Je ne sais pas trop quoi penser de la demande du Conseil supérieur de la langue française pour que les écoles québécoises appliquent progressivement la réforme de l’orthographe qui dort sur les tablettes, presque partout dans la francophonie, depuis plus de dix ans.
Je suis quelqu’un qui n’a pas peur du changement et des inconvénients qu’il entraîne inévitablement.
Je suis néanmoins sensible à l’opinion que relaie l’éditorial du Devoir de ce matin — sa conclusion, en particulier.
Je pense qu’au bout du compte, tout est question de priorités. Et il est vrai que, dans le cas présent, les écoles n’ont pas vraiment besoin d’une nouvelle source de polémique entre parents, enseignants et experts de toutes sortes. On en a déjà plein les bras avec le renouveau pédagogique et la volonté, de plus en plus partagée, d’adopter un modèle d’école plus ouvert sur la communauté.
Établir des priorités, c’est aussi ça, savoir où mettre l’accent.
Une telle réforme prendrais probablement des décénies avant d’être vraiment implanté. Ce n’est pas seulement les profs qui devront réapprendre à écrire les mots : ce sont les parents et toute la société. Sans compter qu’il faudra changer tous les dictionnaires et les grammaires (là je vois les éditeurs saliver!) et que si la réforme n’est pas adopté en France alors on va se retrouver avec deux orthographes pour chaque mot.
Hors on a même pas terminé l’implantation du système métrique ; je vois difficilement comment on pourrait réussir une réforme de l’ortographe.
Par contre, si la France l’adoptais on aurais pas trop le choix de suivre. Mais la réforme serait probablement plus aisé aussi.