Attaché ? dit le Loup.

Une rencontre récente m’a replongé, avec plaisir, dans l’univers des fables de Jean de la Fontaine.

Ma préférée, depuis toujours, est celle que me récitait régulièrement mon père quand j’étais enfant: Le loup et le chien. Encore aujourd’hui elle accompagne fréquemment mes réflexions et je la récite à mon tour à mes enfants.

Aujourd’hui, j’ai eu le goût de placer la fable ici pour faire honneur à tous ceux et celles dont les efforts et la vigilance nous assurent d’aussi nombreux espaces de liberté… et avec un grand pied de nez aux maîtres des illusions.

La semaine prochaine, je la relirai avec une pensée particulière pour tous les acteurs de ce mouvement.

Le Loup et le Chien

Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.

L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.

Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.

« Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d’assuré : point de franche lippée :
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin.  »

Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
– Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.  »

Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
– Mais encor ? – Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.

– Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
– Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.  »

Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

4 réflexions sur “Attaché ? dit le Loup.

  1. Merci pour cette fable.

    Au secondaire, en 1968, j’ai dû l’apprendre par coeur lors d’une retenue. Cela m’a pris 30 minutes; ma mémoire était tellement fraîche à l’époque. Mais aussi le contenu de cette fable était une motivation pour l’apprendre. 36 ans plus tard, je me sens encore comme ce loup…

  2. Moi aussi j’ai appris cette fable à la suite d’une retenue. Et 40 ans plus tard, elle vient m’aider dans mon travail à concevoir un concept devant appuyer la culture entrepreneuriale qui valorise la créativité, la débrouillardise, l’initaitive, le sens de l’effort, la confiance en soi, la motivation, la responsabilisation, l’esprit d’équipe et la solidarité. (Initiation à la culture entrepreneuriale, Septembre éditeur, Gouvernement du Québec, 2005)

  3. Moi aussi j’ai appris cette fable à la suite d’une retenue. Et 40 ans plus tard, elle vient m’aider dans mon travail à concevoir un concept devant appuyer la culture entrepreneuriale qui valorise la créativité, la débrouillardise, l’initaitive, le sens de l’effort, la confiance en soi, la motivation, la responsabilisation, l’esprit d’équipe et la solidarité. (Initiation à la culture entrepreneuriale, Septembre éditeur, Gouvernement du Québec, 2005)

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s