Le 13 juillet le député de Jean-Talon et ministre de la Santé et des Services sociaux, monsieur Yves Boduc, annonçait:
« …que les établissements de santé et de services sociaux du Québec profiteront cette année d’investissements de 748,6 millions de dollars pour maintenir et rénover les actifs immobiliers sous leur responsabilité, ainsi que pour remplacer ou rehausser leur mobilier et leur équipement. » (source)
Il faut remarquer que plutôt que d’indiquer la part de cette somme qui relève des budgets normalement associés à la maintenance des établissements de santé et ce qui serait un véritable nouvel investissment dans le réseau, le ministre choisi d’inscrire son annonce dans le cadre d’une nébuleuse augmentation cumulative globale de ces budgets depuis l’élection du PLQ — un procédé pour le moins discutable dans un communiqué issu d’un ministère et non du Parti Libéral.
Le même jour, le député de Louis-Hébert et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, monsieur Sam Hamad, annonçait:
« que les établissements de santé et de services sociaux de la région profiteront cette année d’investissements de 100 460 261 $ pour maintenir et rénover les actifs immobiliers sous leur responsabilité, ainsi que pour remplacer ou rehausser leur mobilier et leur équipement. » (source)
Lui aussi parle d’une hausse cumulative des augmentations annuelles des budgets depuis l’élection du Parti Libéral.
Cinq jours plus tard, le même député en remettait encore en annonçant:
« que deux établissements de Québec profiteront cette année d’investissements de 12 156 540 $ pour maintenir et rénover les actifs immobiliers sous sa responsabilité, ainsi que pour remplacer ou rehausser son mobilier et son équipement. » (source)
Un troisième communiqué pour une même annonce, parce que le 12 millions fait évidemment partie du 100 millions, qui fait lui-même partie du 748 millions — qui est lui-même essentiellement composé de budgets réguliers du ministère de la santé, si je comprends bien.
Et ça été exactement comme ça dans plusieurs autres régions du Québec au cours des derniers jours: Côte Nord, Estrie, Outaouais, Montréal, Mauricie et Centre-du-Québec, et Chaudière-Appalaches.
Quand on additionne tous ces montants, on en arrive à presque 1,25 milliard de dollars d’annonces, par sept ministres, en moins d’une semaine! —tout cela pour annoncer, au fond, rien de plus que l’affectation d’un budget régulier pour la prochaine année plus, peut-être, une petite augmentation de ce budget, mais dont on ne connaît pas l’ampleur. Et malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucun communiqué en 2011 en rapport avec ce programme de maintien des actifs immobiliers, de l’équipement et du mobilier des installations du réseau de la santé et des services sociaux. Ni en juillet, ni à un autre moment de l’année. Ça semble être la première fois qu’on en fait un tel étalage.
Tout cela en plein mois de juillet, après que le premier ministre ait dit, il y a quelques semaines à peine, que le mois de juillet était fait pour se reposer et non pour faire de la politique.
Et malgré cela, le premier ministre nie encore être en campagne électorale.
N’en doutons plus: Jean Charest, Sam Hamad et bien d’autres ministres se moquent de nous.
Nous sommes déjà en élection.
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Important: rappel au sujet du contexte dans lequel je publie ce texte.
La parade des gros chiffres! Cela t’étonne tant que ça? Il me semble que c’est une stratégie politique qui est vieille comme le monde… Ce qui ne signifie pas que ce soit souhaitable, évidemment. Quant au PM qui nie encore être en campagne, c’est agaçant, certes, mais malheureusement, nous sommes dans un système qui fournit cette prérogative. Encore là, il est loin d’être le premier à s’en prévaloir. À quand des élections à date fixe comme aux États-Unies? Par rapport à cet élément spécifique, je crois que tu te trompes de cible. Le système encourage un tel comportement, et comme on est dans un domaine particulièrement stratégique, les gens vont utiliser à leur avantage ce qui est à leur disposition. Ç’a peu à voir avec le parti ou l’individu.
Je suis en partie d’accord avec toi Stéphane — le système est malheureusement ainsi fait pour le moment — mais pas jusqu’à accepter le mensonge calculé comme fondement d’une stratégie de maintien au pouvoir.
Ce n’est pas compatible avec le respect des institutions démocratiques.