De la bauxite à l’alumine

Toujours dans mes recherches pour comprendre les déplacements du Nord Québec, j’ai appris que la bauxite doit d’abord être transformée en alumine avant de pouvoir être transformée en aluminium.

C’est un procédé qui requiert beaucoup moins d’énergie que la transformation finale, et qui peut donc être réalisée à proximité des gisements. C’est même le plus généralement le cas, si j’ai bien compris.

Les grands navires transportent donc plus souvent de l’alumine que de la bauxite. Cela comporte au moins deux avantages:

Le premier est l’efficacité: il faut à peu près quatre tonnes de bauxite pour faire deux tonnes d’alumine, pour produire une tonne d’aluminium. Transporter seulement l’alumine, sur de grandes distances, du Brésil ou de la Jamaïque, vers le Québec, par exemple, est donc deux fois plus efficace.

Le deuxième avantage: la partie la plus polluante du processus est la transformation de la bauxite en alumine. Si j’ai bien compris, il faut nettoyer la terre rouge avec de l’acide caustique et chauffer le tout pour produire une fine poudre blanche. Le procédé laisse derrière lui une quantité importante de boue toxique qu’on ne peut qu’entreposer dans de grands réservoirs / lacs, susceptibles de débordements et qui représenteront un danger à très long terme. En produisant l’alumine dans le Sud, on évite de devoir gérer ça au Nord — là où sont les alumineries

C’est un avantage… du point de vue du Nord — évidemment! On en reparlera d’ailleurs, parce que les conséquences environnementales assumées par le Sud dans la production de l’aluminium sont énormes — immorales même.

En lisant tout ça, je faisais donc l’hypothèse que le Nord Québec transportait de l’alumine… mais finalement, je pense que ce n’est pas le cas.

Je me souvenais avoir vu des photos de lac de boues rouges, au Saguenay… Un rapide coup d’œil sur Google Map m’a d’ailleurs permis de le repérer facilement.

Parce qu’il y a effectivement une affinerie d’alumine à Laterrière. Elle appartient à Rio Tinto. C’est une usine qui reçoit de la bauxite et la transforme en alumine pour toutes les alumineries du Saguenay — qui appartiennent toutes à Rio Tinto. Elle en produit probablement même un peu plus que ces alumineries en ont besoin.

Je fais cette hypothèse parce que ça pourrait expliquer que le Nord Québec avait fait un arrêt à Bécancour, quand je l’ai vu la première fois, le 31 juillet.

Il y a une aluminerie à Bécancour, mais qui ne peut recevoir que de l’alumine, pas de bauxite, je crois. C’est une usine qui appartient à Alcoa (75%) et Rio Tinto (25%) — ça pourrait donc avoir du sens qu’elle reçoive de cette façon de l’alumine transformée au Saguenay. C’est mon hypothèse.

Il y a une autre matière qui est essentielle dans la production de l’aluminium… le coke — une source de carbone… qui est d’ailleurs responsable de l’essentiel des émissions de CO2 des alumineries.

Ce sera le sujet du prochain texte.

2 réflexions sur “De la bauxite à l’alumine

  1. Il y a quelque chose qui me dit que tu n’auras peut-être plus autant de temps pour ton blogue… mais si tu termines ton trajet des composantes actuels de la fabrication de l’aluminium, jette un œil à ce que pourrait en être le futur: elysis, le projet de fabrication de l’aluminium qui n’émet pas de gaz à effet de serre. En fait, le principal « déchet » de la production de l’aluminium deviendrait… de l’oxygène! D’acheteur de crédit carbone les alumineries deviendraient des vendeurs. Profit avec la production du métal, et profit avec l’émission des déchets… https://www.elysis.com/fr/elysis

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s