Même parcours que tous les matins. Ou presque. Une rue plus à l’est. Et un peu plus détendu que je ne l’étais depuis quelques semaines.
La lumière change. La perspective aussi. Ce qui se cachait se révèle. Je découvre une autre ville.
Un photographe m’a déjà dit: « quand tu penses avoir devant toi un beau sujet, déplace toi d’un mètre, à gauche, à droite, en avant ou en arrière — tu trouveras souvent un angle encore plus intéressant. »
Quelques pas. C’est parfois tout ce qu’il faut.
l’hôpital où est morte Gabrielle Roy ?
Exactement! À l’arrière plan.
drôle d’endroit, dans ce surplomb venteux de la ville, au-dessus de l’usine à papier, avec toujours quelques membres du personnel qui se mêlent aux patients pour fumer la cigarette dans la cour, et en face l’Armée du Salut avec ces gueules cassées de trop d’aventures dans vos Amérique…
me suis toujours dit que c’était un de ces lieux, dureté comprise, concentration humaine, qui était en prolongement de l’oeuvre de Gabrielle Roy, mais la pauvre, elle n’est pas venue là pour ça…