C’était en janvier 2007

Dans la démarche que j’ai évoquée hier pour redonner de l’importance aux blogues dans mon univers intellectuel, j’ai décidé ce matin de revisiter les archives de mon propre blogue… il y a dix ans: janvier 2007.

C’est une période où je vivais en France. J’avais l’impression de ne pas avoir écrit beaucoup à cette période et, pourtant, j’y ai trouvé sept textes.

Après un premier survol, un constat s’impose: la très large majorité de liens vers les textes auxquels je faisais référence sont périmés… nième illustration des défis de la pérennité sur le Web. J’arrive à retrouver certains textes, mais pas tous.

Cela dit, je retiens particulièrement:

La définition du racisme de l’Abbé Pierre — et les commentaires au bas du texte, qui démontrent bien que le Québec patauge dans les questions identitaires depuis bien trop longtemps, faute de leadership (et très amusant de constater que l’auteur du premier commentaire vient justement souper à la maison ce soir!).

Le récit émerveillé de ma première expérience comme formateur, à distance, sur une plateforme collaborative. J’avais complètement oublié ça et hop! je me suis revu, assis sur le lit d’un petit hôtel de Londres en conversation avec des gens de partout au Québec, réunis par l’APOP. Ça vaut la peine de le lire pour voir le chemin que nous avons parcouru depuis ce temps… (et SVI qui continue à développer sa plateforme: bravo!).

Mon retour sur 2006 et prédictions 2007, écrit pour le Lien Multimédia. Ce n’était pas trop mal comme analyse, je trouve… même si dix ans plus tard, bien des choses restent encore à concrétiser, autour du concept de cité éducative, et de ça, par exemple:

«J’aimerais beaucoup voir se développer au Québec un mouvement politique qui appuie son discours et ses méthodes sur la possibilité d’engager plus étroitement qu’auparavant les citoyens dans la vie politique et ce, non pas seulement au moment des élections, mais au quotidien. Et pas seulement pour consulter quand ça lui convient ou pour mobiliser après avoir pris une décision, mais dans un véritable processus démocratique.»

Et je retiens surtout ce court billet intitulé Parole, blog, cité, légitimité…, qui redirige vers un texte de Bruno Devauchelle, dont j’ai (heureusement!) pu retrouver le lien. C’est un texte qui rejoint remarquablement mes préoccupations actuelles — et dont l’écho, dix ans plus tard, lui donne un effet encore plus saisissant.

«Non ce n’est pas possible. Aurai-je déserté le web ? N’arriverai-je plus à trouver le chemin de l’écriture et du partage sur le web ? (…) il me faut revenir sur la tenue de ce blog et les questionnements qu’il soulève pour son auteur.»

«Ainsi je me laisse à penser que les blogs sont avant tout de formidables miroirs à devenir pour leurs auteurs.

«Non, décidément, écrire n’est pas un engagement sérieux. C’est un engagement intéressé (…) Si je prends droit à participer à la vie de la cité, c’est que j’y ai un intérêt qui vaut surement autant que celui des autres.»

Le commentaire au bas du texte mérite aussi qu’on s’y attarde. Extrait:

«Je ne sais où est la légitimité mais c’est une bonne réflexion car il est clair que le passage de l’autorité à la popularité et de la pertinence à l’influence s’établit au sein de la blogosphère.»

Cette relecture de mes archives m’a fait réaliser que j’avais perdu de vue Bruno depuis longtemps. Pourquoi? Je ne sais pas trop, sans doute essentiellement les aléas de l’attention.

Je retrouve son blogue  avec un immense plaisir. Ses textes sont toujours aussi riches (plus de 500 textes, depuis janvier 2005). Celui-ci, par exemple, sur l’importance croissante de l’image dans la culture, l’impact de cela sur notre rapport au temps — et ce que ça implique d’un point de vue éducatif.

Et hop! — un blogueur retrouvé! Ça me confirme l’intérêt de poursuivre l’exploration de mes archives dans les prochaines semaines.

AJOUT — Ça peut paraître incroyable… mais je réalise qu’en janvier 2007, le cousin CFD avait écrit 45 courts textes (!) sur son blogue. On y retrouve l’expression ce cher Clément, du vin gaspillé, la cible de prix pour les actions d’Apple était à 120$, Carl y allait de ses prédiction pour le MacWorld… et une fois le Keynote terminé se disait soufflé (c’était l’annonce du iPhone! — que Rogers annonçait pour bientôt). Il dénonçait aussi la censure des Têtes à claque dans certaines écoles — et on apprenait aussi cinq choses étonnante sur le CFD. On planifiait aussi une première rencontre des blogueurs de Québec. Bien d’autres choses aussi, que je vous laisse le soin de découvrir!

 

 

4 réflexions sur “C’était en janvier 2007

  1. T’es pas mauvais,Clément Laberge, quand tu t’inquiètes, dès 2007, de la diffusion incontrôlée des données personnelles sur le web ! Chapeau, pour cela et pour beaucoup d’autres choses, comme la continuité de ta passion pour la politique et pour le processus démocratique.

    Par curiosité, j’ai voulu aller voir ce que racontait mon propre blog, teXtes, en 2007, et en fait, il venait d’ouvrir (décembre 2006). Je délaisse si totalement ce blog-là, au profit du blog « en dehors », que je ne lui ai même pas fêté ses 10 ans. Le premier post de janvier http://www.archicampus.net/wordpress/?p=7 , parlait de « continuité lecture écriture », donnait la parole à l’initiateur de Sesamath, et rendait hommage à Mario Asselin et son usage des blogs dans les écoles…

  2. @Virginie: Merci pour les bons mots! On en a réfléchi des chose ensemble à cette période (et encore aujourd’hui, et j’espère encore plus dans l’année qui commence!). Tu me fais réaliser que ce serait intéressant d’inviter Mario à revisiter (de la manière qui lui conviendra) l’expérience des cybercarnets que tu citais dans ce billet. Je lui écris tout de suite pour l’inviter à se joindre à l’échange.

    Aussi, pour ceux que ça intéressent, le nouveau blogue de Virginie est ici: http://clayssen.paris

  3. @Virginie @Clément

    J’ai accepté avec plaisir l’invitation, d’autant que «je revisite l’expérience de cybercarnets» régulièrement. Si vous saviez le nombre de fois dans une semaine où on m’en reparle… Des anciens élèves, des parents d’anciens, des lecteurs / intervenants du temps, des gens qui en ont entendu parlé ou qui viennent de tomber sur une trace laissé sur les zinternet, bref, le défi difficile – voire impossible – ce pourrait être de ne pas «revisiter» ;-)

    Cela dit, j’ai revisité mes billets de blogue de janvier 2007 – ça je n’avais pas relu depuis longtemps.

    J’en suis encore secoué.

    Je n’avais pas réalisé l’importance de cette mission en France avec neuf gamins, d’autant que je reviens à peine d’un autre organisé par la FING, découvert justement en janvier 2007 à Autrans ;-)

    L’école du futur…

    Ça m’a porté à écrire un autre billet, mais bon… on ne parle pas de relance du blogue, je n’ai jamais cessé d’écrire depuis octobre 2002, moment où Clément est débarqué dans mon bureau sur René-Lévesque ;-)

    Merci à vous deux de m’avoir interpellé sur ce sujet, ça part bien une année que d’être ainsi placé en état d’inspiration par un peu de recul.

    J’ai quitté la direction d’écoles en 2005. J’y ai passé 22 ans et j’ai fait partie de trois équipes de direction. J’avais l’impression d’être allé au bout de certaines idées et il fallait que je quitte pour mieux les propager. J’ai vite senti que c’était la meilleure chose à faire : dehors l’autorité du patron, bienvenue à celle du consultant.

    Pour moi, il devenait urgent de former le plus rapidement possible, davantage d’élèves curieux, créatifs et emphatiques. Urgent que je vous dis. On formait surtout des élèves dociles, conformistes et régurgiteurs de contenu.

    Former ainsi pour mieux se préparer, pour anticiper les transformations qui s’en viennent dans la société.

    Pas seulement pour une question de s’adapter au phénomène des emplois qui disparaissent et qui naissent, mais beaucoup parce que l’école qui moule, je m’en étais toujours méfiée!

    Depuis 2005, je travaille en réseaux à réaliser cet objectif. De mon mieux, rien n’est parfait.

    Je sens tout de même qu’il y aura une accélération en 2017.

    Je le souhaite de tout coeur…

    Au plaisir, et merci encore !

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