Il avait fallu pour s’y rendre prendre un taxi — un petit taxi — un de ceux qu’on appelait six-fesses, parce qu’on ne pouvait pas s’asseoir quatre sur la banquette arrière. Il fallait alors que C. s’assoit sur moi pour la durée du trajet. La maman en avant, le papa et trois ados en arrière: inoubliable! Et c’était ainsi presque tous les jours à Montevideo. De beaux souvenirs.
Le taxi avait fait une crevaison en route pour le Parc. Il faisait très chaud et il y avait des hordes de moustiques assoiffés partout. Dure journée.
On a entendu les amies raconter comment elles avaient vécu la dictature… comment la famille de l’une avait pu bénéficier d’un asile politique en Ouzbékistan pendant sept ans… et comment le mari de l’autre avait été emprisonné pendant 4 ans. Entre autres choses. Leur sérénité en racontant cela était impressionnante.
Les enfants ont appris que sous la dictature, organiser un pique-nique comme celui-là exigeait une autorisation de la préfecture: nécessaire découverte de ce qui peut arriver quand on néglige la démocratie.
Et il y avait ces balançoires colorées sur lesquelles des dizaines d’enfants s’amusaient avec l’équilibre — déplaçant au besoin le levier sur le point d’appui pour tenir compte du poids de chacun. Sinon, c’est pas l’fun.
L’équilibre. La démocratie. La politique. L’apprentissage. Le jeu.
Et dire que le six-fesses a fait une autre crevaison au retour…