Éducation permanente et cité éducative

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Page XXXV, de la version française numérisée (que m’a trouvée Jean Trudeau, merci!). L’emploi du gras est de moi.

« C’est pourquoi la Commission a mis tout l’accent sur deux notions fondamentales : L’éducation permanente et la cité éducative. Si les études ne peuvent plus constituer un ³tout² définitif qui se dispense et se reçoit avant l’entrée dans la vie adulte, quel que soit le niveau de ce stock intellectuel et l’âge de cette entrée, il faut alors reconsidérer les systèmes d’enseignement dans leur ensemble et leur conception même. Si ce qu’il faut apprendre est à réinventer et à renouveler constamment, alors l’enseignement devient l’éducation et, de plus en plus, l’apprentissage. Si apprendre est l’affaire de toute une vie à la fois dans sa durée et dans sa diversité, ainsi que de toute une société, en ce qui concerne tant ses ressources éducatives que ses ressources sociales et économiques, alors il faut aller encore au-delà de la révision nécessaire des ³systèmes éducatifs² et penser au plan d’une cité éducative. Telle est la vraie dimension du défi éducatif de demain. Il n’est pas sûr que les conservatismes culturels soient plus faciles à vaincre que les résistances économiques ou politiques Mais si, en face du prix, on mesure l’enjeu, comment refuser le combat ?

Or, de ce combat, nous possédons les moyens. »

De fils (web) en aiguilles…

Intéressante opportunité: intégrer continuellement dans un seul fil web presque tout ce que je rassemble d’information dans le cyberespace. Tant par mes lectures que par l’écriture.

Grâce à Feedburner, voici un fil web qui permet de suivre au quotidien:

– les meilleures pages Web que je découvre (et que je collige sur del.icio.us);
– les textes que je publie sur ce carnet;
– les principaux commentaires que je formule sur les carnets d’autrui (grâce à del.icio.us et à cette idée);
– les photos que je souhaite partager (et qui sont rassemblées sur Flickr).

C’est pas encore parfait… mais ça donne une idée des possibles.

Une prédiction? L’année 2005 sera marqué par l’apparition d’outils de gestion des fils Web infiniment plus évolués que ce dont nous disposons aujourd’hui. Même les plus puissants que je connais sont à la fois insuffisants et beaucoup trop compliqués… Je pense que tout reste à faire en ce domaine!

Surprises dans le rétroviseur

Relecture ce soir de larges extraits du rapport commandé à Edgar Faure par l’UNESCO au début des années 70. Le document, intitulé Apprendre à être, est rapidement devenu « un classique ». Il s’agit vraiment d’un ouvrage exceptionnel.

La copie que je possède appartenait à mon père. Sa belle signature orne la page de garde. Il a probablement lu ça au moment de ma naissance ou pas longtemps après puisque l’ouvrage a été publié en 1972 et que je suis né en 1973. Faudra que je lui pose la question.

Je savais déjà qu’on trouvait dans ce rapport une section intitulée « Vers une cité éducative ». J’ai même utilisé à plusieurs reprises dans les derniers mois le très court extrait suivant pour faire valoir mon projet de faire de Québec, justement, une cité éducative:

« La ville, surtout lorsqu’elle sait rester à la taille de l’homme, contient, avec ses centres de production, ses structures sociales et administratives, ses réseaux culturels, un immense potentiel éducatif, non seulement par l’intensité des échanges de connaissances qui s’y opèrent, mais aussi par l’école de civisme et de solidarité qu’elle constitue. » (p. 185 de la version française)

Je dois dire que, malgré cela, je m’émerveille de ce que m’a fait découvrir ma lecture de ce soir! En particulier:

1. Des réflexions sur « le projet éducatif » vraiment contemporaines, qui peuvent pratiquement être transposées 30 ans plus tard. Un exemple. On peut vraiment dire que toutes les bases de la réforme de l’éducation en cours au Québec aujourd’hui sont dans cet ouvrage.

2. Des propositions sur l’innovation en éducation qui appellent presque inévitablement l’utilisation de technologies inexistantes à l’époque… mais dont nous disposons aujourd’hui! Un exemple. (Je sens qu’il faudra que je précise ma pensée là-dessus!)

3. Une vision du changement qui correspond bien à celle que j’ai appris à me forger dans les dernières années et m’inspire particulièrement au moment d’écrire le livre qui me trotte dans la tête depuis tant d’années. Un exemple.

4. Aussi, une très sage invitation à ne pas se battre pour la cité éducative, mais d’en faire « un combat politique […] un appel à l’effort, à l’imagination, à l’audace conceptuel et pratique». Un extrait.

Note: comme j’ai trouvé une version anglaise numérisée du document (format pdf: 2 Mo environ) sur le site de l’UNESCO, certains extraits pourront y avoir été copiés-collés pour une raison de rapidité évidente.

Il est par ailleurs intéressant de noter que l’expression « cité éducative », choisie en français (langue maternelle de l’auteur principal du rapport) a pris la forme « learning society » en anglais.

Je dois dire que ça fait quand même un peu étrange de retrouver les sources évidentes du projet auquel on travaille activement depuis des années dans un ouvrage que lisait nos parents au moment de notre naissance…

Faut croire que l’éducation que j’ai reçue au fil des ans était au diapason des propositions de l’équipe d’Edgar Faure et que si je me reconnais dans ce texte et que j’oeuvre indéniablement à en concrétiser la vision (en bonne partie sans le savoir, jusqu’à ce soir!) c’est que j’ai vraiment appris à être de cette façon.

Faudra que je remercie (encore une fois) mes parents pour avoir été de si efficaces passeurs. Il ne me reste plus qu’à jouer humblement mon propre rôle dans cette grande chaîne de l’innovation pédagogique.

En ce début d’année 2005, je suis plus convaincu que jamais que c’est en tissant les liens entre certaines « nouvelles technologies » et l’idée de « cité éducative » que j’y parviendrai.

Réseaux de changement

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Il s’agit de la page 256 de la version française (que j’ai sous les yeux) ou 226de la version anglaise (en pdf ici)

« […] Telle est la problématique qu’il faut savoir définir si l’on ne veut être ni trop optimiste en imaginant qu’une modification globale suffit à entraîner des changement globaux, ni trop pessimiste en considérant que toute modification reste marginale par rapport à la force d’inertie du système. »

Lire la suite de « Réseaux de changement »

Prédire l’avenir / inventer des avenirs

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Page 191.

« On ne peut pas prédire l’avenir: on peut inventer des avenirs », a-t-on écrit. On dirait aussi bien: « On peut prévoir des avenirs; on doit choisir et vouloir un avenir ». Cela irait mieux dans le sens de ses pages, qui tendent à démontrer la nécessité, pour quiconque est appelé à participer au devenir de l’éducation, d’avoir une ample vision du fitur, conçu non comme une fatalité obscure mais comme une finalité lucide, et de discerner les voies qui y mènent, avec les bifurcations et les choix qu’offre et offrira le parcours — bref, de faire l’effort d’apercevoir aussi clairement que possible le chemin qui conduit des intentions aux réalités. »

Technologies et/ou mise en valeur des énergies populaires

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Il s’agit des pages 151 et 152 de la version française (que j’ai sous les yeux) ou 133 de la version anglaise (en pdf ici)

« Dans de nombreux pays, l’inexistence des infrastructures nécessaires à l’introduction de la technologie moderne, les coûts souvent prohibitifs […] constituent des obstacles sérieux […] Mais des expériences originales […] sont venues démontrer qu’il existe un autre chemin: celui de la mise en valeur des capacités créatrices de tous, grâce à de nouvelles formes d’organisation et de mobilisation des masses. […] »

Lire la suite de « Technologies et/ou mise en valeur des énergies populaires »

Une vision utopique?

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Page 186.

« Est-ce là une vision utopique? Oui, dans la mesure où toute entreprise qui vise à transformer des données fondamentales du sort des hommes contient nécessairement une part d’utopie; oui encore, si l’on considère que là même où pourraient se manifester dans un proche avenir de fortes volontées dans ce sens, et où les motens d’une telle mutation se trouveraient réunis, elle ne s’opérerait assurément pas du jour au lendemain. […]

Au demeurant, il n’est pas aussi paradoxal qu’on pourrait le croire de dire qu’il n’y a pas de bonne stratégie sans prévision utopique, en ce sens que toute vision lointaine peut être taxée d’utopie, et que pourtant il faut viser loin si l’on veut agir avec détermination et sagesse. »

Se battre pour une cité éducative?

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Page 187.

« Certes, toute conception novatrices de l’éducation se heurte à des obstacles […] et à de grandes résistances […] conscientes et inconscientes. D’ordre pratique et d’ordre métaphysique. De la part de traditionnalistes que leurs adversaires qualifient de passéistes, comme de la part de prospecteurs d’avenir que les autres traitent d’utopistes. De l’intérieur, au plan des structures éducatives, et de l’extérieur, au niveau des réactions politiques. Au nom de craintes légitimes, inspirées par la fragilité des mécanismes psychiques de l’enfance, et d’effrois injustifiés à l’idée des prétendus désordres qu’entraîneraient des réformes réelles. Il est vain de prétendre « se battre » pour une Cité éducative qui s’instaurerait un beau jour, toute formée et équipée, astiquée comme un jouet neuf, par la vertu de belles paroles. Tout au plus est-ce l’un des signes qui peuvent s’inscrire sur les bannières d’un rude combat politique, social et culturel, capable d’en créer les conditions objectives — un appel à l’effort, à l’imagination, à l’audace conceptuel et pratique. »

Les contours d’un projet éducatif pour le futur

Extrait du Rapport Faure (UNESCO, 1972). Il s’agit des pages 264 et 265 de la version française (que j’ai sous les yeux) ou 253-254 de la version anglaise (en pdf ici)

« En somme, voici quels sont les éléments essentiels des réformes et des transformations susceptibles d’êtres mises en chantier en ce début des années soixante-dix… »

Lire la suite de « Les contours d’un projet éducatif pour le futur »

Depuis le temps que j’en parle…

Profitant de la relative accalmie qu’offre la période de fin d’année, j’ai (finalement) commencé (pour vrai) le livre dont je parle depuis tellement longtemps. Et ça va plutôt bien.

Évidemment, il y aura dans les prochaines semaines un passage vers l’interactif, où le texte sera rendu public pour commentaires, améliorations, suggestions, réécriture. Il faut seulement prendre le temps de réfléchir comme il faut à la meilleure manière de le faire (parce qu’il y a bien des possibles!).

En attendant, je vais conserver dans une nouvelle catégorie « Notes de rédaction », quelques notes et extraits de textes que je compte utiliser dans les sections qui sont encore en rédaction.