
Ce matin je suis allé prendre mon café sur le bord du fleuve. J’ai trouvé cette balle rapportée par les flots.
J’ai d’abord pensé que c’était une balle de plastique. Mais en l’observant bien, en la manipulant, j’ai compris que c’était plutôt le centre d’une balle dont le recouvrement caractéristique de cuir (ou de similicuir) s’était détaché. C’est vraisemblablement une balle qui a passé beaucoup de temps dans l’eau.
Je me suis demandé comment elle s’y était trouvée. J’ai fait plusieurs hypothèses: des marins qui jouaient au baseball sur le pont d’un navire? Un incroyable coup de circuit frappé pendant un tournoi à Pointe-au-Pic? Un conteneur plein d’équipements sportifs qui serait tombé à la mer?
J’ai aimé cette hypothèse. Je me suis demandé si ça se pouvait. J’ai trouvé l’histoire d’un conteneur plein d’ours en peluche tombé à la mer près de Montréal. Et celle du conteneur de blocs Lego. Et les téléphones Garfield qui s’échouent sur les plages françaises depuis trente ans. C’était donc plausible. Il y a dix ans? Trente ans? Tombé à la mer à quel endroit? Tout près? À l’autre bout du monde?
Plus je manipulais la balle, plus je m’interrogeais. Pourquoi elle me fascinait tant. Qu’est-ce qu’elle avait à me dire?
J’ai fait le tour des mots qui commencent par « bal… ». Ceux qui contiennent le son « bal ». J’ai cherché des citations célèbres qui contiennent le mot balle, des expressions associées…
« Ça roule… »
C’est en plein ça! Si j’ai le temps de faire cette gymnastique intellectuelle en buvant mon deuxième café le samedi matin, c’est vraiment que ça roule!
En déposant la balle sur la grève, le fleuve m’invitait probablement à prendre le temps de l’apprécier. Ou peut-être que c’est plutôt mon subconscient qui me parle? Qui sait? Qu’importe. Merci.
Ça m’a donné envie de faire un bricolage à partir de la balle.
De cette façon, ce n’est un objet échoué, c’est un rappel de profiter pleinement de chaque moment de bonheur.

Cher Clément,
Merci de nous entraîner dans votre imaginaire et, tout aussi important, de nous rappeler que nous avons chacun ce potentiel créatif qui n’attend qu’un peu d’attention et d’effort pour éclore