Amusante coïncidence dans l’actualité du jour…
- Chantal Guy qui propose dans La Presse une façon de retrouver le goût de la lecture en une étape facile: s’éloigner des écrans.
- François Legault qui accède à la demande des jeunes caquistes en confiant au ministre délégué à la santé, Lionel Carmant, le mandat d’organiser un forum sur la dépendance aux écrans et de déposer un plan d’action avec des campagnes de sensibilisation (voir la fin de ce texte).
J’ai très hâte de voir de quelle façon la question de la dépendance aux écrans sera abordée lors de ce forum.
Parce qu’on peut aussi bien lire sur un écran que sur du papier — et que l’un n’est pas forcément mieux que l’autre.
Parce que c’est un enjeu qui concerne pas mal tous les groupes d’âges.
Parce que c’est un peu un raccourci de parler de dépendance aux écrans alors que c’est sur les mécanismes intégrés aux logiciels pour provoquer délibérément la dépendance qu’il y a surtout lieu de s’interroger (notification, likes, infinite scroll, etc.) — bien plus que sur la nature de la surface vers laquelle on pose notre regard.
La dépendance aux écrans est très certainement devenue une question de santé publique, mais je pense que c’est illusoire de penser y faire face uniquement par une meilleure sensibilisation des utilisateurs.
Il faudra vraisemblablement aussi exiger des développeurs d’applications un certain nombre de changements, et, pour ça, il faudra que le Québec se joigne à d’autres pays.
J’espère que cela fera partie du plan d’action à venir.
La dépendance n’est pas aux écrans, mais bien au contact humain, au divertissement et à l’information. Les fonctionnalités facilitent et amplifient la satisfaction de ces besoins.
La solution n’est donc pas la diabolisation de l’objet (dépendance aux écrans, interdire les écrans), puisque c’est alors le besoin humain que l’on diabolise et donc la culpabilisation que l’on encourage.
Les mots employés sont banalisés et dirigent l’attention ailleurs que sur la véritable situation.
Et la télé? Bien avant les ordis domestiques, on parlait de la dépendance à la télé, justement pour les mêmes raisons: des trucs intégrés aux émissions pour les rendre plus accrocheuses. Nihil novum sub sole.
Je partage tout à fait ton point de vue et les opinions partagées ici. J’ai un malaise avec l’expression « dépendance aux écrans », car le problème n’est pas là selon moi. Il faut voir plus loin dans un phénomène social, la recherche de la reconnaissance, de la satisfaction, de l’estime, etc. Est-ce parce que le monde réel échoue en ce sens?
@ana: bien d’accord.
@sylvain: oui, mais je pense tout de même qu’il y a une profonde différence avec la télé: dans la personnalisation des stimuli mobilisés pour favoriser la dépendance.
@riomarti: je trouve intéressant de poser la question comme tu le fais: à quel besoin non satisfait le numérique vient-il répondre? (c’est même un peu vertigineux comme question posée comme ça!).
Ce débat m’indispose au plus haut point. Surtout s’il est conduit en priorisant un angle médical, comme on pourrait s’attendre de Carmant. Comme il l’a fait avec l’âge légal pour la consommation de cannabis.
Les écrans réunissent ce que nous faisons hier dans plein de lieux avec plein de supports. Les écrans, c’est l’accès à la musique (ce qu’était notre bon vieux système de son, mais cette fois avec de la musique à l’infini). Les écrans, ce sont aussi les ami.e.s, comme l’était le terrain de jeux d’où nos parents avaient tant de mal à nous sortir). Les écrans, c’est la télé, la vidéo, les podcasts, les youtubeurs. C’est la lecture aussi, ce sont aussi les devoirs, les travaux en équipe, les recherches pour l’école. Bien sûr, aussi, les jeux, tantôt seul, tantôt avec les ami.e.s. C’est le glandage, le chillage, comme c’est aussi la culture et la socialisation. On peut tellement pas réduire l’écran à simple question d’heures d’exposition.
Mon 15 ans est né avec les écrans. Très jeune, il en a eu entre les mains. Pourtant, mous aurez de la difficulté à le coincer sur les questions de cinéma, sur la musique (même celle de plus de 40 ans), en histoire et même en politique, c’est un grand lecteur de livres (papier), un musicien talentueux et persévérant, tout en étant le premier volontaire pour milles activités parascolaires ou sportives. Et il joue en plus de nombreuses heures avec ces jeux vidéos. Pour certains, il passe nettement trop d’heures devant les écrans.
Non, le problème des écrans n’est pas une arithmétique des heures d’écrans. D’autant que ces écrans d’aujourd’hui risquent d’être radicalement différents dans 5-10 ans, tout comme les appareils et leurs usages d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce que c’était voilà 5-10 ans.
J’essaie de proposer dans ma ville de faire du soccer libre dans les parcs, gratuitement, avec les enfants et les parents… on me regarde comme un ovni.
Les écrans ont de beaux jours devant eux et une ‘commission’ n’y changera rien!