Aveuglement volontaire

J’ai pris cette photo à bord du taxi qui nous conduisait de l’hôtel au Javits Center. Le reflet dans la fenêtre de la voiture en témoigne. Nous étions en retard.

J’aime New York, son énergie. C’est une ville brutale.  Une ville de hauteurs, de défis. Une ville sans demi-mesures.  Une ville right to the point. Une ville où les rêves viennent se frotter à la réalité.

Nous avions passé la journée précédente en réunions avec une multitude de personnes liées à l’industrie du livre. Nous avions eu des discussions très franches, sans complaisance, toutes marquées par l’ampleur des défis que pose par la place croissante du numérique dans les habitudes des lecteurs. Même les plus conservateurs de nos interlocuteurs étaient conscients que l’industrie était en train de se métamorphoser et que les transformations allaient encore s’accélérer.

Je me souviens avoir dit à mon collègue que la phase du déni était peut-être enfin terminée et qu’on pouvait espérer que la créativité de l’industrie états-unienne allait reprendre le dessus sur des réflexes plus conservateurs de protection des acquis — des réflexes normaux, certes, mais pas trop longtemps!

Et l’industrie québécoise allait probablement bientôt suivre dans la même voie.

* * *

Ce soir je me dis qu’il faudrait enfin y être à ce bientôt… parce que je commence à trouver qu’on fleurte pas mal avec le trop longtemps.

Je me désole de lire tant de personnes s’exprimer encore sur le livre numérique en se basant uniquement sur des impressions personnelles, sans s’y être vraiment intéressé et sans jamais faire d’efforts pour appuyer leurs opinions sur des faits. J’ai même parfois l’impression d’entendre le maire de Montréal: « je n’ai pas à savoir ça ». L’aveuglement volontaire. C’est tellement plus simple…

Et quand on me dit que l’industrie du livre a déjà suffisamment de défis à relever avec le livre imprimé et qu’on pourra s’occuper du numérique plus tard, quand on aura repris le dessus avec le bon vieux livre papier (« parce que de toute façon, le numérique c’est encore marginal »),  je ne peux que soupirer, très profondément.

Soupirer et me servir un verre de vin — parce que c’est samedi.

Et lundi je me retrousserai à nouveau les manches. Encore un peu plus.

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