Turing par l’absurde

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L’initiative de Radio-Canada a évidemment piqué ma curiosité: on a cloné les chefs.

L’idée est simple: utiliser un algorithme pour simuler les réponses des chefs à nos questions — à défaut de pouvoir le faire pour vrai.

Il faut l’essayer.

Première déception: on ne peut pas poser nos propres questions. Il faut choisir parmi une cinquantaine de questions préétablies. 

Malgré ça, je trouve que ça reste amusant, en particulier quand on nous propose de faire répondre les autres chefs à la même question — dans une forme de débat.

Sauf que je trouve qu’un malaise s’installe après quelques instants. 

On constate en effet rapidement que les réponses préparées à l’avance pour l’algorithme (des réponses en canne, quoi) ne sont pas vraiment différentes de celles qu’on peut entendre directement de la bouche des chefs à la radio et à la télévision dans les bilans de fin de journée. Hum…

En 1950, Alan Turing a conceptualisé un test qui permet de juger de l’efficacité d’un ordinateur à se faire passer pour un humain dans une conversation.

En 2018, on serait probablement dû pour conceptualiser un test qui permettrait d’évaluer la capacité d’un chef de parti à se distinguer d’un robot dans une conversation.

Je dis ça avec un grand clin d’oeil… et une pointe de sérieux!

Québec 1989-2019, une semaine plus tard

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J’ai publié dimanche dernier mon histoire personnelle du Québec de 1989 à 2019. Comme une façon de réfléchir à haute voix sur mon état d’esprit politique à l’aube d’une nouvelle élection.

J’ai choisi d’en faire un site web autonome. Un ami m’a aussi rendu le service de convertir tout ce texte aussi en format ePub afin d’en faciliter la lecture dans les applications de lecture de livres numériques. 

Quel lectorat le texte a pu rejoindre une semaine plus tard? 

Pour le plaisir de partager — et de réfléchir ensemble à la diffusion des textes dans l’univers numérique — voici le bilan de la semaine: 

  • 218 personnes ont lu la première page.
  • 71 personnes ont lu la dernière page.
  • 35 personnes ont vraisemblablement lu le texte entier dans sa version web.
  • 13 personnes ont téléchargé le texte dans sa version ePub.

Ce résultat a été obtenu avec une diffusion très sobre, annoncée uniquement par une publication sur mon blogue et un tweet. Rien sur Facebook, où je ne suis plus.

Certains m’ont dit que j’aurais eu deux, cinq, voire dix fois plus de visiteurs/lecteurs si j’avais utilisé aussi Facebook pour faire connaître la publication. 

Peut-être. C’est un sujet de réflexion intéressant.

Quelle vision (numérique) pour le Québec?

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Mise à jour du 7 septembre: la démarche s’est poursuivie après la publication de ce texte. La formulation finale des questions, et les réponses qui auront été obtenues des partis politiques, devrait faire l’objet d’une publication au cours de la semaine du 17 septembre.

Yves Williams est un homme persévérant. Il fait partie de ceux et celles qui nous rappellent périodiquement, depuis plus de dix ans, qu’il est essentiel que le monde politique comprenne les enjeux liés au développement du numérique. Il le fait à nouveau cette année dans un texte intitulé Des élections et du numérique:

Au fil des ans, Yves a parfois été enthousiaste, résigné, voire déçu, mais cette fois, il se montre optimiste — et ça fait du bien. La présence parmi les candidats de Mario Asselin pour la CAQ, de Michelle Blanc pour le PQ et de Dominique Anglade pour le PLQ, lui fait croire qu’on a enfin des conditions favorables pour se parler franchement de la place du numérique dans l’avenir du Québec.

«Je suis tellement positif que j’espère même qu’on passe à l’étape suivante. (…) C’est-à-dire que les partis ne fassent pas qu’un long listage d’actions à inscrire au programme, mais qu’ils nous présentent leur vision politique de notre avenir numérique, qu’ils soient plus précis sur les options politiques contenues dans leurs propositions technologiques et numériques.

[Il faut que les partis politiques nous présentent] leur vision politique de notre avenir numérique, [qu’ils soient] plus précis sur les options politiques contenues dans leurs propositions technologiques et numériques.»

Je pense qu’il a raison de dire qu’on est encore généralement beaucoup trop naïfs de la transformation numérique de notre société, comme si elle allait nécessairement être positive, alors qu’on sait bien que ce ne sera pas forcément le cas:

«Nous souhaitons les changements numériques; nous trouvons qu’entreprises, État, organisations ne vont pas assez vite ni assez loin; nous voulons plus d’initiatives et d’allant, mais nous définissons rarement quels changements numériques nous espérons. (…)

[Il faudrait donc que] les aspirants députés, au moment de parler de numérique, nous décrivent leur projet de société, leurs convictions politiques et nous montrent comment le numérique est un allié dans leur projet.»

Effectivement, ce qu’il est important de comprendre aujourd’hui, c’est à quelle vision du Québec chacun compte mettre à contribution le numérique.

Je propose donc de bâtir ensemble un court questionnaire que nous pourrions éventuellement adresser aux porte-paroles numériques de chaque parti.

Il pourrait s’agir d’une douzaine de questions, forcément un peu dichotomiques, que chacun pourra nuancer à son aise. 

Par exemple:

Démocratie — S’il fallait choisir entre mettre en place le vote électronique ou une structure de consultation citoyenne, que privilégieriez vous? Pourquoi?

Éducation — L’apprentissage du numérique doit-il d’abord servir les besoins des entreprises ou le développement de la créativité? Pourquoi?

Culture — Croyez-vous que le numérique sera globalement positif ou négatif pour les créateurs québécois? En conséquence, quels principes devraient guider une éventuelle mise à jour des mesures de soutien à la culture au Québec?

Santé — Faut-il privilégier l’efficacité du système de santé ou la protection des renseignement personnels? Pourquoi?

Développement urbain — Une ville intelligente, c’est une ville où tout est informatisé, ou une ville où les citoyens peuvent interagir plus facilement avec les services municipaux? Qu’est-ce que ça veut dire concrètement?

Médias — Est-ce qu’il est possible de réglementer la diffusion d’informations? Si oui, en vertu de quels critères? 

Commerce — Faut-il taxer le commerce en ligne transfrontalier? Si oui, faut-il le faire surtout pour protéger les commerçant locaux, ou pour alimenter les coffres de l’états?

Innovation — Devant l’apparition de modèles économiques subversifs (Uber, Airbnb, etc.), est-ce que l’État doit prioritairement protéger les acteurs qui opèrent selon un modèle traditionnel, ou soutenir les acteurs qui prennent le risque d’adapter leur écosystème ou d’inventer un nouveau modèle?

Administration publique — Dans le prochain gouvernement, doit-on souhaiter la nomination d’un.e ministre responsable des technologies et du numérique ou d’un.e ministre responsable de la valorisation des données publiques? Quelle différence faites-vous entre les deux?

Accès à l’information — Serait-il souhaitable de définir par une loi-cadre que tous les documents produits par l’État québécois doivent être publics et accessibles sans restriction, à moins de justifications explicites? Pourquoi? 

Transport — Vous semble-t-il préférable d’investir dans le développement des véhicules électriques autonomes ou dans le développement de services (sur les téléphones cellulaires, par exemple) favorisant l’efficacité des transports collectifs (covoiturage, transport multimodal, etc.). Est-ce la même réponse pour Montréal, pour Québec et en région?

Accès à Internet — Ça fait vingt ans qu’on dit que tous les citoyens du Québec auront bientôt accès à l’Internet haute-vitesse. Quel moyen croyez-vous le plus efficace pour que cela devienne enfin une réalité: nationaliser les services d’accès à Internet? Subventionner les entreprises de télécommunication pour le faire? Pourquoi?

Si l’exercice vous plaît, je vous invite à m’aider à préciser les questions en formulant vos propositions dans les commentaires ci-dessous ou en contribuant directement à ce document Google.

Mario Asselin, Michelle Blanc, Dominique Anglade (et un.e éventuel.le porte-parole numérique de QS) pourront évidemment suivre l’élaboration des questions — voire y participer. Ben oui, pourquoi pas… si ça permet de rehausser le débat?

Je lève d’ailleurs mon chapeau à Mario Asselin, qui a posé un geste dans cet esprit-là aujourd’hui en partageant sur son blogue ses notes préparatoires en prévision d’un débat qui aura lieu demain sur l’éducation. Je trouve que c’est une initiative qu’on gagnerait tous à voir se reproduire plus souvent.

Ça va tout à fait dans le sens du type de leadership que je décrivais avant-hier en réponse à une question de Anne-Marie Dussault.

Casse-tête (et société)

Nous avons passé hier un extraordinaire après-midi au MNBAQ. Nous avons commencé par un survol des oeuvres de Riopelle, Leduc, Pellan et Lemieux avant de plonger dans l’exposition Fait main (absolument fantastique!), pour finir avec l’exposition qui est consacrée à l’œuvre de Berthe Morisot (fascinant!).

Il y aurait mille choses à dire. Des dizaines d’œuvres au sujet desquelles partager mon émerveillement, mais une seule pour aujourd’hui: Enfantillages, de Jean-Marc Mathieu-Lajoie (la photo ci-dessus en est un fragment).

Extraits de la description de l’œuvre:

En collectionnant et en observant méticuleusement les casse-tête, Mathieu-Lajoie a fini par en exploiter les matrices récurrentes. Il élabore une démarche à la fois rigoureuse et ludique en explorant d’infinies variantes permises par l’interchangeabilité des morceaux. (…) Ici, l’artiste a assemblé à plusieurs reprises six casse-tête pour enfants en mélangeant entre elles les pièces pour atteindre parfois des degrés étonnants d’abstraction.

Ainsi, en partant de multiples copies de six casse-tête différents, dont les pièces avaient des formes identiques, malgré des images différentes, l’artiste a pu composer une mosaïque de 45 cadres, contenant chacun un casse-tête inédit, qui semble chaque fois raconter une histoire différente — parfois soulignée par quelques ajouts de couleurs.

Le résultat est impressionnant, mais j’ai été encore plus émerveillé par l’étonnant détournement d’un objet qui nous invite autrement à recomposer sagement, un geste à la fois, une image imposée.

J’ai souri en lisant ce matin, dans une entrevue de 2011, qu’une des lignes directrices de Jean-Marc Mathieu-Lajoie était: déjouer des systèmes. C’est tout à fait ça.

Cette autre entrevue, vidéo cette fois, est aussi intéressante.

***

Et je ne peux pas m’empêcher de voir dans cette oeuvre une invitation à réfléchir la société québécoise de la même façon.

En 1960 les pièces étaient réparties sur la table, en désordre. On a mis quarante ans à les assembler. J’ai l’impression qu’on s’est arrêté ensuite pour admirer le résultat avec une fierté bien méritée.

Mais d’autres pièces sont venues s’ajouter sur la table sans trop qu’on sache quoi en faire. Étaient-ce les pièces d’un autre casse-tête? Des pièces de remplacement? Pourtant, non…

Et voilà qu’on découvre que ce sont des pièces interchangeables avec certaines de celles qui composent le casse-tête que nous avions cru complété.

L’exercice exigera évidemment d’accepter de passer par une phase plus abstraite d’où émergera progressivement une autre image — parmi plusieurs possibles (six kits de départ, 45 images).

Ce qui est bien, c’est qu’on ne part pas de rien: le tour du casse-tête est déjà fait! Il s’agit seulement de trouver les pièces dont les formes sont interchangeables, et de s’engager dans la transformation avec confiance!

 

Infographies.Québec

Je m’intéresse depuis toujours aux représentations originales de différentes oeuvres, informations ou concepts.

J’ai par exemple dans mon salon une représentation d’Alice au pays des merveilles à travers sa ponctuation. Une mise en forme originale aussi du discours de John F. Kennedy qui annonce qu’un être humain posera son pied sur la lune avant la fin de la décennie (voir la photo: un cadeau de Marc, à mon retour de Paris). Et je suis très tenté par cette mise en forme du dialogue de Galilée repérée par Charlotte.

C’est avec le même intérêt que j’ai découvert le nouveau projet de Septentrion et de Gilles Laporte: infographies.quebec.

C’est un site qui regroupe des infographies historiques et sociales sur le Québec — une trentaine pour le moment, sur des sujets très variés. On peut les commander en version numérique et en version imprimée (elles seront alors imprimées à la demande et livrées en quelques jours, pour un prix plus que raisonnable).

Je trouve ça ben l’fun de voir enfin apparaître ici des services semblables. C’est simple, efficace et basé sur des moyens d’impression et de distribution modernes et économiques.

Je souhaite un grand succès à Septentrion avec cette expérience, qui devrait, il me semble, inspirer musées, ministères, entreprises…

Ça bouge dans le monde du livre

Le monde du livre peut être évidemment être analysé sous l’angle de la création, comme un enjeu culturel. Mais c’est aussi une industrie très importante.

Peu de gens en sont conscients, mais la vente de livres est le principal secteur de consommation culturelle au Québec, bien devant le cinéma, la musique, les arts de la scène, etc.

Je trouve que c’est une industrie absolument fascinante et pourtant les médias parlent assez peu de la dimension économique du monde du livre — probablement parce que c’est une industrie plutôt stable.

Cette stabilité rend toutefois encore plus intéressants, voire intrigants, les moments où les choses bougent rapidement, comme cette semaine… alors que Hachette Canada, Interforum Canada, Socadis et ADP sont au cœur d’annonces importantes — probablement les plus déterminantes pour le secteur du livre au Québec depuis une vingtaine d’années.

Communiqué de ADP concernant Hachette

Article de Actualitté concernant Interforum et Socadis (je n’ai pas trouvé de référence plus officielle).

Ça prendra du temps de bien comprendre tout ce que ces changements peuvent impliquer, mais pour essayer de donner un peu de perspective à l’analyse, j’ai pris le temps de plonger dans quelques livres ce matin (photo).

De mes lectures, les pages 195 à 207 de La pieuvre verte, de Frédéric Brisson, m’ont semblé particulièrement éclairantes.

Elles expliquent la création d’Hachette Canada au début des années 2000 et l’influence que cette décision a pu avoir sur l’organisation de tout le secteur du livre.

On comprend aisément en lisant ce court récit que c’est une page importante de l’histoire du livre au Québec qui est en train de tourner… et un tout nouveau chapitre qui est vraisemblablement sur le point de commencer.

Les Ateliers éducatifs Angus

Qu’est-ce qui fait le caractère public d’une école?

C’est une question manifestement plus complexe qu’elle en a l’air.

C’est en tout cas ce que je me dis depuis le début de la semaine en lisant les réactions au projet des Ateliers éducatifs Angus.

Je savais que le projet susciterait des réactions, puisque j’y ai modestement contribué au cours des derniers mois et qu’il est évident depuis le début que le projet allait sortir des sentiers battus.

Pour moi, ce projet est exemplaire notamment parce qu’il assume pleinement la nécessité d’inscrire concrètement les activités éducatives dans un milieu de vie précis — en tenant compte de toutes ses particularités. C’est un projet qui aspire à faire cela tout en tenant compte de l’ensemble des exigences de la Loi sur l’instruction publique, ainsi que du programme de l’école québécoise. Le projet ne cherche d’ailleurs pas à s’exclure de la Commission scolaire de Montréal — il s’en trouve plutôt exclu de facto.

Il s’agit d’un projet d’école de quartier gratuite, sans test d’admission, qui se soumet à toutes les exigences pédagogiques fixées par le gouvernement du Québec. Rien à voir avec les écoles à charte qui servent d’épouvantails à certains opposants depuis le début de la semaine.

C’est un projet profondément ancré dans les exigences de solidarité éducative et sociale. Bien plus que la plupart des écoles à vocations particulières ou des programmes d’éducation internationale qui se sont taillés une place dans les commissions scolaires dans les vingt-cinq dernières années (qui bénéficient régulièrement d’exceptions pour imposer des tarifs, dans l’application des conventions collectives, etc.) — et dont on ne questionne pourtant pas (ou très peu) le caractère public.

«…l’école est pensée comme un lieu d’enseignement et de socialisation pour tous les publics qui la fréquentent : enfants, parents, enseignants, communauté locale. Ainsi, l’école sera ouverte le jour, le soir, les fins de semaine et l’été, afin d’accueillir des activités associées à la réalisation de la mission de l’école, mais aussi au développement de la communauté.»

Je pense que ce qui dérange le plus dans ce projet, c’est la priorité qu’il accorde à la cohérence du milieu d’apprentissage par rapport aux exigences et contraintes administratives.

Est-ce qu’une école est publique parce qu’elle s’engage à respecter tous les objectifs et les exigences fixées par le ministère de l’Éducation (accueil de tous les enfants, mixité, neutralité religieuse, programmes, etc.)?

ou

parce qu’elle s’intègre à un système administratif unique — les commissions scolaires — avec des horaires contraignants, des conventions collectives, etc.?

Est-ce qu’une école qui désirerait, par exemple, organiser ses activités en fonction d’un horaire sur cinq jours (au lieu de neuf), pour faciliter les interactions avec le milieu de vie, garderait son caractère public?… même si cela aurait pour effet de compliquer l’application des conventions collectives des enseignants?

Rien n’empêcherait les Ateliers éducatifs Angus d’être être rattachés à la Commission scolaire de Montréal si celle-ci était en mesure de faire preuve de la souplesse administrative nécessaire.

Gabriel Nadeau-Dubois a dit cette semaine que cette école ne devait pas rompre avec le principe d’un réseau public et universel. Je suis évidemment d’accord… si on n’entend pas par là «un réseau unique et uniforme».

Le projet des Ateliers éducatifs Angus explore de nouvelles façons d’organiser des services éducatifs publics et universellement accessibles. C’est un projet qui reste en évolution — à l’écoute du milieu.

Et comme c’est une proposition qui soulève des enjeux fondamentaux pour l’évolution du réseaux scolaire québécois, il est normal qu’il suscite de vigoureux débats.

Je me réjouirais d’ailleurs que l’éducation occupe une place centrale dans la prochaine campagne électorale.

Quelques textes sur le sujet:

Photo: Extrait de Hommage à Marcel Duchamp, une oeuvre de Jirí Kolár, vue au Centre Pompidou, à l’été 2017.

Éducation: objectif lune

Ça me semble de plus en plus évident: l’éducation doit redevenir LA priorité au Québec.

Dans sa chronique d’hier dans La Presse+, Alain Dubuc évoquait deux conditions nécessaires pour que cela soit possible:

«La première, c’est que l’on comprenne bien, collectivement, pourquoi l’éducation est si importante.

La seconde, c’est qu’on change radicalement notre façon d’aborder cet enjeu (…)

Nous avons souvent tendance, au Québec, à avoir une vision institutionnelle des choses, dans ce cas-ci, à ramener l’éducation au ministère éponyme, à son ministre, à ses établissements (…)

On n’ira pas très loin si on ne sort pas de cette logique en silos pour reconnaître que l’éducation, ce ne sont pas seulement des programmes et des diplômes, mais un état d’esprit, une conception de la société (…)»

Je suis tout à fait d’accord avec Alain Dubuc quant à la nécessité de sortir de cette conception essentiellement scolaire de l’éducation. C’est d’ailleurs ce qui a motivé mon intérêt pour le concept de cité éducative depuis quinze ans (ex.: 2003, 2004, 2008, etc.).

C’est un défi politique qu’il est indispensable de relever rapidement (et qui m’apparaît préalable à tout nouveau débat sur l’indépendance du Québec).

Un défi qui va exiger du leadership et des engagements politiques ambitieux et concrets des partis politiques.

Des engagements aussi concrets et ambitieux, à notre échelle, que ceux que John F. Kennedy a formulés devant le congrès des États-Unis en mai 1961:

«This nation should commit itself to achieving the goal, before this decade is out, of landing a man on the moon and returning him safely to the earth.»

Voir: https://youtu.be/GmN1wO_24Ao

On a déjà été capable de ce type de discours au Québec aussi.

Celui dans lequel Jean Lesage sollicitait l’appui de la population pour compléter la nationalisation de l’électricité, 1962, en est un exemple. J’y faisais référence en 2012.

C’est ce discours qui allait en quelque sorte initier la Révolution tranquille.

Me semble qu’on serait dû pour quelque chose du même genre.

Vous ne trouvez pas?

Photo: Au clair de la lune. Oeuvre de Geneviève De Celles.

Le bon vieux papier

La chronique de Christian Rioux dans Le Devoir de ce matin m’a spontanément fait réagir sur Facebook un peu plus tôt:

«Ça n’aura pris que cinq jours en 2018 pour lire dans les médias québécois une chronique qui fait l’éloge du bon vieux livre papier qui résiste contre vents et marées au numérique. *soupir*»

À mon grand étonnement, ça a provoqué un déluge de commentaires, allant dans toutes les directions. Et comme il n’est pas facile de compléter sa pensée dans un tel contexte. Je le fais donc plutôt ici.

***

Je trouve cette chronique désolante parce qu’elle oppose le livre imprimé, qui est présenté comme un objet de culture, qui résiste au livre numérique, qui est présenté comme une simple mode.

Je déplore que le chroniqueur passe à côté d’enjeux importants auxquels est confronté aujourd’hui le monde du livre, notamment le développement de la pratique de la lecture, la diffusion des oeuvres et des idées, et l’accès aux livres étrangers. Or, dans les trois cas, le livre numérique apparaît comme un indispensable allié.

Quand on sait que des centaines de milliers de livres sont achetés, au Québec, chaque année, en version numériques;

Quand on sait que plus d’un million d’emprunts de livres numériques se font chaque année dans les bibliothèques québécoises;

Quand on sait que des livres québécois sont achetés en version numérique à l’étranger parce qu’ils n’étaient pas facilement accessibles autrement;

Quand on sait que des personnes qui n’étaient pas/plus en mesure de lire (taille des caractères, autres handicaps visuels, dyslexie, etc.) peuvent recommencer à le faire grâce à des versions numériques;

Quand on sait que de plus en plus de Québécois lisent dorénavant en anglais des livres dont ils auraient autrefois attendus les versions imprimées en français — avec tous les enjeux culturels et économique que cela soulève;

Quand on omet de dire que le livre numérique ne se développe pas dans le but de remplacer le livre imprimé, mais plutôt pour répondre à des besoins auxquels le livre imprimé ne répond pas adéquatement

Quand on sait que la diffusion des livres imprimés repose de plus en plus sur des processus de diffusion et des circuits commerciaux profondément conditionnés par la culture numérique et ses algorithmes plus ou moins transparents, qui ont de plus en plus souvent besoin d’avoir accès à une version numérique du texte;

Quand on sait tout ça, produire une chronique qui se contente de faire un pied-de-nez aux quelques rares personnes qui auraient prédit de façon tout à fait anecdotique la mort du livre papier il y a dix ans, c’est franchement succomber à la facilité et aux clichés. Et ça me fâche.

Et si Christian Rioux ne savait rien de tout ça — ben je me demande pourquoi il a choisi de faire porter sa chronique sur ce sujet.

***

Ça a pris beaucoup trop de temps pour que les pouvoirs publics et les industries culturelles québécoises comprennent toute l’importance des enjeux qui sont soulevés par l’avènement des technologies numériques.

C’est d’autant plus dommage de lire ce genre de chronique maintenant qu’on y est enfin (presque) arrivé.

P.S. on me signale que Mathieu Bock-Côté a battu de deux jours Christian Rioux pour la publication d’une chronique faisant l’éloge du papier contre le numérique… allant jusqu’à conclure que la lecture sur écran est une menace pour la démocratie. Rien de moins.

Pour compléter mon passage à La Sphère

J’ai eu le plaisir de participer à l’enregistrement de l’émission de fin d’année de La Sphère, qui est diffusée aujourd’hui.

Le lien vers l’entrevue est ici.

Je reprends ci-dessous les notes que je m’étais préparées pour l’occasion, ainsi que les liens vers les photos auxquelles j’ai fait référence.

***

La dernière fois qu’on s’est parlé c’était l’été dernier pour parler des trolls et d’à quel point ils peuvent être nuisibles au débat public.

Mais il y a quelques trolls qui sont d’un autre calibre, des trolls tout simplement adorables… des trolls de génie.

Et je pense que ça mérite qu’on leur rende hommage au moins une fois par année!

Pete Souza est assurément un de ces trolls de génie…

Pete Souza a été le photographe officiel de la Maison Blanche pendant les années où Barack Obama était président (il l’était pour Ronald Reagan aussi).

Il l’a suivi partout, tous les jours, dans toutes ses activités. Pendant ces huit années, il a pris deux millions de photos d’Obama et de son entourage, dans toutes les circonstances.

Mais c’est avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche que son talent de troll s’est révélé. C’est aussi ce qui fait que c’est très 2017!

Pete Souza s’est ouvert un compte Instagram (qui est maintenant suivi par 1,7 millions de personnes!) et il a entrepris de publier régulièrement des photos qui font écho à l’actualité… mais choisies dans le but de faire mal paraître Donald Trump!

Sur son compte (où il se présente comme COTUS — Citizen of the United States), il publie les photos généralement accompagnées d’une simple description… mais leur dimension éditoriale parle généralement d’elle-même. The Gardian y a d’ailleurs fait référence il y a quelques mois.

Quand Trump revient d’une visite officielle contestée en France, Souza publie un bain de foule triomphal d’Obama à sa première visite à Paris.

https://www.instagram.com/p/BWe84JHl2e4/?taken-by=petesouza

Le jour de la première visite de Justin Trudeau à Washington, Souza publie une photo de Justin Trudeau et de Barack Obama, tout sourires, avec pour seules légendes le mot Alliés.

https://www.instagram.com/p/BQdz-OiheDa/?taken-by=petesouza

La veille d’une visite de Trump au Vatican, Souza publie une magnifique photo du Pape dans le bureau Oval avec pour seul commentaire «Mutual admiration 2016»

https://www.instagram.com/p/BUej87alHzZ/?taken-by=petesouza

https://www.thedailybeast.com/obama-photographer-pete-souzas-art-of-the-trump-shade-3

Et les photos d’un meilleur temps avec Vladimir Poutine ne manquent pas non plus:

https://www.instagram.com/p/BWNeEADl909/?taken-by=petesouza

Un jour de fuite d’information dans l’entourage de Trump, Pete Souza publie une photo du dossier de briefing présidentiel avec le mot Classified bien en évidence.

https://www.instagram.com/p/BUHwJoRlVZ3/?taken-by=petesouza

Et quand Trump se fait reprocher par les médias qu’il y a trop peu de femmes dans son entourage, Souza publie une photo des chaussures d’Obama appuyé sur le bureau présidentiel, entourés de souliers à talons hauts.

C’est d’ailleurs une de mes photos préférées:

https://www.instagram.com/p/BQLbcLmBitE/

Autre photo spectaculaire, Obama avec une foule de militaires, et pour légende: «Connecting with our troops in person, not via Twitter.»

https://www.instagram.com/p/BXBWxBeld6e/?taken-by=petesouza

En cette fin d’année, je voulais saluer le travail de Souza parce qu’au delà de son grand talent comme troll, il nous fait réaliser à quel point la photographie est devenue importante dans notre compréhension du monde et dans l’image qu’on se fait des puissants.

Il nous fait aussi réaliser à quel point le regard d’un bon photographe peut faire la différence. Même à une époque où tout le monde a un appareil photo à la main, ou dans sa poche, en permanence. Coup de chapeau à Jacques Nadeau aussi ici, notre très grand photographe de presse.

Pete Souza vient de publier un livre intitulé «Obama, an Intimate Portrait», chez Little Brown and Compagny. Le livre est dans le top 5 de la liste du New York Time depuis son lancement.

–/ on a pas eu le temps d’aller plus loin que ça lors de l’enregistrement, mais je vous partage la suite quand même! /–

Un dernier clin d’œil en terminant… je trouve que les photos de Pete Souza sont particulièrement amusantes quand elles nous permettent de réaliser que dans le monde du président des États-Unis aussi des enfants font parfois irruption de façon imprévue.

À une fenêtre…

https://www.instagram.com/p/BXtstU_FQEW/?taken-by=petesouza

…ou quand il croise un mini Spider Man dans le cadre de porte d’un bureau de la Maison Blanche:

https://www.instagram.com/p/BT6XXFylT8X/?taken-by=petesouza

Ce sont des photos qui m’ont fait penser à ce qui est sans aucun doute la vidéo de l’année. Ce n’est pas une vidéo de Pete Souza…

Je pense évidemment à ce journaliste de la BBC qui fait un duplex en direct à partir de sa maison et dont la petite fille fait irruption derrière lui , suivi de son petit frère… et de la mère, qui essaie, tant bien que mal, de corriger la situation!

http://www.lepoint.fr/video/un-journaliste-interrompu-par-ses-enfants-en-direct-sur-la-bbc-10-03-2017-2110892_738.php

Je ris encore autant chaque fois que revois la démarche énergique de cette petite fille au gilet jaune.

Pour moi, cette petite fille a été sans aucun doute la vedette des réseaux sociaux cette année.

J’espère que le Père Noël aura été généreux avec elle.

Elle le mérite amplement parce qu’en plus de nous avoir bien fait rire — elle nous a rappelé qu’il ne faut jamais se prendre trop au sérieux, même à la télévision… ou à la radio!

Et en complément:

Dans la version de l’émission qui est/sera disponible en baladodiffusion, j’évoque aussi mon enthousiasme pour l’application DayOne, sur iPhone, que j’utilise presque quotidiennement depuis cinq ans.

La globalisation, oui mais…

Dans un texte intitulé L’avenir de la culture, Simon-Pierre Savard-Tremblay exprimait hier son inquiétude au sujet de l’avenir des expressions culturelles devant le rouleau-compresseur de l’American Way of Life.

«…l’empire américain a envahi les ondes et les écrans et règne sans partage. Il arrive cependant que des industries culturelles d’autres pays parviennent à exporter leurs produits culturels à condition qu’ils soient pensés et mis en marché à travers le prisme de la standardisation américaine.»

SPST reconnaît néanmoins que certaines industries culturelles réussissent pourtant à s’exporter efficacement:

«Il arrive cependant que des industries culturelles d’autres pays parviennent à exporter leurs produits culturels à condition qu’ils soient pensés et mis en marché à travers le prisme de la standardisation américaine.»

Ainsi, pour lui, c’est le mimétisme qui serait dorénavant le secret du succès (commercial?) des productions culturelles.

Je ne nie pas que ça puisse être un élément du succès, mais je pense que c’est une explication nettement insuffisante. Une explication qui, surtout, passe à côté de l’essentiel: la transformation des mécanismes de diffusion de la culture.

Les circuits traditionnels de diffusion de la culture sont en train de se transformer en profondeur. La télé n’est plus ce qu’elle était, la radio non plus. Le Web bouffe les intermédiaires. Les acteurs ont changé.

Dans ce nouvel espace, les états-uniens ne gagnent pas seulement parce que leurs productions culturelles sont attrayantes. Ils gagnent aussi parce qu’ils ont inventé les règles du jeu et qu’ils ont (donc) été les premiers à les maîtriser.

Au coeur des nouveaux circuits de diffusion, il y a les métadonnées qui accompagnent les productions culturelles, c’est à dire les informations qui permettent aux ordinateurs de bien connaître les fichiers qui circulent. Il s’agit d’informations précises, destinées à être comprises par des ordinateurs, dans le but de leur permettre de les organiser adéquatement, de les décrire et les recommander aux personnes intéressées et aux consommateurs.

Si on ne fournit pas ces informations aux ordinateurs, avec le bon vocabulaire et dans la bonne forme, il ne faut pas s’étonner que nos productions restent inconnues. Normal: les ordinateurs par lesquels elles transitent ne pourront pas les mettre en valeur parce qu’ils ne les connaîtront pas suffisamment. Résultat… ces oeuvres mal décrites (ou pas du tout) vont naturellement sédimenter, oubliées par tous les algorithmes qui structurent désormais le Web. Pas de fatalité globalisante là-dedans, juste une mauvaise compréhension des mécanismes techniques qui président aujourd’hui à la diffusion de la création.

S’inquiéter de l’impact de la globalisation et de l’omniprésence des productions culturelles américaines c’est bien. Et c’est sans doute nécessaire. Mais c’est aussi nettement insuffisant.

Par-delà les dénonciations, il va aussi (surtout!) falloir être pragmatique et réclamer haut et fort des investissements publics et privés pour décrire adéquatement le travail de nos créateurs — parce que c’est devenu une condition sine qua non à leur rayonnement.

Il y a dix ans…


Je m’étais pris une note il y a quelques semaines pour me rappeler que ce serait intéressant de prendre du temps cet été pour explorer les archives de mon blogue (plus de 2000 textes, sur une quinzaine d’années).

Alors voilà… 

1er juillet, fin d’après-midi: je décide de plonger pour aller voir ce que j’avais bien pu publier en juillet 2007. 

Et là, bam! Ça me frappe en plein visage! Les thèmes… si semblables!

Et pourtant, le contexte était terriblement différent: j’habitais en France, avec la famille. Facebook n’était ouvert à tous que depuis quelques mois. Le iPhone n’existait que depuis trois jours — on était encore très loin du iPad! 

J’ai publié quatre textes en juillet 2007:

Le premier pour évoquer les enjeux que les réseaux sociaux allaient représenter, en particulier dans un contexte éducatif.

Le deuxième pour présenter une courte vidéo destinée à projeter les éditeurs dans le futur et stimuler l’innovation. On y voit quelque chose comme un iPad.

Le troisième pour m’inquiéter de certains mécanismes à l’œuvre derrière Facebook (fascinant de relire avec le recul: je pense que c’était à la fois juste et candide). Et les commentaires qui suivent sont aussi intéressantes que le texte.

Le dernier texte pour me réjouir d’être bientôt en vacances et de pouvoir prendre un peu de temps pour lire et réfléchir sur l’éducation.

    Dix ans.

    C’était une autre époque.

    C’était il y a très longtemps. 

    Ou si peu. 

    Je ne le sais plus très bien…

    L’appel du changement


    Hier, Gabriel Nadeau-Dubois a dit, parlant de Québec Solidaire: «nous sommes prêts à former un gouvernement». 

    Une amie a rapidement réagi: «Hey boy. Les deux pieds sur terre, toi.»

    Une autre a nuancé: «Au moins ils savent rêver. (…) C’est pas mal plus que les autres partis font». 

    Je trouve que c’est une belle occasion de suggérer une distinction entre «savoir rêver» et «être inspirant».

    De mon point de vue, ce n’est pas tant de rêves qu’il manque dans la politique québécoise, mais bien de projets inspirants. 

    Des projets qui font rêver c’est bien, certes, mais des projets qu’on peut croire possibles, réellement, à plus ou moins court terme, c’est encore mieux. Et c’est ce qu’une majorité de gens souhaitent, et attendent, de plus en plus impatiemment.

    Ce qu’il nous manque, ce sont des projets concrets, pour lesquels ont peut avoir le goût de se retrousser les manches. Des projets  qu’on peut croire possibles de se réaliser au lendemain d’une élection.

    Des projets qui valent qu’on se mobilise pour leur réalisation. Des projets assez stimulants pour qu’on soit motivé à aller voter, et pour qu’on ait envie d’inciter nos parents, nos amis, nos collègues à faire de même. 

    Des projets qui pourraient véritablement changer quelque chose.

    ***

    Un peu partout en occident, un nombre croissant de personnes jugent que la dynamique politique actuelle est une impasse. Le Québec ne fait pas exception.

    Dans ce contexte, ce n’est pas celui qui propose l’idéal le plus noble qui est le plus susceptible de gagner les élections, c’est plutôt celui qui propose le changement le plus plausible.

    On l’a vu avec les partisans du Brexit, avec Trump, avec Macron, et même Trudeau, d’une certaine façon. Ils ont tous bâti leur succès sur ce genre de dynamique.

    Le changement proposé doit être important, concret et plausible toutefois… pas seulement une série d’ajustements aux politiques en vigueur. Autrement, les électeurs préfèrent généralement le statu quo.

    Pour le moment, je ne vois aucun des partis présents à l’Assemblée nationale s’inscrire dans ce genre de dynamique en prévision de l’élection de 2018. Et de mon point de vue, c’est à ça que le Parti Québécois doit travailler, seulement à ça.

    Autrement, ça aura pour effet de laisser la voie libre au Libéraux… ou à quelqu’un qui sortira éventuellement de nulle part pour saisir l’opportunité et venir bouleverser l’échiquier politique de fond en comble.

    Deux poids deux mesures

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    Photo: site de Radio-Canada

    Dans une autre vie j’ai eu à composer avec les conditions d’un prêt accordé à une PME… et je peux vous assurer que parmi ces conditions il y avait, bien sûr, un droit de veto du prêteur sur les hausses de salaires des principaux dirigeants de l’entreprise. Et il est inutile de dire que ce n’était pas pour un prêt de 1,3 milliard de dollars!

    Si on avait augmenté nos salaires de 50%, le prêteur ne se serait pas contenté de nous demander poliment de revoir notre politique de rémunération. Il aurait rappelé son prêt. Carlos Leitão, le banquier, le sait très bien.

    On trouvait ça ben plate comme condition, mais on trouvait ça normal. Et curieusement l’argument selon lequel c’est le «libre marché» qui fixe les salaires ne tenait pas dans notre cas.

    Si le gouvernement n’exerce pas ce genre de clause aujourd’hui avec Bombardier, c’est vraisemblablement parce que ça n’a pas été prévu dans leur contrat. Comme entrepreneur, je trouve ça très insultant.

    C’est deux poids deux mesures.

    Je pense qu’il va falloir rappeler au gouvernement que l’économie québécoise fonctionne d’abord et avant tout grâce aux PME et que ce sont elles qui devraient bénéficier de conditions avantageuses… pas des mastodontes à la gouvernance archaïque comme Bombardier.

    Un sandwich… à Bruxelles!

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    Je suis à Bruxelles aujourd’hui pour le EPUB Summit. C’est un très grand plaisir de retrouver plusieurs personnes avec qui j’ai collaboré au cours des dernières années et que je n’avais pas vu depuis trop longtemps!

    Je ne serai donc pas présent, physiquement, pour le rendez-vous sandwich du vendredi — mais je participerai virtuellement, comme il se doit, en publiant une photo de sandwich autour de 12h. Merci à ceux et celles qui seront au rendez-vous!

    Je prends tout de même quelques minutes pour transcrire quelques notes au sujet du rendez-vous de la semaine dernière (je n’avais pas eu le temps de le faire avant, bousculé par les préparatifs de mon départ).

    • Nous avons continué à discuter de l’actualité de la semaine, et de comment le traitement médiatique contribue au cynisme.
    • Nous avons réitéré l’intérêt que chacun partage (sur Facebook ou autrement) les gestes que nous posons pour agir sur le contexte (on a pas encore trouvé la façon adéquate pour le faire, on continue à réfléchir).
    • Le rendez-vous hebdomadaire de Bill Maher sur HBO (et YouTube) a été cité en exemple et on s’est dit que ce genre d’émission aurait sa place au Québec.
    • Nous sommes toujours à la recherche de façons pour rendre plus concrètes les actions qui découlent des rendez-vous du vendredi — mais on a confiance que ça viendra, et qu’entre temps, il faut persévérer et maintenir la continuité des rencontres.

    Si j’oublie quelque chose d’important, j’espère que les autres participants l’ajouteront dans la section commentaire sous ce texte.

    ***

    Je ne peux pas terminer sans dire que je constate que mes amis français sont nombreux à partager le même désarroi qui nous a amené à initier ce rendez-vous hebdomadaire. Un désarroi auquel s’ajoute une grande inquiétude à l’approche de l’élection présidentielle de mai prochain.

    Ce serait bien qu’on n’en vienne pas à ce stade…

    …et, pour ça, qu’on trouve des façons pour aborder de façon plus ingénieuse campagne électorale qui nous mènera au 1er octobre 2018.