Relecture ce soir de larges extraits du rapport commandé à Edgar Faure par l’UNESCO au début des années 70. Le document, intitulé Apprendre à être, est rapidement devenu « un classique ». Il s’agit vraiment d’un ouvrage exceptionnel.
La copie que je possède appartenait à mon père. Sa belle signature orne la page de garde. Il a probablement lu ça au moment de ma naissance ou pas longtemps après puisque l’ouvrage a été publié en 1972 et que je suis né en 1973. Faudra que je lui pose la question.
Je savais déjà qu’on trouvait dans ce rapport une section intitulée « Vers une cité éducative ». J’ai même utilisé à plusieurs reprises dans les derniers mois le très court extrait suivant pour faire valoir mon projet de faire de Québec, justement, une cité éducative:
« La ville, surtout lorsqu’elle sait rester à la taille de l’homme, contient, avec ses centres de production, ses structures sociales et administratives, ses réseaux culturels, un immense potentiel éducatif, non seulement par l’intensité des échanges de connaissances qui s’y opèrent, mais aussi par l’école de civisme et de solidarité qu’elle constitue. » (p. 185 de la version française)
Je dois dire que, malgré cela, je m’émerveille de ce que m’a fait découvrir ma lecture de ce soir! En particulier:
1. Des réflexions sur « le projet éducatif » vraiment contemporaines, qui peuvent pratiquement être transposées 30 ans plus tard. Un exemple. On peut vraiment dire que toutes les bases de la réforme de l’éducation en cours au Québec aujourd’hui sont dans cet ouvrage.
2. Des propositions sur l’innovation en éducation qui appellent presque inévitablement l’utilisation de technologies inexistantes à l’époque… mais dont nous disposons aujourd’hui! Un exemple. (Je sens qu’il faudra que je précise ma pensée là-dessus!)
3. Une vision du changement qui correspond bien à celle que j’ai appris à me forger dans les dernières années et m’inspire particulièrement au moment d’écrire le livre qui me trotte dans la tête depuis tant d’années. Un exemple.
4. Aussi, une très sage invitation à ne pas se battre pour la cité éducative, mais d’en faire « un combat politique […] un appel à l’effort, à l’imagination, à l’audace conceptuel et pratique». Un extrait.
Note: comme j’ai trouvé une version anglaise numérisée du document (format pdf: 2 Mo environ) sur le site de l’UNESCO, certains extraits pourront y avoir été copiés-collés pour une raison de rapidité évidente.
Il est par ailleurs intéressant de noter que l’expression « cité éducative », choisie en français (langue maternelle de l’auteur principal du rapport) a pris la forme « learning society » en anglais.
Je dois dire que ça fait quand même un peu étrange de retrouver les sources évidentes du projet auquel on travaille activement depuis des années dans un ouvrage que lisait nos parents au moment de notre naissance…
Faut croire que l’éducation que j’ai reçue au fil des ans était au diapason des propositions de l’équipe d’Edgar Faure et que si je me reconnais dans ce texte et que j’oeuvre indéniablement à en concrétiser la vision (en bonne partie sans le savoir, jusqu’à ce soir!) c’est que j’ai vraiment appris à être de cette façon.
Faudra que je remercie (encore une fois) mes parents pour avoir été de si efficaces passeurs. Il ne me reste plus qu’à jouer humblement mon propre rôle dans cette grande chaîne de l’innovation pédagogique.
En ce début d’année 2005, je suis plus convaincu que jamais que c’est en tissant les liens entre certaines « nouvelles technologies » et l’idée de « cité éducative » que j’y parviendrai.