Retour sur 2007

La fin d’année est souvent l’occasion de faire des bilans. Mais pourquoi se contenter d’un bilan de l’année qui vient de se terminer?

C’est ainsi que je me suis retrouvé ce matin à prendre le temps de relire les archives de mon blogue en 2007. Quatre-vingt-deux textes qui me font dire: ouf quelle année ça été!

Clairement, à cette époque je croyais (on croyait?) que le numérique allait rapidement et profondément transformer la société québécoise — et notamment la façon de faire de la politique. Tout semblait possible… on sentait qu’on arrivait à un point de bascule. Ce que Thomas L. Friedman décrit d’ailleurs très bien dans Thank You for Being Late — un des livres qui m’a beaucoup marqué au cours des derniers mois:

«The year 2007 was the major inflection point: the release of the iPhone, together with advances in silicon chips, software, storage, sensors, and networking, created a new technology platform that is reshaping everything from how we hail a taxi to the fate of nations to our most intimate relationships. It is providing vast new opportunities for individuals and small groups to save the world—or to destroy it.»

C’était les débuts de Facebook, la période où on ne parlait que du Web 2.0. En décembre 2006, le Time Magazine avait choisi You, comme personnalité de l’année.

«You — Yes, You — Are TIME’s Person of the Year» (Time Magazine)

« You » was chosen in 2006 as Time magazine’s Person of the Year. The magazine set out to recognize the millions of people who anonymously contribute user-generated content to wikis such as Wikipedia, YouTube, MySpace, Facebook, and the multitudes of other websites featuring user contribution. (Wikipedia)

Pourtant, dix ans plus tard, j’ai comme l’impression qu’on a fait pas mal de surplace.

J’ai l’impression que malgré l’avènement de technologies profondément subversives, la société québécoise n’a pas tellement changé. Pas autant que je le croyais/souhaitais en tout cas.

J’ai l’impression que nous n’avons pas réussi à actualiser notre projet de société, le fonctionnement de notre démocratie — et l’exercice de la politique, en particulier.

J’ai même l’impression que les thèmes qui nous occupent sont restés pas mal les mêmes… sans que la réflexion ait beaucoup avancée.

Peut-être que ce n’est-ce qu’une illusion?

Il y a dix ans…


Je m’étais pris une note il y a quelques semaines pour me rappeler que ce serait intéressant de prendre du temps cet été pour explorer les archives de mon blogue (plus de 2000 textes, sur une quinzaine d’années).

Alors voilà… 

1er juillet, fin d’après-midi: je décide de plonger pour aller voir ce que j’avais bien pu publier en juillet 2007. 

Et là, bam! Ça me frappe en plein visage! Les thèmes… si semblables!

Et pourtant, le contexte était terriblement différent: j’habitais en France, avec la famille. Facebook n’était ouvert à tous que depuis quelques mois. Le iPhone n’existait que depuis trois jours — on était encore très loin du iPad! 

J’ai publié quatre textes en juillet 2007:

Le premier pour évoquer les enjeux que les réseaux sociaux allaient représenter, en particulier dans un contexte éducatif.

Le deuxième pour présenter une courte vidéo destinée à projeter les éditeurs dans le futur et stimuler l’innovation. On y voit quelque chose comme un iPad.

Le troisième pour m’inquiéter de certains mécanismes à l’œuvre derrière Facebook (fascinant de relire avec le recul: je pense que c’était à la fois juste et candide). Et les commentaires qui suivent sont aussi intéressantes que le texte.

Le dernier texte pour me réjouir d’être bientôt en vacances et de pouvoir prendre un peu de temps pour lire et réfléchir sur l’éducation.

    Dix ans.

    C’était une autre époque.

    C’était il y a très longtemps. 

    Ou si peu. 

    Je ne le sais plus très bien…

    C’était en janvier 2007

    Dans la démarche que j’ai évoquée hier pour redonner de l’importance aux blogues dans mon univers intellectuel, j’ai décidé ce matin de revisiter les archives de mon propre blogue… il y a dix ans: janvier 2007.

    C’est une période où je vivais en France. J’avais l’impression de ne pas avoir écrit beaucoup à cette période et, pourtant, j’y ai trouvé sept textes.

    Après un premier survol, un constat s’impose: la très large majorité de liens vers les textes auxquels je faisais référence sont périmés… nième illustration des défis de la pérennité sur le Web. J’arrive à retrouver certains textes, mais pas tous.

    Cela dit, je retiens particulièrement:

    La définition du racisme de l’Abbé Pierre — et les commentaires au bas du texte, qui démontrent bien que le Québec patauge dans les questions identitaires depuis bien trop longtemps, faute de leadership (et très amusant de constater que l’auteur du premier commentaire vient justement souper à la maison ce soir!).

    Le récit émerveillé de ma première expérience comme formateur, à distance, sur une plateforme collaborative. J’avais complètement oublié ça et hop! je me suis revu, assis sur le lit d’un petit hôtel de Londres en conversation avec des gens de partout au Québec, réunis par l’APOP. Ça vaut la peine de le lire pour voir le chemin que nous avons parcouru depuis ce temps… (et SVI qui continue à développer sa plateforme: bravo!).

    Mon retour sur 2006 et prédictions 2007, écrit pour le Lien Multimédia. Ce n’était pas trop mal comme analyse, je trouve… même si dix ans plus tard, bien des choses restent encore à concrétiser, autour du concept de cité éducative, et de ça, par exemple:

    «J’aimerais beaucoup voir se développer au Québec un mouvement politique qui appuie son discours et ses méthodes sur la possibilité d’engager plus étroitement qu’auparavant les citoyens dans la vie politique et ce, non pas seulement au moment des élections, mais au quotidien. Et pas seulement pour consulter quand ça lui convient ou pour mobiliser après avoir pris une décision, mais dans un véritable processus démocratique.»

    Et je retiens surtout ce court billet intitulé Parole, blog, cité, légitimité…, qui redirige vers un texte de Bruno Devauchelle, dont j’ai (heureusement!) pu retrouver le lien. C’est un texte qui rejoint remarquablement mes préoccupations actuelles — et dont l’écho, dix ans plus tard, lui donne un effet encore plus saisissant.

    «Non ce n’est pas possible. Aurai-je déserté le web ? N’arriverai-je plus à trouver le chemin de l’écriture et du partage sur le web ? (…) il me faut revenir sur la tenue de ce blog et les questionnements qu’il soulève pour son auteur.»

    «Ainsi je me laisse à penser que les blogs sont avant tout de formidables miroirs à devenir pour leurs auteurs.

    «Non, décidément, écrire n’est pas un engagement sérieux. C’est un engagement intéressé (…) Si je prends droit à participer à la vie de la cité, c’est que j’y ai un intérêt qui vaut surement autant que celui des autres.»

    Le commentaire au bas du texte mérite aussi qu’on s’y attarde. Extrait:

    «Je ne sais où est la légitimité mais c’est une bonne réflexion car il est clair que le passage de l’autorité à la popularité et de la pertinence à l’influence s’établit au sein de la blogosphère.»

    Cette relecture de mes archives m’a fait réaliser que j’avais perdu de vue Bruno depuis longtemps. Pourquoi? Je ne sais pas trop, sans doute essentiellement les aléas de l’attention.

    Je retrouve son blogue  avec un immense plaisir. Ses textes sont toujours aussi riches (plus de 500 textes, depuis janvier 2005). Celui-ci, par exemple, sur l’importance croissante de l’image dans la culture, l’impact de cela sur notre rapport au temps — et ce que ça implique d’un point de vue éducatif.

    Et hop! — un blogueur retrouvé! Ça me confirme l’intérêt de poursuivre l’exploration de mes archives dans les prochaines semaines.

    AJOUT — Ça peut paraître incroyable… mais je réalise qu’en janvier 2007, le cousin CFD avait écrit 45 courts textes (!) sur son blogue. On y retrouve l’expression ce cher Clément, du vin gaspillé, la cible de prix pour les actions d’Apple était à 120$, Carl y allait de ses prédiction pour le MacWorld… et une fois le Keynote terminé se disait soufflé (c’était l’annonce du iPhone! — que Rogers annonçait pour bientôt). Il dénonçait aussi la censure des Têtes à claque dans certaines écoles — et on apprenait aussi cinq choses étonnante sur le CFD. On planifiait aussi une première rencontre des blogueurs de Québec. Bien d’autres choses aussi, que je vous laisse le soin de découvrir!