tristement le vide.»
Aux citoyens: «…méfiez-vous des prétendants qu’on vous vendra, joliment ficelés, comme des produits de consommation (…) Ne soyez pas crédules face à ceux qui concentreront leurs engagements autour de faits divers, qu’ils qualifieront avec le plus grand sérieux de phénomènes de société pour justifier l’insistance qu’il mettent à s’en faire des champions.»
Ce qui est amusant quand on relit un peu sur les réactions que le livre avait suscitées, c’est de se rappeler à quel point les choses ne se sont pas déroulées comme prévu pour la succession de Jean-Paul L’Allier. En avril 2005, on annonçait un duel entre Claude Larose et Marc Bellemare, donné gagnant avant même d’annoncer officiellement sa candidature. C’est finalement Andrée Boucher qui est devenue mairesse le 19 novembre.
Lettre aux prétendants à la mairie de Québec – En attendant Marc Bellemare | Le Devoir | 23 avril 2005
Je conserve ce livre à la portée de la main notamment parce que le Parti Québécois tiendra bientôt un congrès pour se donner d’un nouveau programme, vraisemblablement au début de l’année 2017, ce qui signifie que l’année 2016 offrira un contexte idéal pour un grand brassage d’idées. Peut-être sommes-nous au début d’un temps nouveau.
Je souhaite évidemment que les débats se soient le plus ouverts possibles, sans tabous, aucun.
Je compte bien y prendre part activement.
***
Trouvé dans le livre en guise de marque-page: une photocopie d’un article eSchool News reprenant les grandes lignes d’un discours de Bill Gates au sujet des défis auxquels sont confrontés les High Schools des États-Unis. Pourquoi? Je ne sais pas. Je devais lire sur ce sujet au même moment.