
En débarquant de l’auto ce matin, Ana s’est penchée pour ramasser quelque chose. Elle me l’a tendu en souriant:
— Tiens, un objet trouvé, si tu as envie d’écrire quelque chose à son sujet.
C’était une petite licorne en plastique, très très très sale. Crottée, comme on dit.
***
Je l’ai posée sur le coin de mon bureau, en espérant qu’elle m’inspire. Mais ça ne venait pas…
Qu’en dire? Quoi inventer? Quoi raconter?
Quelques heures plus tard, je me suis rendu à la salle de bain pour la laver. Je l’ai savonnée. Frottée. Séchée. Ça m’a permis de mieux saisir sa texture.
Je l’ai reposée sur mon bureau.
Et j’ai attendu.
***
Ce soir, j’ai fait une recherche sur Google pour voir si je pouvais en apprendre plus à son sujet. Grâce à une recherche par image, j’en ai trouvé des semblables sur quelques sites de vente chinois, russes, etc. Parfois, avec de petites variantes selon qu’elles étaient faites pour être fixées sur des Crocs, pour servir d’épinglettes, comme boucles d’oreilles, comme porte-clés, ou comme de simples breloques — comme la mienne.
On peut le savoir grâce à son petit œillet caractéristique (qui est effectivement brisé, ce qui explique qu’elle se soit retrouvée perdue dans la poussière du stationnement de l’Hôtel de Ville).
Toutes ces comparaisons m’ont aussi permis de constater que ma licorne avait perdu quelques ornements, tous censés être roses: les sabots, le museau, la corne. J’en ai apprécié les détails du bout des doigts.
Et c’est à ce moment que la magie a opéré: j’ai soudainement eu l’impression qu’elle me parlait…
Ce sont ses mots:
Lundi matin de juin… délivrée la poussière, merci!
Il faut maintenant que tu m’écoutes un peu:
C’est le temps de se préparer aux vacances!
Oublie les réunions, les appels, les courriels;
Reprends le contrôle du temps qui passe!
Ne fais plus que ce qui est absolument nécessaire,
Et profite du soleil chaque fois que possible!
N’est-ce pas fantastique? C’est une licorne taquine!
Je pense que j’en ferai ma muse.

Poète, va… 😊