Objet trouvé — 20

  • Pas mal de cochonneries de plastique sur la grève ce matin.
  • Des plats, une bouteille, des bouchons, de la toile.
  • C’est évidemment le premier que j’ai ramassé qui mérite mon attention.

  • C’est un vieux contenant de 18 gros vers des Appâts Ste-Martine Inc.
  • J’en ai trouvé la présentation sympathique.
  • Ça m’a donné envie d’en acheter un neuf, moins cabossé, avec des couleurs vives.

  • Mais pourquoi? Puisque je ne pêche pas.

  • Dix-huit. C’est quand même un nombre particulier.
  • Le blé d’Inde se vend par douzaine (parfois treize-la-douzaine), comme les œufs.
  • Les chaussettes, par paires — comme les mitaines.
  • Les chapeaux et les casquettes, à l’unité.

  • Qu’est-ce que je ferais bien avec 18 gros vers?

  • Mais évidemment!
  • Je pourrais en déposer un dans chacun des trous d’un terrain de golf.
  • Puisqu’il y en a aussi de dix-huit.

  • C’eût été un beau prétexte pour faire une belle grande marche, très tôt le matin, avant le premier départ.

  • Mais puisque les vacances se terminent demain,
  • J’ai plutôt choisi d’en faire un poème pour le moins original… en 18 gros vers!

Objet trouvé — 19

C’est sur le chemin de la Grève que j’ai marché ce matin, parce que la marée était haute. Le plus souvent, c’est en fin de journée qu’on fait cette marche: du chalet, vers l’est, jusqu’à la traverse de poules, et retour. Un peu moins de 4 km.

Un peu passé les filets de pêche à la fascine, je me suis encore une fois demandé à quoi pouvait bien servir cette petite antenne installée en bordure du fleuve. D’une fois à l’autre, je fais des hypothèses, sans jamais avoir réussi à les confirmer. Cette fois, je me suis même approché pour voir si je pouvais trouver quelques indices. Mais non, le secret semblait confiné à cette mystérieuse boîte bleue…

C’est un peu plus loin sur ma route que je me suis dit que ChatGPT pourrait peut-être, lui, m’aider à trouver une piste. Je suis donc retourné sur mes pas, j’ai pris une photo, et je lui ai soumise. À quoi peut servir cet équipement?

Et voilà! Enfin, une bonne hypothèse! Cette antenne pourrait bien faire partie du réseau Motus — un réseau d’observation d’oiseaux migrateurs.

Il s’agit d’une antenne de réception qui détecte des signaux émis par de petits émetteurs posés aux pattes de certains oiseaux, dans le cadre de divers projets de recherche.

Est-ce que ça se qualifie pour un objet trouvé, et pour lui faire une place dans cette série de textes? Quand c’est quelque chose qui se trouve sur notre chemin… dont on cherche la fonction depuis des années et qu’on la trouve enfin… je pense que oui!

De retour au chalet, j’ai passé un bon deux heures à explorer le site Web, comprendre le fonctionnement du réseau, comment il pourra me permettre de suivre certaines espèces, voire certains spécimens…

Déjà que j’aime analyser les infos disponibles sur les bateaux qui passent devant le chalet… voilà que je viens de découvrir une belle nouvelle source de données. Il faudra que je rassemble tout ça éventuellement…

Ma déception, c’est qu’il semble que cette station n’est plus en fonction. La plus proche qui est fonctionnelle cette année est à Kamouraska.

Ce sont des stations associées au projet EC.Quebec-St.Laurent, qui s’intéresse particulièrement aux oiseaux suivants:

  • Bécasseau maubèche
  • Bécasseau semipalmé
  • Bécasseau à croupion blanc
  • Tournepierre à collier
  • Bécasseau variable
  • Pluvier argenté
  • Bécassin roux
  • Courlis corlieu
  • Petit Chevalier

J’ai accroché sur le nom Tournepierre.

Quel beau nom… surtout quand on lui ajoute le mot intrépide:

***

Je pense que mon objet trouvé d’aujourd’hui n’a sans doute pas fini de révéler ses secrets… et de me fournir de l’inspiration…

Objet trouvé — 18

C’est hier matin que j’ai trouvé cet objet sur la grève. Il a mis du temps à me dévoiler son histoire. Je m’en suis même blessé le pouce. Et ce n’est qu’en me réveillant ce matin que j’y enfin pu y voir plus clair.

J’ai d’abord cru à une pièce rouillée, vestige d’un bateau qui aurait fait naufrage il y a très longtemps.

J’ai aussi fait l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’une plaque de métal comme celles qui ceinturent les coffres remplis de monnaies et de pierres précieuses (le coffre de la malédiction?).

Mais dans les deux cas, j’étais incapable d’expliquer comment cette chose, très lourde, et donc loin de flotter, avait pu s’échouer là, rapportée par les vagues.

Pendant que je le manipulais dans tous les sens, hier soir, un petit éclat de rouille est tombé, me donnant idée: et si je frappais dessus pour libérer son secret?

C’est donc à grand coup de marteau que j’ai fait tomber une bonne partie de la rouille qui se trouvait à la surface, révélant un peu plus clairement la forme de l’objet.

Il y avait dans l’atelier de la poudre noire partout. J’ai poursuivi en enduisant la pièce de Jig-a-loo avant de frapper à nouveau. J’avais les mains d’un charbonnier quand, à ma grande surprise, j’ai réussi à libérer un beau gros rivet. Du très beau travail de forge (le rivet, pas mon gâchis dans l’atelier!).

À force de grattage et de sablage, j’ai réussi à distinguer de petits tressages de fils sur les deux côtés de la pièce. Vraisemblablement des câbles métalliques.

Le soleil s’étant couché, en manque d’éclairage, je suis rentré.

Je me suis à peu près lavé les mains avant de passer deux heures à regarder des forgerons partager leurs savoir-faire sur Youtube.

J’ai ainsi pu apprendre comment on fabriquait les rivets, comment on les installait à chaud pour relier les pièces de métal d’un bateau ou d’un pont. J’ai appris que le type de rivet que j’avais devant moi a été abandonné au début du XXe siècle. Et que les câbles tressés sont devenus courants seulement à la fin du XIXe siècle. Ce qui situerait probablement la pièce retrouvée entre 1850 et 1925. Il y a plus de cent ans…

Et elle s’est retrouvée sur la grève pile au moment où je suis passé!

J’ai ensuite fait des croquis de ma compréhension de la pièce et j’ai demandé à ChatGPT de me la représenter. Ça m’a donné des illustrations imparfaites, mais que je trouve plausibles.

La conception de ces images m’a aussi éclairé sur l’usage potentiel de la pièce. Pour attacher une ancre? Pour retenir quelque chose à un bateau? Ou sur un quai? Ou une partie d’un pont suspendu?

Sauf que, même si ça s’éclaircissait peu à peu, je me butais encore et toujours à la même question: comment expliquer son arrivée sur la grève?

J’ai décidé de dormir sur ça.

Et je n’ai pas été déçu!

***

Imaginez-vous donc que j’ai rêvé qu’en frappant doucement sur l’objet, plutôt que de libérer une épaisse poussière noire, la surface se défaisait par fines couches, libérant de minces écailles verdoyantes.

Ces écailles tombant sur la table, se sont progressivement transformées en rivière, jusqu’à ce qu’il ne me reste plus entre les doigts que les arêtes d’un poisson métallique.

La voilà donc l’explication!

Il s’agit d’un vieux poisson qui a nagé jusqu’à la rive avant de s’échouer, mort de peur.

Un doré qui dérivait, et qui, malgré des nerfs d’acier, a eu la trouille.

Objet trouvé — 17

La récolte de ce matin m’impose au moins un deuxième texte aujourd’hui. Impossible de laisser ce manche de pelle sans histoire…

Remarquez bien, je dis manche de pelle, mais ça aurait aussi bien pu être un manche de fourche.

Sauf que je l’ai fait expertiser, et il s’agit bien d’un manche de pelle. Une pelle très spéciale, qui sert à creuser à la recherche de trésors.

Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le manche d’un outil aussi spécial se retrouve là, sans son outil — donc dénué de toute utilité? Sans raison d’être?

Et qu’est-il arrivé au chercheur de trésor?

À la recherche d’une explication, je me suis souvenu qu’il y avait eu un gros orage à l’aube ce matin. Alors que la météo n’en prévoyait pas.

Ça m’a fait penser que ce que j’avais cru être un événement météorologique était probablement plutôt le résultat d’une malédiction.

On imagine aisément l’homme (ou la femme d’ailleurs!), touchant à son but après plusieurs jours à parcourir la grève avec une mystérieuse carte à la main, convaincu d’avoir trouvé l’endroit marqué d’un X, enfonçant sa pelle dans le sol d’un geste vigoureux avant d’être foudroyé par un éclair. Ça t’apprendra!

Lui, vaporisé. La pelle, fondue. Et le trésor toujours enfoui, son mystère à nouveau protégé.

Mais quel danger! Imaginez si des enfants allaient jouer à cet endroit…

Que faire?

Je n’étais quand même pas pour aller creuser moi-même pour déterrer le trésor. Beaucoup trop risqué.

Marquer plutôt l’endroit d’une affiche « attention danger! »? Encore eut-il fallu expliquer la nature du danger. Ça aurait été difficile à croire.

C’est en regardant plus attentivement le manche, sa couleur et sa forme que l’idée m’est venue.

Vous ne trouvez pas qu’avec un peu d’imagination on peut y voir le signe « vous êtes ici », qui est utilisé par Google Maps et autres services semblables? Regardez bien…

J’ai donc fabriqué un signe beaucoup plus grand, que j’ai collé sur le manche, et que je suis allé planter dans le sol, à l’endroit où je l’avais trouvé ce matin. À l’endroit où le trésor se trouve.

Je fais le pari que les personnes qui le verront, lors de leur promenade sur la grève, seront amusées en constatant qu’elles sont effectivement ici.

Il est probable qu’elles aient même le goût de se prendre en photo à côté du symbole.

Personne ne se doutera que, ce faisant, elles auront évité d’être foudroyées par une malédiction…

Je suis content — ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de sauver des vies!

Objet trouvé — 16

C’était un matin particulièrement calme au bord du fleuve. J’ai longuement observé une famille de canards (un adulte et quatorze petits!) qui plongeaient tour à tour pour petit-déjeuner. J’ai aussi entendu un phoque au loin — sans réussir à le voir. Et j’ai fait une belle récolte d’objets inspirants.

J’ai trouvé particulièrement amusante cette étiquette transparente trouvée à travers les algues.

La présence d’un ruban gommé, aussi transparent, permet de déduire que l’image était collée sur quelque chose. On devine bien le sens du message…

La façon dont est placé le papier collant me porte à croire que l’image était destinée à être vue de cette façon, avec le petit bonhomme à gauche de l’image.

Je me suis quand même demandé si ça pouvait être l’inverse.

Et c’est en retournant l’étiquette que ça m’a frappé… l’image devenait beaucoup moins naturelle. Ça m’a fait réaliser que, sur presque toutes les toilettes, la poignée — la chasse d’eau — est installée à gauche du réservoir, quand on lui fait face.

J’ai vérifié sur les sites Web des centres de rénovation… et c’est effectivement le cas. Plus de 80% des toilettes, je dirais (quand elles n’ont pas plutôt un ou deux boutons sur le dessus).

Je me suis demandé pourquoi et, d’une chose à l’autre, j’y ai consacré plus d’une heure.

Je l’ignorais, mais c’est une question qui fait véritablement débat. Et comme dans tous les grands débats, il faut être vigilants, distinguer le vrai du faux, savoir reconnaître les sophismes et se méfier de l’éloquence. Gros dimanche matin, me direz-vous…

Eh bien sachez qu’il y a des gens qui prétendent que c’est une question de quincaillerie: parce que, si elle était placée de l’autre côté, l’écrou qui tient la poignée aurait tendance à se dévisser.

Il y en a d’autres qui arguent que c’est une simple question d’efficacité industrielle, pour simplifier la production des pièces.

D’autres évoquent des raisons d’hygiène, parce que la majorité des gens sont droitiers et, comme ils s’essuient les fesses avec la main droite, il est préférable de tirer ensuite la chasse de la main gauche.

J’ai lu des histoires plus acadabrantes aussi, parfois liées à l’histoire, et aux ancêtres de la toilette modernes, pour lesquelles on changeait l’eau en tirant sur une chaînette installée très au-dessus de la toilette.

Il y a même des gens qui affirment, à travers tout ça, que c’est Léonard de Vinci qui est l’inventeur de la toilette avec une chasse d’eau. Sauf que j’ai découvert qu’ils ne font en réalité que perpétuer un célèbre poisson d’avril de Martin Gardner, dans Scientific America, en 1975 (il avait même créé pour l’occasion un faux dessin du célèbre inventeur!).

Toutes ces recherches m’ont ramené à l’esprit une autre question du même genre, qui est toujours restée en marge de mon esprit depuis la rénovation de la cuisine à la maison, il y a sept ans.

Vous avez déjà vu un four à micro-ondes qui s’ouvre vers de gauche à droite, vous? Pourquoi?

Eh bien imaginez-vous donc que c’est un autre sujet de vigoureux débats sur le Web… entre autres parce que de nombreuses personnes ne réalisent cela, comme moi, qu’après avoir reconfiguré leur cuisine, et que l’ouverture de la porte de leur microondes provoque un problème ergonomique important.

J’ai lu bien des explications, mais aucune ne m’a vraiment convaincue. On a bien trouvé des façons pour rendre les portes de frigos réversibles, après tout.

Mais je m’égare…

Heureusement, ça n’aura pas été du temps perdu.

Devant toutes ces choses qui ne sont pas réversibles, je pense que je peux répondre à la question qui me hantait depuis hier.

Je ne suis manifestement pas de l’autre côté du miroir…

Objet trouvé — 15

Il s’agissait que j’écrive, hier, que j’avais l’impression qu’il y avait moins de détritus sur la grève que les dernières années (et que je m’en réjouisse), pour que le fleuve me donne une leçon.

Il y avait vraiment beaucoup de déchets de plastique sur la grève ce matin.

Tiens-le-toi pour dit, c’est pas le temps de te réjouir! T’as pas lu La Presse?

Heureusement, parmi les détritus, il avait un sac de plastique intact. J’ai donc pu ramasser tous les débris que j’ai trouvés. Ce faisant, j’ai vu au loin la dame d’hier matin. On s’est salué d’un geste du bras.

Résultat de la cueillette: deux douilles de balles de fusil, des morceaux d’emballages de toutes sortes (de la barre de chocolat au sac de fertilisant agricole), un bouchon de bouteille de 7up et un mystérieux petit bout de plastique… beaucoup plus inspirant que tout le reste.

Je me relis et je m’interroge: déchets, détritus, débris… quelles différences?

Petit tour au dictionnaire: un déchet, c’est quelque chose dont on choisi de se débarrasser — ça se situe dans le présent; un détritus, c’est quelque chose qui a été abandonné et qui a accumulé les saletés dans son parcours — c’est un déchet qui a de l’histoire; un débris, c’est brisé, c’est un fragment de détritus — c’est une histoire à inventer.

Voilà qui est plus clair. Après quatorze textes, il était temps!

Alors, pour en revenir au débris de plastique: il a l’allure d’un chapeau de champignonet à l’intérieur on peut lire « 360 », mais écrit pour devoir être lu à l’envers. C’est étonnant.

À moins… à moins

À moins que cela révèle que je suis, à mon tour, passé de l’autre côté?

Il faudra que je reste attentif à d’autres indices…

Objet trouvé — 14

J’ai vraiment l’impression qu’il y a moins de détritus sur la grève que les dernières années. Je m’en réjouis, mais ça fait aussi moins d’objets trouvés…

Ce matin j’ai donc décidé de marcher en sens inverse, vers l’Ouest, dans l’espoir de repérer des objets qui traînent peut-être depuis un peu plus longtemps. Ça n’a pas vraiment été plus fructueux, mais ça m’a donné l’occasion de discuter avec une dame qui se baladait aussi sur la grève. 

— Vous cherchez quelque chose?

— Toujours un peu… je suis curieux.

— Quelque chose en particulier?

— Non… juste quelque chose d’inspirant… ça peut être un peu n’importe quoi. J’écris ensuite des textes à partir de ce que je trouve.

J’ai bien vu sa surprise. Elle ne s’attendait visiblement pas à ce genre de réponse.

— Vous cherchez quelque chose d’inspirant? Sur la grève? À cette heure matinale?

— Oui…

— (visiblement perplexe)

— Et vous, que cherchez-vous?

— Rien, je prends l’air. Simplement.

— Je ne vous crois pas… vous êtes forcément à la recherche de quelque chose…

— Je ne crois pas, mais vous me faites douter… 

Nous avons éclaté de rire.

Elle s’est laissée prendre au jeu, et m’a tendu le bras pour m’offrir quelque chose. 

— Alors je vous offre ce petit morceau de verre bleu que j’ai ramassé par là, il y a quelques minutes. Vous y trouverez peut-être une source d’inspiration!

— Bien sûr! Merci. Il y a assurément quelque chose à écrire à son sujet. Je vous dirai…

Nous nous sommes salués avant de reprendre notre route en directions opposées.

Je me suis assis un instant sur un rocher pour bien observé mon cadeau.

Probablement le bas du col d’une bouteille. En verre bleu. Ce pourrait être une bouteille de bière 1664, ou d’eau minérale… mais ce pourrait aussi être un fragment du flacon d’un produit médicinal.

On peut y distinguer un G, suivi d’un point, d’un espace, puis d’un O. Et un peu plus bas, les lettres IAS.

Je suis resté tellement longtemps sur le rocher à chercher ce que ça pouvait bien être, et l’inspiration qui s’y cachait, que la marée a beaucoup monté, à mon insu, et j’ai dû marcher dans l’eau pour retrouver la rive. 

Mais j’ai trouvé!

« …G. O… » comme dans « REG. OZ », comme « Regular Once ».

Et « …IAS…» comme dans « ENTHOUSIASM ». 

Je crois qu’il s’agit d’un morceau d’un très vieux flacon qui contenait quelques onces d’enthousiasme! 

Je trouve ça tout simplement incroyable!

De retour au chalet, j’ai pris le temps pour peindre une représentation de la bouteille complète.

J’ai hâte de revoir la dame pour lui raconter ça.

Objet trouvé — 13

J’ai vécu une aventure ontologique au bord du fleuve ce matin.

C’est bien la dernière chose à laquelle je m’attendais!

J’ai d’abord cru ne rien rapporter. La marée était redescendue, puis remontée pendant mon sommeil… repartant avec une bonne partie de ce qu’elle avait pu déposer à mon intention.

***

J’ai mis mes pieds à l’eau et j’ai fixé l’horizon. Les cormorans pêchaient. J’ai essayé de ne penser à rien — de faire le vide.

Je pense que c’est à partir de là que tout s’est compliqué. C’est bien connu, la nature a horreur du vide…

En reprenant ma marche, j’ai trouvé une magnifique embarcation. Toute faite de bois de grève. Grandiose. On pouvait s’y asseoir aisément à quatre. Elle avait un moteur et une magnifique figure de proue.

Je me suis interrogé: était-ce un objet trouvé? Qu’est-ce qui définit un objet trouvé?

J’ai été sorti de mes questionnements par l’arrivée d’un matelot d’une dizaine d’années, accompagné par sa mère. On a jasé un peu. L’enfant m’a présenté son bateau avec autant de précisions que d’enthousiasme.

Au terme de la conversation, il était devenu impossible de qualifier cette œuvre d’objet trouvé.

En me retournant, j’ai vu dans le sable une petite tige de verdure triomphante à travers le sable.

Un objet trouvé? La nature peut-elle être qualifiée d’objet? Trouvé?

Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête, mais je me suis penché et je l’ai cueillie.

Et j’ai été puni.

De retour au chalet, j’ai fait quelques recherches. J’ai appris qu’il s’agit d’une tige de scirpe maritime. Et on indique clairement « qu’il vaut mieux ne pas la cueillir ».

Cueillir, contradictoire de trouver?

J’ai continué à réfléchir.

***

J’ai dû me faire un deuxième café et retourner sur la grève. Et cette fois j’ai trouvé un objet. Aucun doute!

Un petit bout de plastique transparent avec un fragment d’étiquette.

Sheh, comme Sheherazad — comme une marque de tahini tunisien, dont j’ai pu trouver des images sur le Web, mais que je n’ai trouvé en vente nulle part au Québec. Aurait-il traversé l’océan pour se rendre jusqu’ici?

Sheherazad, comme dans les contes des Mille et une nuits, surtout!

« Les Mille et Une Nuits sont un exemple souvent cité du procédé de mise en abyme, car il raconte l’histoire de Shéhérazade, qui raconte l’histoire d’un personnage, qui parfois va conter quelque chose à son tour. » (source)

Comme je vous raconte des histoires d’objets trouvés, qui racontent eux-mêmes une histoire…

Décidément, tout est dans tout!

Objet trouvé — 12

Il était là, à l’aube, sur le rocher, à travers les algues. C’est le contraste qui a attiré mon attention.

Un petit bâton de plastique, creux. Comme une paille. Le souvenir a été immédiat: c’est sûrement un bâton de Chupa Chups.

Chupa Chups est une marque de sucettes créée en 1958 par l’Espagnol Enric Bernat. (…) Elle est présente dans plus de 160 pays à travers le monde. Le nom vient du verbe espagnol chupar, qui signifie « sucer ».

J’ai mis le bâtonnet dans ma poche, sans trop savoir ce que j’en ferais.

Une flûte traversière pour grenouille, comme Demetan, une série que je regardais enfant? La tige d’un haltère pour un personnage que je ferais en pâte à modeler?

Bah… pas sûr…

Il a donc passé une bonne partie de la journée dans ma poche.

Quelque chose m’échappait.

C’est en me réveillant de la sieste que j’ai compris… en lisant le message d’une amie qui m’informait qu’un béluga avait été retrouvé échoué sur la grève… à quelques minutes du chalet!

Il s’en est donc fallu de peu pour que je me retrouve avec la dépouille d’un béluga à mes pieds!

Heureusement, me suis-je dit, le fleuve, dans toute sa bienveillance, a trouvé préférable de déposer à mes pieds une représentation symbolique du béluga. Je l’en remercie.

Il me restait à trouver le lien… pourquoi avoir choisi ce bâtonnet de Chupa Chups en guise de représentation?

Il a fallu que je me casse la tête… mais après quelques heures, j’ai fini par trouver!

Le fleuve est manifestement un fin connaisseur de l’histoire de l’art…

Saviez-vous que le logo de Chupa Chups a été créé par Salvador Dali? Moi non plus!

On raconte que c’est à la terrasse d’un café, avec son ami Bernat, que Dalí a griffonné le célèbre logo marguerite, et qu’il a dicté d’apposer le visuel sur le dessus de la sucette plutôt que sur le côté, pour lui offrir un meilleur impact sur le consommateur.

Salvador Dalí, qui est considéré comme un des plus célèbres peintre du XXe siècle, et un des principaux représentants du surréalisme — un mouvement auquel il aurait été initié par Joan Miró.

Miró… dont une lithographie représente un béluga!

Miró… dont l’œuvre a été guidée, m’a appris Wikipedia, par une schématisation des formes, qui va jusqu’à réduire parfois l’objet à une simple ligne droite.

Comme un petit bâton blanc pour représenter un béluga.

Il suffisait d’y penser…

Objet trouvé — 11

J’ai zigzagué sur la grève ce matin, en prenant le temps de m’asseoir parfois sur les rochers. C’est les vacances après tout.

Une petite pierre a attiré mon attention ici, un bout de plastique un peu plus loin (un couvercle de plat Tupperware cassé, probablement), et un fragment de céramique. Je les ai mis dans ma poche au fur et à mesure.

Et ce bout de plastique numéroté aussi, qui m’a beaucoup intrigué.

J’ai déposé tout ça en vrac sur la petite table à côté de mon fauteuil d’écriture.

Qu’est-ce que j’avais là pour inspirer un texte? Que pouvait bien être ce code? Le scellé brisé lors d’un cambriolage? De quoi reconnaître un casier de pêche? Et si c’était l’identification d’un animal suivi par la science? Un animal qui serait mort? Ou qui aurait simplement réussi à s’en libérer?

J’ai aimé l’idée que ce numéro maintenant inutile témoignait que quelque chose s’était enfui, libéré, affranchi. Mais quoi?

Parce que j’ai rapidement pu constater que les bagues qu’on place aux pattes des oiseaux n’ont pas du tout cette apparence. Ce n’était pas un oiseau. Alors quoi?

Et si c’était le numéro d’une image? D’une photo?

Google: img_0959958

La photo d’un drapeau français est apparue à mon écran.

J’ai vérifié deux fois tellement j’étais stupéfait. Le nom du fichier était bien IMG_0959958.jpg

J’ai regardé à nouveau sur la petite table à côté de moi: le petit bout de plastique bleu, la céramique blanche, le caillou rouge…

L’image numérisée du drapeau français s’était donc échappée! Elle s’était matérialisée sur la grève en laissant derrière elle le numéro qui lui avait été attribuée par l’ordinateur.

« Ok, là tu pousses un peu fort… c’est invraisemblable ton histoire », me direz-vous peut-être. Je sais, c’est difficile à croire.

Mais si je vous dis qu’on est le 14 juillet… Il me semble que ça devient soudainement plus plausible, non?

Objet trouvé — 10

Premier jour de vacances: un chapeau neuf sur la tête, les pieds dans l’eau, l’esprit libre. Et cette cannette de Black Label déposée à mes pieds par le fleuve.

Antiquité ou simple vestige d’une récente soirée d’amis sur les rochers?

Combien de temps il faut à une cannette pour perdre sa couleur? Et pour être usée de cette façon par le sable? 

À la recherche d’indices, j’ai utilisé tous les codes que j’ai pu trouver sur la cannette. Sans grand succès. 

J’ai demandé à Google de me présenter des images de l’évolution du marketing des cannettes de Black Label au fil des ans. Conclusion évidente: ce n’est vraisemblablement pas une antiquité. Dommage.

Mais je suis retombé du même coup sur plusieurs vieilles publicités de Black Label — à une époque où j’étais (plus) jeune. Des publicités très fortes, en noir et blanc, avec une touche de rouge sang.

J’ai aussi pu lire un article de La Presse, qui évoque l’audace de la stratégie publicitaire de la Black Label à la fin des années 80:

« La Black a incarné son époque, la fin des années 80, avec une image provocante, androgyne, psychotronique. (…) Pour Luc Dupont, professeur de publicité à l’Université d’Ottawa, le succès de la Black Label réside dans l’une des campagnes publicitaires les plus audacieuses au Québec. (…) C’était très risqué, l’aventure Black Label (…) C’était la première fois qu’une entreprise se payait au complet les bandes de la patinoire lors d’un affrontement Canadien-Nordiques. Dans certains matchs, O’Keefe, qui commercialisait la bière, s’était même payé le luxe de présenter les mises en jeu… en noir et blanc. Clin d’œil au slogan «En noir et black». »

J’ai trouvé cette information fascinante!

J’ai aussitôt voulu (re?)voir ces publicités et cette mise au jeu. J’ai donc fait de nouvelles recherches.

Rien sur Google, je me suis donc tourné vers ChatGPT, qui m’a rapidement confirmé cette anecdote, sans toutefois satisfaire mon désir d’en voir des images.

J’ai demandé des précisions sur la date de la partie au cours de laquelle Black Label avait fait ça. Réponse: le 20 avril 1984, soit le soir de la célèbre Bataille du Vendredi saint. 

J’ai trouvé ça tout simplement incroyable. Quelle belle histoire!

De retour sur Youtube, j’ai pu trouver ds tonnes de vidéos de cette partie. Sauf que…

Sauf qu’il n’y a aucune publicité sur les bandes de la patinoire du Forum pendant cette partie. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

À la recherche d’une explication, je suis retourné vers ChatGPT, à qui j’ai demandé de faire une recherche approfondie.

Après de longues minutes, sa réponse:

« Il s’agit d’une anecdote répandue, mais non vérifiée par des documents publics. Je n’ai pu trouver aucune preuve fiable (articles de presse, archives vidéo, sources officielles) indiquant que Carling Black Label ait réellement payé pour diffuser la mise au jeu d’un match de hockey en noir et blanc dans un but publicitaire. »

J’ai trouvé ça décevant. J’étais même contrarié. L’histoire était tellement belle… et tellement plausible! 

Il y avait forcément une explication — d’autant que je l’avais lue dans La Presse, alors…

***

Je suis donc retourné sur Youtube à la recherche d’autres images, pour pouvoir continuer à y croire.

C’est à ce moment que je suis tombé sur cette conférence: 

Ma perplexité a subitement changé de sujet. 

Comment donc un professeur de l’Université de Nantes — spécialisé dans les relations internationales européennes aux XVIIe et XVIIIe siècles, la culture de la guerre et de la paix, et l’histoire de la neutralité dans la longue durée — avait bien pu s’intéresser à la Bataille du Vendredi saint?

J’avais besoin de comprendre, et pour ça, de faire de nouvelles recherches… 

Résultat: Éric Schnakenbourg est né le 27 mars 1970 à Amiens. Son père est historien, professeur émérite d’histoire à l’Université de Picardie. Enfant, il s’est passionné pour le hockey sur glace, à un moment où le club des Gothiques d’Amiens était l’une des meilleures écoles de hockey junior en France. Il a été sélectionné à plusieurs reprises en équipe de France junior à la fin des années 1980. Il a fait carrière comme hockeyeur professionnel avant de devenir professeur d’université. 

Une histoire tellement improbable!

Et pourtant, cette fois, j’ai pu rapidement confirmer tout ça par des sources fiables. 

***

J’en suis venu à croire que le fleuve avait déposé cette vieille cannette à mes pieds en guise prélude à mes vacances, pour me rappeler que les choses les plus improbables sont parfois souvent plus vraies que bien des choses qui peuvent paraître plus plausibles.

J’ai choisi d’y voir une leçon d’optimisme, à une époque où on passe notre temps à craindre le pire comme s’il était inévitable, alors qu’on devrait être guidés par la confiance que le mieux peut encore très bien se concrétiser.

Post scriptum — Coïncidence presqu’invraisemblable, alors que je venais tout juste terminer la rédaction de ce texte, mon fil Instagram m’a suggéré un extrait d’entrevue qui le complète merveilleusement bien. Le voici:

Objet trouvé — 9

C’est pieds nus que j’ai parcouru la grève tout à l’heure. Le sable entre les orteils, l’humidité, la bouette — c’est la texture du sol qui guidait mes pas.

Je n’ai rien trouvé de spectaculaire à première vue. Que des fragments: de verre, de grès, de plastique. Et il y avait cet intrigant morceau de porcelaine. Ou de céramique? Ou d’autre chose?

Ce n’est qu’une heure plus tard, après l’avoir analysé sous tous les angles, que j’ai identifié le matériau.

C’est un fragment de souvenir.

Un souvenir du Camp Saint-François.

Je suis convaincu que c’est un morceau d’une assiette de mélamine de la cafétéria du Camp Saint-François, à l’Île d’Orléans, où j’ai fait deux séjours, en 1984 et 1985, je pense.

Un très beau souvenir. De très beaux souvenirs.

Les cabanes où on dormait, huit par chambre, quatre lits à deux étages, les réveils, les baignades matinales (les ours polaires), les déjeuners, les jeux dans la chapelle convertie en salle polyvalente, les sports d’équipes sur l’immense terrain, l’hébertisme, les feux de camp sur la grève. Les surprises, les mauvais coups, les animateurs, les cris de ralliement.

Ce petit morceau d’assiette est un portail temporel.

Quelques instants plus tard, j’ai trouvé des photos du Camp Saint-François tel qu’il est aujourd’hui. J’ai fait le tour du site Web. Presque tout est identique!

J’ai même retrouvé les assiettes:

J’ai zoomé, très spontanément, sur les photos, pour voir si je n’y étais pas.

Avec ce petit bout de mélamine en main, je pense que c’eut été possible.

Pas de doute: c’est un objet précieux, presque magique.

Objet trouvé — 8

Promenade matinale sur la grève, à marée descendante. J’ai bu mon café en observant trois hérons qui piquaient périodiquement leur becs pointus dans de grandes flaques d’eau pour assurer leur petit déjeuner. C’était très beau. 

Un peu plus tard, en marchant à la frontière tracée par la marée, j’ai vu une petite surface très blanche, presque carrée, très brillante, qui tranchait avec le sable sombre, humide et lisse.

Curieux, j’ai gratté le sable et après quelques efforts, j’ai pu extraire un mystérieux caillou. 

Clairement quelque chose de très très spécial. 

Je l’ai nettoyé dans les vagues avant de m’adresser à lui: Alors, qu’est-ce que tu as à me dire toi ce matin?

Puis, je l’ai retourné de tous les côtés. Plusieurs fois.

Cinq faces: trois avec quatre côtés, deux avec trois côtés. 

Une face noire sans ligne blanche, une avec une ligne blanche, et une autre deux lignes blanches.

Toutes les faces offrent une assise stable, sauf une.

Deux faces qui permettraient qu’on dépose un caillou par-dessus pour bâtir quelque chose.

Et ainsi de suite.  

Les observations étaient inépuisables. 

C’est un objet de fascination. 

***

Quelques recherches m’ont permis de découvrir qu’il s’agit d’un très beau spécimen de cailloulipo — une sorte de roche qui provoque la réflexion et invite à l’écriture.

J’ai aussi pu apprendre qu’en posant le cailloulipo devant soi et en focalisant notre attention sur une des faces, on peut faciliter l’exercice de la philosophie, la réflexion sur le bien et le mal, l’identification des sources d’espoir, la pratique de l’humilité et le développement de la confiance en soi. 

C’est un objet presque magique. 

Certains experts prétendent même qu’une personne qui tient un cailloulipo au creux de sa main peut parler aux huîtres.

Ça reste à vérifier. 

Objet trouvé — 7


La plage était très propre ce matin. La marée n’avait presque rien rapporté sur la grève.

J’ai bu mon café tranquillement en regardant l’horizon. Un précieux moment de méditation.

C’est en retournant vers le chalet que cette toute petite étiquette a attiré mon attention.

Elle flottait à la surface d’une petite flaque d’eau, au creux d’un rocher. Une étiquette qu’on trouve souvent collée sur les fruits et légumes à l’épicerie.

En faisant quelques recherches, j’ai appris que ce type d’étiquette s’appelle un PLU (pour Price Look Up) — et que 4026 correspond bien au code des poires Bosc (qui ne sont pas biologiques, sinon il y aurait un 9 devant le code).

J’ai aussi appris qu’il se vend au moins 250 millions de ce type de poires dans les épiceries nord-américaines chaque année, et qu’elles portent presque toutes une étiquette comme celle-ci.

Et c’est plus de 500 milliards de ces étiquettes qu’on colle sur l’ensemble des fruits et légumes dans le monde chaque année! Des étiquettes qui sont rarement biodégradables et qui se retrouvent très souvent dans la nature (il y a à peu près juste la France qui exige qu’elles soient biodégradables, mais pas le Canada ni le Québec).

Plein d’informations fascinantes, mais qui ne faisaient pas un texte très intéressant…

Je me suis donc plutôt demandé comment cette étiquette avait bien pu se retrouver là.

J’ai fait plusieurs hypothèses: certaines très plausibles, et d’autres beaucoup plus tirées par les cheveux.

J’ai aussi imaginé un texte qui ferait un lien avec le texte du 4 juin au sujet de l’espoir — parce que ça sonne comme les poires, mais je n’ai pas osé…

Je me suis plutôt mis à la recherche d’un caillou avec une forme de poire pour rendre hommage à Magritte:

Objet trouvé — 6

En débarquant de l’auto ce matin, Ana s’est penchée pour ramasser quelque chose. Elle me l’a tendu en souriant:

— Tiens, un objet trouvé, si tu as envie d’écrire quelque chose à son sujet.

C’était une petite licorne en plastique, très très très sale. Crottée, comme on dit.

***

Je l’ai posée sur le coin de mon bureau, en espérant qu’elle m’inspire. Mais ça ne venait pas…

Qu’en dire? Quoi inventer? Quoi raconter?

Quelques heures plus tard, je me suis rendu à la salle de bain pour la laver. Je l’ai savonnée. Frottée. Séchée. Ça m’a permis de mieux saisir sa texture.

Je l’ai reposée sur mon bureau.

Et j’ai attendu.

***

Ce soir, j’ai fait une recherche sur Google pour voir si je pouvais en apprendre plus à son sujet. Grâce à une recherche par image, j’en ai trouvé des semblables sur quelques sites de vente chinois, russes, etc. Parfois, avec de petites variantes selon qu’elles étaient faites pour être fixées sur des Crocs, pour servir d’épinglettes, comme boucles d’oreilles, comme porte-clés, ou comme de simples breloques — comme la mienne.

On peut le savoir grâce à son petit œillet caractéristique (qui est effectivement brisé, ce qui explique qu’elle se soit retrouvée perdue dans la poussière du stationnement de l’Hôtel de Ville).

Toutes ces comparaisons m’ont aussi permis de constater que ma licorne avait perdu quelques ornements, tous censés être roses: les sabots, le museau, la corne. J’en ai apprécié les détails du bout des doigts.

Et c’est à ce moment que la magie a opéré: j’ai soudainement eu l’impression qu’elle me parlait…

Ce sont ses mots:

Lundi matin de juin… délivrée la poussière, merci!
Il faut maintenant que tu m’écoutes un peu:
C’est le temps de se préparer aux vacances!
Oublie les réunions, les appels, les courriels;
Reprends le contrôle du temps qui passe!
Ne fais plus que ce qui est absolument nécessaire,
Et profite du soleil chaque fois que possible!

N’est-ce pas fantastique? C’est une licorne taquine!

Je pense que j’en ferai ma muse.