Le Parti Québécois a rendu publique mardi une proposition de plan d’action dans le but de mettre sur pied un nouveau Parti Québécois aussi tôt qu’en novembre 2019. C’est très ambitieux.
Malgré l’adversité dans laquelle la démarche est présentée, j’ai encore une fois envie d’y croire. D’autant plus que la proposition correspond, à bien des égards, à des souhaits que j’ai déjà exprimés au cours des derniers mois.
Je veux y croire, mais j’ai peur que cela se révèle encore une fois des vœux pieux parce que les dernières heures ont démontré à quel point ce sera difficile pour plusieurs militants d’accepter ce que ça représentera en terme d’ouverture aux points de vue d’autrui (c’est vrai à tous les niveaux de l’organisation).
Le parti dit aujourd’hui:
«Hormis l’indépendance, tout doit être sur la table.»
«Nous convions tous les indépendantistes du Québec à participer à ces chantiers.»
«…aménager des espaces de discussion ouverts à tous.»
Ce sont toutes de bonnes intentions, que je partage, sauf que pour que ça marche il va falloir faire plus que le dire. Il va falloir que ça s’incarne dans des gestes concrets.
Pour avoir une belle tablée ça ne suffit pas de tout mettre sur la table, il faut aussi donner le goût au monde de prendre place autour cette table.
Il faut aussi savoir faire preuve de bonnes manières.
Et ce n’est pas gagné. On est même assez loin du compte, je trouve.
Les 48 dernières heures n’ont certainement pas donné envie à beaucoup de monde de se joindre à notre gang pour le repas.
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Si le parti est sérieux dans son projet de métamorphose, il doit dès maintenant en faire son unique priorité.
Huit mois pour réinventer un parti qui décline depuis vingt ans, ça va demander qu’on y consacre toutes nos énergies et toutes nos ressources. Si on ne fait pas ça, c’est qu’on y croit pas vraiment ou qu’on n’est pas prêt à y consacrer toutes les énergies nécessaires.
Il faut arrêter de perdre de notre temps à critiquer la CAQ, QS et le PLQ. Ce n’est clairement pas la priorité pour les huit prochains mois.
Il faut arrêter de se laisser distraire par mille et un sujets, par Twitter et par l’agenda médiatique. Il faut surtout arrêter d’être obsédé par l’idée de gagner la journée.
À partir de maintenant, la priorité de tous les jours, de toutes les heures, devrait être de donner envie au monde de venir participer avec nous à la création d’un nouveau Parti Québécois.
Pour ça il va falloir se rendre fréquentable.
Réapprendre à être accueillant.
Inviter, écouter, accepter de débattre.
C’est uniquement à ça que devraient se consacrer tous ceux et celles qui sont en position de leadership dans ce parti — à commencer par les élus.
Il faut arrêter de sermonner, de bouder ou de faire de l’esprit aux dépens des gens qui expriment des points de vue qui ne vont pas dans le sens prévu ou souhaité.
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C’est bien beau de plaider la nécessité d’une nouvelle grande coalition autour du Parti Québécois — et j’y crois aussi — mais pour être crédible et légitime il va falloir qu’on commence par démontrer qu’on est capable de faire preuve d’un véritable esprit de coalition.
Ça presse.