Turing par l’absurde

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L’initiative de Radio-Canada a évidemment piqué ma curiosité: on a cloné les chefs.

L’idée est simple: utiliser un algorithme pour simuler les réponses des chefs à nos questions — à défaut de pouvoir le faire pour vrai.

Il faut l’essayer.

Première déception: on ne peut pas poser nos propres questions. Il faut choisir parmi une cinquantaine de questions préétablies. 

Malgré ça, je trouve que ça reste amusant, en particulier quand on nous propose de faire répondre les autres chefs à la même question — dans une forme de débat.

Sauf que je trouve qu’un malaise s’installe après quelques instants. 

On constate en effet rapidement que les réponses préparées à l’avance pour l’algorithme (des réponses en canne, quoi) ne sont pas vraiment différentes de celles qu’on peut entendre directement de la bouche des chefs à la radio et à la télévision dans les bilans de fin de journée. Hum…

En 1950, Alan Turing a conceptualisé un test qui permet de juger de l’efficacité d’un ordinateur à se faire passer pour un humain dans une conversation.

En 2018, on serait probablement dû pour conceptualiser un test qui permettrait d’évaluer la capacité d’un chef de parti à se distinguer d’un robot dans une conversation.

Je dis ça avec un grand clin d’oeil… et une pointe de sérieux!

Crottes de chien

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Y’a des journées comme ça où le thème du jour s’impose à nous, malgré nous même! Aujourd’hui ce sont les crottes de chien.

Trois occurrences étonnantes dans mes pensées matinales:

Première: mes notes quotidiennes personnelles me rappellent que ce jour, l’an dernier, j’avais parlé de crotte de chien dans une entrevue à la radio de Radio-Canada — au sujet des trolls qui pourrissent les médias sociaux: pas chic, mais efficace.

Deuxième: les notes que j’ai prises en lisant hier le Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion. On peut y lire à la page 119 le rôle des crottes de chien dans le parcours politique de Harvey Milk:

«Sa première candidature [à la mairie de San Francisco] fut un échec cuisant. La seconde en 1975, même si elle échoua, lui permit d’obtenir une certaine visibilité (…) Il se lança [plus tard] dans la course pour siéger à l’Assemblée de Californie. Malgré une campagne efficace, il perdit à nouveau (…) Après ces trois échecs, Harvey changea son fusil d’épaule et en 1977, opposée à une candidate républicaine très populaire, chercha à comprendre ce qui pourrait faire l’unanimité chez les administrés de sa ville. Il étudia les sondages pour dénicher LE sujet qui cristallisait le mécontentement de toutes les couches de la population. Et le dénominateur commun qu’il vit émerger fut… les crottes de chien. (…) Il fallait organiser un système qui débarrasserait la ville de ce fléau. C’est donc derrière cet objectif, non clivant, pragmatique, facile à atteindre (démagogique, diraient certains) que Harvey les unit. (…) il remporta l’élection, devenant ainsi le premier conseiller municipal ouvertement gay du pays [et pu ensuite faire] voter une loi interdisant toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle.» 

Une belle leçon de politique.

Troisième: je planifie un souper d’échanges politiques avec des amis demain soir et je prévois pour l’entrée une légendaire (j’exagère à peine) recette de kefta d’agneau… qu’un autre ami surnomme affectueusement les crottes de chiens.

Avec une petite sauce au yogourt, lime et herbes fraîches… j’espère que ça nous aidera à réinventer le monde… un peu plus concrètement!