
Mise à jour du 7 septembre: la démarche s’est poursuivie après la publication de ce texte. La formulation finale des questions, et les réponses qui auront été obtenues des partis politiques, devrait faire l’objet d’une publication au cours de la semaine du 17 septembre.
Yves Williams est un homme persévérant. Il fait partie de ceux et celles qui nous rappellent périodiquement, depuis plus de dix ans, qu’il est essentiel que le monde politique comprenne les enjeux liés au développement du numérique. Il le fait à nouveau cette année dans un texte intitulé Des élections et du numérique:
Au fil des ans, Yves a parfois été enthousiaste, résigné, voire déçu, mais cette fois, il se montre optimiste — et ça fait du bien. La présence parmi les candidats de Mario Asselin pour la CAQ, de Michelle Blanc pour le PQ et de Dominique Anglade pour le PLQ, lui fait croire qu’on a enfin des conditions favorables pour se parler franchement de la place du numérique dans l’avenir du Québec.
«Je suis tellement positif que j’espère même qu’on passe à l’étape suivante. (…) C’est-à-dire que les partis ne fassent pas qu’un long listage d’actions à inscrire au programme, mais qu’ils nous présentent leur vision politique de notre avenir numérique, qu’ils soient plus précis sur les options politiques contenues dans leurs propositions technologiques et numériques.
[Il faut que les partis politiques nous présentent] leur vision politique de notre avenir numérique, [qu’ils soient] plus précis sur les options politiques contenues dans leurs propositions technologiques et numériques.»
Je pense qu’il a raison de dire qu’on est encore généralement beaucoup trop naïfs de la transformation numérique de notre société, comme si elle allait nécessairement être positive, alors qu’on sait bien que ce ne sera pas forcément le cas:
«Nous souhaitons les changements numériques; nous trouvons qu’entreprises, État, organisations ne vont pas assez vite ni assez loin; nous voulons plus d’initiatives et d’allant, mais nous définissons rarement quels changements numériques nous espérons. (…)
[Il faudrait donc que] les aspirants députés, au moment de parler de numérique, nous décrivent leur projet de société, leurs convictions politiques et nous montrent comment le numérique est un allié dans leur projet.»
Effectivement, ce qu’il est important de comprendre aujourd’hui, c’est à quelle vision du Québec chacun compte mettre à contribution le numérique.
Je propose donc de bâtir ensemble un court questionnaire que nous pourrions éventuellement adresser aux porte-paroles numériques de chaque parti.
Il pourrait s’agir d’une douzaine de questions, forcément un peu dichotomiques, que chacun pourra nuancer à son aise.
Par exemple:
Démocratie — S’il fallait choisir entre mettre en place le vote électronique ou une structure de consultation citoyenne, que privilégieriez vous? Pourquoi?
Éducation — L’apprentissage du numérique doit-il d’abord servir les besoins des entreprises ou le développement de la créativité? Pourquoi?
Culture — Croyez-vous que le numérique sera globalement positif ou négatif pour les créateurs québécois? En conséquence, quels principes devraient guider une éventuelle mise à jour des mesures de soutien à la culture au Québec?
Santé — Faut-il privilégier l’efficacité du système de santé ou la protection des renseignement personnels? Pourquoi?
Développement urbain — Une ville intelligente, c’est une ville où tout est informatisé, ou une ville où les citoyens peuvent interagir plus facilement avec les services municipaux? Qu’est-ce que ça veut dire concrètement?
Médias — Est-ce qu’il est possible de réglementer la diffusion d’informations? Si oui, en vertu de quels critères?
Commerce — Faut-il taxer le commerce en ligne transfrontalier? Si oui, faut-il le faire surtout pour protéger les commerçant locaux, ou pour alimenter les coffres de l’états?
Innovation — Devant l’apparition de modèles économiques subversifs (Uber, Airbnb, etc.), est-ce que l’État doit prioritairement protéger les acteurs qui opèrent selon un modèle traditionnel, ou soutenir les acteurs qui prennent le risque d’adapter leur écosystème ou d’inventer un nouveau modèle?
Administration publique — Dans le prochain gouvernement, doit-on souhaiter la nomination d’un.e ministre responsable des technologies et du numérique ou d’un.e ministre responsable de la valorisation des données publiques? Quelle différence faites-vous entre les deux?
Accès à l’information — Serait-il souhaitable de définir par une loi-cadre que tous les documents produits par l’État québécois doivent être publics et accessibles sans restriction, à moins de justifications explicites? Pourquoi?
Transport — Vous semble-t-il préférable d’investir dans le développement des véhicules électriques autonomes ou dans le développement de services (sur les téléphones cellulaires, par exemple) favorisant l’efficacité des transports collectifs (covoiturage, transport multimodal, etc.). Est-ce la même réponse pour Montréal, pour Québec et en région?
Accès à Internet — Ça fait vingt ans qu’on dit que tous les citoyens du Québec auront bientôt accès à l’Internet haute-vitesse. Quel moyen croyez-vous le plus efficace pour que cela devienne enfin une réalité: nationaliser les services d’accès à Internet? Subventionner les entreprises de télécommunication pour le faire? Pourquoi?
Si l’exercice vous plaît, je vous invite à m’aider à préciser les questions en formulant vos propositions dans les commentaires ci-dessous ou en contribuant directement à ce document Google.
Mario Asselin, Michelle Blanc, Dominique Anglade (et un.e éventuel.le porte-parole numérique de QS) pourront évidemment suivre l’élaboration des questions — voire y participer. Ben oui, pourquoi pas… si ça permet de rehausser le débat?
Je lève d’ailleurs mon chapeau à Mario Asselin, qui a posé un geste dans cet esprit-là aujourd’hui en partageant sur son blogue ses notes préparatoires en prévision d’un débat qui aura lieu demain sur l’éducation. Je trouve que c’est une initiative qu’on gagnerait tous à voir se reproduire plus souvent.
Ça va tout à fait dans le sens du type de leadership que je décrivais avant-hier en réponse à une question de Anne-Marie Dussault.