Fables

En me levant ce matin, j’ai trouvé le lutin couché entre les pages du recueil des Fables de Lafontaine.

Il était installé à la page 246, où j’ai découvert une fable que je ne connaissais pas: Le chat, la belette et le petit lapin. C’est une histoire dans laquelle un chat est choisi pour résoudre un différend entre une belette et un lapin… et qui en profite pour les croquer l’un et l’autre!

Je pense que c’est ma fille qui m’a joué un tour pour s’inviter comme co-autrice dans la série de textes de mon calendrier de l’Avent.

Pourquoi elle l’aurait placé dans les Fables de Lafontaine? Je pense que c’est parce qu’en chiffonnant des feuilles de journal pour allumer le foyer hier soir, avec elle, j’ai mis de côté une page du Devoir qui présentait un texte invitant à relire l’œuvre du fabuliste.

Après m’être coulé un café, j’ai donc repris la page du journal pour lire l’article. Un passage a piqué ma curiosité:

« Les fables apparaissent à plusieurs comme de véritables boussoles sociales (…) En 2015, [un étudiant] en sciences politiques de l’UQAM a signé un mémoire de maîtrise intitulé État de nature et avènement de l’état civil dans l’œuvre de Jean de La Fontaine. »

Ça m’a donné envie de parcourir ce mémoire, que j’ai pu trouver facilement sur le site de l’UQAM. Une belle lecture de dimanche matin.

J’ai évidemment trouvé dans le mémoire des références à une fable très importante dans mon éducation familiale, Le Loup et le chien, mais j’ai aussi pu y trouver une analyse de Le chat, la belette et le petit lapin.

« [cette fable démontre] que le recours aux tribunaux peut être très coûteux et que, même, les plaideurs se mettent en danger à vouloir laisser un tiers trancher leurs litiges : le juge peut trancher en défaveur des deux parties. »

La magie de Noël m’a donné envie d’inventer une histoire dans laquelle cet étudiant est devenu conseiller politique pour le Premier ministre et qu’il s’occupe de dossiers qui pourraient nous amener à nous rencontrer… mais j’ai trouvé que ça aurait l’air beaucoup trop improbable.

N’est-ce pas?

À moins que…

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

On y est presque

J’ai reçu un nouveau message de l’ami anonyme jeudi. Un message plein de bienveillance.

Ça m’a fait réfléchir. Pas encore assez dans l’esprit de Noël… ok, ok… Alors j’ai décidé de prendre les grands moyens, et j’ai fait appel à Vince Guaraldi et Charlie Brown. Play. Ça ne peut pas nuire.

Je me suis pris un café, j’y ai ajouté un peu de Sortilège, et j’ai pris le temps de lire le nouveau Astérix, l’Iris blanc, avec les textes de Fabcaro. J’ai adoré. Ironique à souhait, plein de sourires.

C’est en relevant les yeux après avoir tourné la dernière page que j’ai vu le lutin agrippé au télescope… alors qu’on n’a pas encore sorti les décorations de Noël! Comment a-t-il pu?

Je me suis penché pour voir ce qu’il m’invitait à regarder.

Les premières glaces sur le fleuve. Quelques oiseaux pas frileux. Et un porte-conteneur dont la coque rouge tranche avec le beau blanc de la rive de Charlevoix.

Tiens, ça fait longtemps que je n’ai pas pris le temps de chercher un peu d’information sur les bateaux qui passent.

Hop, petit tour sur MarineTraffic, quelques mouvement de doigts, et… surprise!

Je n’en croyais pas mes yeux.

C’était Christmas II, parti d’un port inconnu, en direction de Québec, où il doit arriver aujourd’hui.

Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre…

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

La mitaine

En arrivant à l’Hôtel de Ville ce matin, j’ai vu une mitaine (perdue par un enfant?) qui avait été placée sur une tige de signalisation.

Et comme la scène me rappelait une autre photo prise il y a quelques années, j’ai sorti mon iPhone pour en faire une nouvelle photo.

Je me suis ensuite mis à la recherche d’une photo pour servir de support au texte d’aujourd’hui… en gardant toujours un lien avec celle qui accompagnait le texte d’hier

Mais malgré tous mes efforts, je n’ai vraiment rien trouvé de très inspirant…

Je me trouvais bon à rien ce soir… aucune d’inspiration… probablement sous l’effet de la fatigue.

C’est à ce moment que je me suis dit:

Franchement… plutôt que d’aller à l’Hôtel de Ville demain, je devrais peut-être aller au chalet…

Après un instant, je me suis entendu dire:

Hôtel de Ville… Chalet…

Et c’est alors que:

Chalet…

Ma foi… ça sonne comme…

Mais oui… voilà ce que je cherchais!

Et c’est à ce moment que, plutôt que de continuer à chercher une véritable photo… j’ai décidé d’en composer une nouvelle, à la manière d’un collage numérique pour lui donner une allure de rébus. Sans oublier d’y intégrer une pinte de lait semblable à celle qui était présente dans la photo de ce matin.

Et voilà:

(De) main, (j’irai au) chat lait.

Bon, Ok, Ok… je vous le concède: il est clairement temps que j’aille me coucher.

Panne de magie de Noël ce soir…

À demain!

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

L’esprit des lutins

Ce devrait être le texte du 5 décembre… mais je l’écris le matin du 6 décembre. Je suis en mode rattrapage.

J’ai bien essayé de rédiger mon texte hier soir — mais malgré tous mes efforts… l’inspiration manquait. Ou est-ce l’énergie?

Quoi qu’il en soit, j’ai opté pour me coucher sans m’obstiner.

Et ce matin, flash… je pense que c’est l’énergie des lutins de Noël qui s’est emparé de moi.

Au moment de disposer de la boîte de céréales vide… ses dimensions ont attiré mon attention: celles d’un paquet de cartes. J’avais mon idée

J’ai sorti les ciseaux pendant que le café coulait.

J’ai bricolé un peu avant de mettre le lait dans le bol.

Et hop: l’As des Mini Wheat!

Il ne reste qu’à confectionner les 51 autres cartes.

Mais je me donne le temps d’y repenser…

Cela dit… pour que je prenne le temps de bricoler au déjeuner… c’est clairement l’effet de la magie de Noël qui se fait sentir!

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

Maladresse

Ouf — quelle journée. Rien ne s’est déroulé comme prévu… et ça n’a généralement pas été pour le mieux!

Alors pas besoin de dire que je suis arrivé à la maison crevé, et avec évidemment encore une foule de choses à faire: suivis, courriels, téléphones… sans compter le texte de mon calendrier de l’Avent.

Je savais qu’il y aurait des jours où ce serait plus difficile, fatigué, sans trop d’inspiration. Comme ce soir.

Et pour ça non plus, ça ne s’est pas déroulé comme prévu!

Après avoir mangé une petite bouchée, je me suis assis devant la photo qui accompagnait le texte d’hier dans le but d’y trouver ce qui pourrait me servir de trait d’union vers une nouvelle image.

L’image de Léonard de Vinci? La tasse de café? Les crayons? Rien ne m’inspirait. Et j’avais beau me promener dans les photos qui se trouvent dans mon iPad et dans mon iPhone à la recherche d’une image à réutiliser… rien n’y faisait.

Toujours à la recherche de l’inspiration, mon attention s’est portée sur les enveloppes au bas de la photo.

Ça m’a fait penser que je devais sortir des timbres pour pouvoir mettre les cartes de souhaits que j’ai préparées hier après-midi à la poste.

Je me suis donc dirigé vers la pièce où j’ai travaillé, de la maison, jusqu’en novembre 2021. J’ai pris dans la bibliothèque la boîte où sont rangés les timbres… et au moment d’ouvrir la boîte… elle m’a glissé des mains et le contenu s’est répandu sur le sol.

Et là — surprise! Pas de timbres… mais plutôt un vrai fouillis! Et dans ce fouillis, une lettre inscrite sur une carte m’a sauté aux yeux! Le A sur l’As de pique! Comme celui sur la petite linogravure sur la photo d’hier!

L’image que je cherchais pour le texte d’aujourd’hui venait de se composer à mes pieds.

Je suis resté un moment à contempler le désordre.

Le fond d’un tube de crème pour les pieds;
Un petit cœur en verre rouge;
Le schtroumpf noctambule;
Une licorne;
Un écrou;
Un bout de ficelle;
Quelques pièces de monnaie;
Un paquet d’allumettes d’expo67;
Un stylo aux couleurs des Nordiques…
Des Jacks, des Queens…. mais, non… aucun Kings!

Et plus incroyable encore… la maniboule refaisait surface à nouveau!

La maniboule, c’est un objet fabriqué par ma mère (il y a une quarantaine d’années), qui a le mystérieux pouvoir de réapparaître de temps à autre, sans trop qu’on sache comment ni pourquoi. Je suis certain que même si on voulait la perdre, on n’y arriverait pas.

Mais comment donc ces objets ont pu se retrouver dans cette boîte, où il devait pourtant n’y avoir que des timbres?

Quelles sont les chances qu’un paquet d’allumettes d’expo67 se trouve à partager l’espace avec un vieux tube de crème pour les pieds (qui devrait être à la poubelle depuis longtemps!), un paquet de cartes aux couleurs de Mondrian… et la maniboule?

Je me suis dit que l’Univers tentait forcément de m’envoyer un message. Une invitation à dormir plus? À rêver plus? À aimer plus? À écrire plus? À jouer plus?

Qui sait si ma maladresse n’a pas été provoquée (par qui? par quoi?) pour me plonger dans ces réflexions? Un acte manqué?

Certains lisent dans les feuilles de thé, d’autres dans le marc de café, ou dans les lignes de la main — pourquoi pas dans le contenu d’une boîte renversée?

Et c’est là que j’ai remarqué, dans l’ombre de la boîte, le jonc d’argent que je croyais perdu depuis longtemps.

Je l’ai glissé à mon doigt.

Il a retrouvé sa place, comme par magie.

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

Cartes de souhaits

Depuis quelques étés, je consacre un après-midi à récolter les différentes fleurs qui poussent sur le terrain. Je le fais généralement au début du mois de juillet, pour pouvoir comparer un peu, d’une année à l’autre, la variété et l’avancement de la floraison.

Je place les fleurs entre les pages d’une vieille encyclopédie Grolier pour les laisser sécher plusieurs mois. La conception de cet herbier annuel est aussi une activité qui me relie à l’œuvre du Frère Marie-Victorin, aux plans scientifique et politique.

Ce matin, je me suis assis à ma table de travail avec l’intention d’utiliser certaines de ces fleurs pour confectionner des cartes de Noël. J’ai pris dans la bibliothèque le tome de l’encyclopédie dans laquelle j’avais placé la récolte 2021 et j’ai tourné les pages: aster, fraisier, roses sauvages, marguerites, vergerettes, vesce jargeau — bien conservées, prêtes à être utilisées pour une correspondance. Je récolte évidemment toujours au moins deux exemplaires de chaque plante pour pouvoir en conserver au moins un exemplaire.

En sortant mon matériel, j’ai eu une première surprise: une belle petite linogravure avait été placée sur la boîte de crayon. Je ne la reconnaissais pas… au verso, une date était inscrite, qui correspond au passage de deux amies, dont les initiales sont présentes dans l’impression. Il n’était pas encore 8h et la magie était déjà présente dans la pièce.

Pendant le survol de la récolte, une page m’a particulièrement frappé. La disposition du trèfle des champs séché m’a rappelé la couverture de Les villes de papier, de Dominique Fortier. Un merveilleux petit livre en hommage à Emily Dickinson.

Mais la véritable surprise ne s’est manifestée que quelques instants plus tard… quand j’ai réalisé qu’au bas de cette page de l’encyclopédie, il y avait la définition du mot violette… qui me permettait de faire le lien avec la photo d’hier. Magie, magie!

C’est quasiment comme si le calendrier de l’Avent existait déjà et qu’il guidait mon attention pour que je puisse vous la raconter…

Ça ne fait que trois jours que c’est commencé et c’est déjà une étonnante aventure… ça promet!

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

De précieuses bouteilles

J’ai toujours été fasciné par les bouteilles. Surtout celles dans lesquelles on distille les projets et les rêves.

Il y en avait une sur la photo d’hier d’ailleurs. L’aviez-vous remarquée? Elle était sur la petite table derrière le divan. Une belle petite bouteille d’un vert moiré, avec un petit bouchon formé par une goutte de verre translucide.

Presque tous nos visiteurs soulèvent le bouchon pour savoir ce que contient la bouteille. La plupart la referment aussitôt, concluant qu’elle est vide et qu’elle ne sert à rien. Et pourtant! Ils ne se doutent pas qu’ils viennent même de la remplir un peu plus.

Parce que cette bouteille conserve le souvenir de toutes les personnes qui sont passées chez nous.

Il m’arrive parfois de la placer sur la table et de l’ouvrir quelques minutes pour laisser s’échapper quelques souvenirs. Le silence dans la pièce est alors plus riche, plus dense. La mémoire s’active, les émotions et les sensations refont surface.

J’ai déjà écrit au sujet d’une autre petite bouteille colorée qui me sert à remuer les idées qui ont du mal à prendre forme. Ça leur permet de prendre plus rapidement leur envol.

À cette période de l’année, on peut même dire que les idées qui en ressortent sont teintées des couleurs de Noël.

Cette bouteille sera la vedette de la photo d’aujourd’hui:

Si vous n’avez pas de bouteille qui ne sert à rien dans votre environnement, je vous suggère fortement d’ajouter ça à votre liste de suggestions.

C’est vraiment le plus beau des cadeaux!

En tant qu’êtres humains vivant en société, on préfère croire que le temps est organisé et logique. Mais notre cerveau fonctionne d’abord par analogie. L’émotion et les sensations vont faire surgir un souvenir, sans que le temps soit précis. (…)

Si on doit absolument accoler une étiquette à mon travail, je préférerais les notions de slipstream [qui] renvoie à une forme de fiction spéculative qui s’éloigne des paramètres habituels de la narration et des genres, afin de mettre le lecteur dans une situation d’étrangisation par rapport au réel.

— Louis-Karl Picard-Sioui, dans XYZ, la revue de la nouvelle, numéro 156, Hiver 2024

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

La magie de Noël

Je triche un peu en publiant ce texte daté du 1er décembre… parce que je l’écris le matin du 2 décembre… mais puisque l’ami m’accordait un petit délai de grâce pour amorcer le défi, je le fais sans trop de gêne. Je tenais quand même à le dire, pour ne pas me faire reprocher de jouer avec les chiffres.

Pour moi, le plaisir d’un exercice d’écriture, c’est qu’il soit rédigé avec spontanéité, en se laissant guider par le récit qui s’invente à mesure qu’il s’écrit.

Pour que ça marche, il faut trouver un point de départ — une idée, une contrainte, qui va guider l’évolution de l’histoire. Il faut aussi que ça reste assez simple… surtout s’il faut écrire tous les jours, comme ici, sous la forme de calendrier de l’Avent. Parce que trouver du temps pour écrire de la fiction, dans des journées surchargées… ce n’est vraiment pas évident.

Le projet est encore plus amusant si la construction du récit devient l’occasion de porter un autre regard sur le quotidien, à la recherche de la magie qui reste autrement enfouie dans la routine.

Tout ça pour dire que la nuit de jeudi à vendredi a bel et bien porté conseil et j’ai trouvé ce qui sera le fil conducteur pour cette fois.

Les textes vont s’inspirer chaque jour d’une photo, avec comme contrainte qu’il y ait un élément commun pour passer d’une photo à l’autre.

Et comme il faut bien commencer quelque part, je m’impose comme première photo celle que je peux prendre devant moi à l’instant où j’écris.

Qu’est-ce qui sera le trait d’union vers la photo de demain? Le chat? Mes orteils? La photo accrochée au mur? La revue posée sur le divan? Le télescope? La vue du fleuve? Le mur de lambris?

Et comment ça pourra nous guider vers Noël?

Mystère.

Ce texte fait partie de mon Calendrier de l’Avent 2023

Défi accepté!

Juste au moment où je me préparais à fermer les dossiers pour aller me coucher, j’ai reçu un courriel inattendu:

Cet ami anonyme (je finirai bien par découvrir de qui il s’agit!) fait référence à un exercice d’écriture que j’avais fait en 2020 (en pleine pandémie): Mon théâtre matinal.

Tous les jours j’allais prendre une marche d’une trentaine de minutes, et je rédigeais au retour de courts récits, qui ont fini par composer toute une histoire. J’avais eu vraiment beaucoup de plaisir à le faire… et je sais que plusieurs lecteurs en avaient eu aussi.

Alors comment refuser le défi qui m’est lancé? Bien sûr que j’accepte!

Je fais confiance à la nuit pour me suggérer un bon point de départ.

À demain donc!

Mise à jourau fil du mois de décembre

Les textes de la série:

1er décembre — La magie de Noël

2 décembre — De précieuses bouteilles

3 décembre — Cartes de souhaits

4 décembre — Maladresse

5 décembre — L’esprit des lutins

6 décembre — La mitaine

9 décembre — On y est presque

10 décembre — Fables