Gris (et vert)

Une heure trente de lecture des journaux sur le iPad accompagnée de l’écriture de quelques courriels pour commenter certains textes dans le but d’alimenter des réflexions en cours avec des amis. Pause.

Prendre une gorgée de genmaicha.

Relever les yeux.

Father of the bride qui recommence pile à ce moment précis. Hold You Now.

Le vert qui perce à travers les champs. Le paysage qui défile.

C’est très gris ce matin, mais c’est aussi très beau.

L’aube

À 4h40, les yeux encore à demi fermés, ouvrir la porte avant pour aller chercher les journaux.

Whoa! — la lumière rosée, l’air frais, le chant des oiseaux enchantés qui se répondent d’un arbre à l’autre. Une sortie dans l’espace!

La scène est impossible à photographier avec le iPhone. L’intelligence du téléphone tente de corriger les couleurs transformées par l’heure du jour pour les ramener à la normale (si plus de monde se levait aussi tôt probablement qu’il aurait été dompté à ne pas le faire à pareille heure).

Plutôt ouvrir les yeux. Respirer. Écouter.

Le silence de la banlieue, le bruit de la ville au loin. La journée comme une promesse.

Les feuilles de vigne qui se découpent sur un début de ciel bleu.

Je n’aurais pas dû m’asseoir sur cette chaise. Me voilà les fesses mouillées par la rosée.

Avec un pyjama imperméable tout aurait été parfait!

Nicolet

Je suis arrivé d’avance pour l’événement.

Fenêtre ouverte, je relis mes notes au son de la rivière et du chant des oiseaux.

Le soleil plombe. C’est la pause.

Je suis trop loin pour reconnaître les gens qui sont rassemblés à la porte de l’hôtel… sauf certains, que j’arrive à identifier grâce à leur rire. C’est la plus agréable façon de reconnaître quelqu’un.

Malgré l’absence apparente de vent, une aigrette de pissenlit vient de se poser sur la clavier du iPad.

Ça me rappelle le dictionnaire Larousse posé sur le coin de mon pupitre en deuxième année.

Je sème à tout vent

A l’époque je n’aurais certainement pas compris l’émotion qui peut accompagner, à un autre âge, la trajectoire improbable d’une aigrette.

La saison…

C’est l’été (ou presque).

C’est la saison qui se prête le plus à savourer le moment.

Le moment fugitif où tout est parfait: la température, la lumière, le chant des oiseaux, l’odeur, la compagnie… Le moment où les nuages semblent raconter une histoire et où on voudrait que le temps ralentisse pour que ça dure un peu plus longtemps.

Dans ce temps-là, j’ai souvent juste le iPhone à la portée de la main, et je n’ai pas envie de garder les yeux dessus très longtemps pour ne pas rompre le charme.

Mais parce que ça vaut la peine de garder une trace de ces moments, et pour le plaisir de les partager, j’inaugure avec ce texte une série estivale de courts textes écrits à deux pouces — accompagnés chaque fois d’une photo prise droit devant moi.

Ce sera les moments fugitifs de l’été 2019.