J’ai fait référence hier au texte Je tire ma langue au chat, de Mario Asselin, pour parler de notre relation à l’école. Un autre passage de son texte avait attiré mon attention:
« Je reviendrai plus tard sur la notion « d’éducation au délai » qui me paraît être une autre variable négligée dans les causes possibles des problèmes (s’ils existent) rencontrés. Cette dernière variable est cependant plus liée aux usages éclatés des TIC par les jeunes. »
J’aurais bien sûr pu attendre qu’il revienne effectivement sur le sujet (accepter un délai!), mais j’ai plutôt envie d’alimenter dès maintenant sa réflexion, de lui proposer quelques pistes — parce que je crois moi aussi que « l’éducation au délai » est une dimension fondamentale de l’apprentissage et du développement de l’autonomie intellectuelle… et que la vie dans la cité, pour reprendre mes termes d’hier soir, ne nous aide pas beaucoup à faire cet apprentissage — c’est le moins que l’on puisse dire!
Donc, Mario, je ne sais pas trop à quoi tu pensais en évoquant « l’éducation au délai », mais pour ma part, cela m’a d’abord rappelé l’expérience de la guimauve — the marshmallow experiment [présentation par une journaliste, analyse, référence au texte d’origine, commentaire sur un blogue]:
« Who would ever guess that a brief observation of a four-year old alone with a marshmallow would be an excellent predictor of college entrance exam scores — twice as good a predictor as IQ test scores? In one of the most amazing developmental studies ever conducted, Walter Michel of Stanford created a simple test of the ability of four year old children to control impulses and delay gratification.
Children were taken one at a time into a room with a one-way mirror. They were shown a marshmallow. The experimenter told them he had to leave and that they could have the marshmallow right then, but if they waited for the experimenter to return from an errand, they could have two marshmallows. One marshmallow was left on a table in front of them. Some children grabbed the available marshmallow within seconds of the experimenter leaving. Others waited up to twenty minutes for the experimenter to return.
In a follow-up study (Shoda, Mischel, & Peake, 1990), children were tested at 18 years of age and comparisons were made between the third of the children who grabbed the marshmallow (the « impulsive ») and the third who delayed gratification inorder to receive the enhanced reward (« impulse controlled »). » (source)
Les résultats de l’expérience sont étonnants, la corrélation entre la capacité à gérer l’impulsivité (à accepter un délai) à quatre ans avec les résultats scolaires quatorze ans plus tard est presque invraisemblable:
« The third of the children who were most impulsive at four years of age scored an average of 524 verbal and 528 math. The impulse controlled students who scored 610 verbal and 652 math! This astounding 210 point total score difference on the SAT was predicted on the basis of a single observation at four years of age! The 210 point difference is as large as the average differences between that of economically advantaged versus disadvantaged children and is larger than the difference between children from families with graduate degrees versus children whose parents did not finish high school! At four years of age gobbling a marshmallow now v. waiting for two later is twice as good a predictor of later SAT scores than is IQ. Poor impulse control is also a better predictor of later delinquency than is IQ (Block, 1995). »
Je soumets cela à ta réflexion… et je suis déjà impatient de te lire (vite, la guimauve!)
Et de façon complémentaire, puisque tu fais également un lien, que je trouve à la fois valable et exagéré (les TIC aussi ont le dos large!) avec l’utilisation que les jeunes font des technologies, je te soumets aussi la lecture du Slow Blog Manifesto et de cet article du New York Time, dans lequel on présente quelques-uns de ces adeptes: Blogging at a Snail’s Pace. En voici un extrait:
« A Slow Blog Manifesto, written in 2006 by Todd Sieling, a technology consultant from Vancouver, British Columbia, laid out the movement’s tenets. “Slow Blogging is a rejection of immediacy,” he wrote. “It is an affirmation that not all things worth reading are written quickly.” (…) Ms. Ganley (…) compares slow blogging to meditation. It’s “being quiet for a moment before you write,” she said, “and not having what you write be the first thing that comes out of your head.” »
Alors la guimauve que je t’offre, tu la manges tout de suite ou tu attends? ;-)
J’attends… mais je suis quand même allé lire sur orgtheory.net; vraiment bien cette expérience.
J’en aurai long à dire sur ce sujet.
Peut-être même que c’est toi qui devra attendre… il y a un projet de livre en ébullition… et ça touche ce sujet ;-)