Le livre numérique, la poule et l’oeuf

Je prends quelques minutes en commençant la semaine pour noter quelques pistes de réflexion que la semaine dernière m’a inspirées (voire quelques leçons à méditer) .

Les attentes des acheteurs de livres numériques par rapport à la simplicité du processus d’achat sont extrêmement élevées

Ceux et celles qui se sont habitués à acheter de la musique, des vidéos et des applications sur le iPod/iPhone/iPad, sans avoir à entrer son numéro de carte de crédit à chaque fois (voire sans même devoir s’identifier chaque fois) s’attendent à trouver partout ce même niveau de simplicité. On nous a même demandé de pouvoir acheter des livres sans utiliser de carte de crédit (avec des cartes prépayées, type iTunes). Ce sera un défi très important pour les libraires dans les prochaines semaines.

Les personnes intéressées par les livres numériques aujourd’hui semblent trouver les prix trop chers

Je connais les raisons qui font que les éditeurs établissent ces prix. Je comprends leur raisonnement. Et je pense que les attentes des premiers consommateurs à s’exprimer sur le sujet sont exagérées… mais je dois constater que c’est un commentaire qui est presque systématique à l’heure actuelle.

Les gens semblent prêts à sacrifier les libraires pour pouvoir acheter moins cher (et plus simplement).

La vaste majorité des commentateurs s’expriment comme si le monde du livre numérique était complètement distinct du monde du livre imprimé — comme si les éditeurs pouvaient réfléchir le numérique sans tenir compte du papier, comme s’il n’y avait pas une très forte interdépendance des acteurs de l’écosystème du livre. Je le déplore, mais je ne peux évidemment pas penser que tout le monde prenne le temps de développer une vision macroscopique de ce secteur économique… il faudra en tenir compte, mais continuer à faire nos choix — et vivre sereinement avec les critiques inhérentes. Pareil avec les critiques qui croient « que l’on cherche d’abord à faire plaisir à la chaîne du livre et à ne froisser personne plutôt qu’à faciliter l’accès aux livres numériques au consommateur » — et cela, au détriment du lecteur/consommateur.

Je ne peux bien sûr pas être certain que l’histoire nous donnera raison d’adopter un point de vue aussi fondamentalement basé sur l’interdépendance des savoirs-faire traditionnels de ce qu’on appelait la chaîne du livre (et que je préfère appeler l’écosystème du livre) mais je reste convaincu que les lecteurs et consommateurs y gagneront si on arrive à mettre ces gens en mouvement ensemble pour redéfinir leurs rôles — au lieu que cela ne se fasse détriment de l’un ou de l’autre… même si, bien sûr, cela prend un peu plus de temps.  Certes, on peut souvent aller plus vite chacun de notre côté, mais on va plus loin ensemble. J’y crois.

* * *

Ces quelques paragraphes regroupent, en d’autres termes, plusieurs des interventions que j’ai faites sur Twitter et sur différents blogues au cours des derniers jours, notamment ici (en particulier ma réponse @Alex), ici et — des interventions qui avaient le plus souvent pour objectif de clarifier la confusion entre l’application La hutte, et le processus d’achat sur le site Web des libraires.

Plusieurs personnes m’ont dit au cours des derniers jours que j’avais dû trouver la critique difficile à prendre… eh bien pas du tout — nous savions très bien que nous prendrions des baffes en empruntant un chemin inattendu pour permettre la vente de livres numériques sur le iPad. Nous avons beaucoup appris, les libraires aussi. Je souligne d’ailleurs les efforts de l’équipe de livresquebecois.com qui a apporté rapidement plusieurs modifications à son site afin de tenir compte des réactions des premières personnes à acheter des livres à partir de La hutte (bien sûr, il reste beaucoup à faire… et ils le savent… mais on avance!).

* * *

On voudrait que les librairies sachent commercialiser des livres numériques, mais pour cela il leur faut les éditeurs en mettent à leur disposition… et pour stimuler les éditeurs à faire cela, il faudrait que les libraires en vendent déjà beaucoup… c’est l’histoire de la poule et de l’oeuf…

Dans ce contexte, je demeure convaincu — et l’équipe de De Marque avec moi — que:

pour que les libraires puissent rapidement bien faire le commerce des livres numériques, il faut leur offrir l’occasion d’apprendre à le faire, au contact de la réalité — et, cela, dès que possible.

pour que les prix des livres numériques s’ajustent aux attentes de la clientèle, il faut d’abord et avant tout qu’ils soient offerts à la vente — et, cela, dès que possible.

Et que, pour ces deux raisons:

il faut persévérer dans l’idée qu’un projet qui permet à de nombreux acteurs de faire de petits pas dès maintenant — même imparfaits — vaut mieux qu’un projet en théorie plus parfait qui n’existe pas encore.

C’est toujours le premier pas qui est le plus difficile à faire…

12 réflexions sur “Le livre numérique, la poule et l’oeuf

  1. bien sûr, Clément, toutes ces questions sont ouvertes, et tu ne peux pas nous reprocher de les ouvrir

    hommage et respect à toi en particulier, dont l’intervention très concrète, l’agrégateur ANEL, les plateformes EDEN, ont permis à toutes ces expériences de venir au grand jour : aucune idée donc de polémique

    reste pas moins que :

    1, le prix – le numérique c’est une chaîne de coûts complètement distincte de celle du papier – en particulier, le rôle de l’auteur, ce qu’il prend en charge en amont, ce qu’il contribue à propulser en aval, est très différent – aux US le taux plancher de rémunération auteur c’est 20% des recettes, pas question de cautionner une transposition où l’auteur reste à 11/14% des recettes

    1 bis, le prix encore – changer de paradigme : le numérique n’est pas un équivalent papier – le numérique ne mange pas le papier, il le complémente – pour nous auteurs, comme pour les musiciens d’ailleurs, nous sommes dans une nouvelle configuration où les revenus « live » (lectures, articles, stages, radio) représentent bien plus que les droits d’auteur, et donc l’idée de disposer de vastes bassins de ressources gratuites sur le web est une garantie artistique, et non une dépossession – l’idée de vaste diffusion à un coût réduit (moins de 6 euros : mais 1/3 auteur, 1/3 éditeur + distributeur, 1/3 pour tuyaux et taxes ça nous laisse encore largement ce qu’on touche sur un livre papier vendu 20 euros…) me paraît tout à fait viable : le « tarif livre – 20% » du lobby éditeur est une aberration du simple point de vue économique

    2, le produit – nos échanges de ce matin : j’achète 3 livrels de Novarina via cascade EDEN->ePagine->prime à 1 libraire, en l’occurrence bibliosurf, je paye 40 euros, soit quasiment le prix papier (pas grave, les bouquins de Valère j’en ai constamment besoin) – or, pour ce prix, même pas de table des matières, pas de recherche plein texte, et comble du mépris, même pas le droit de copier 3 lignes alors que j’utilise sans cesse ces textes dans mes interventions pédagogiques – vous vendez un moulin à café à manivelle au temps des cafetières expresso… y a quand même un problème

    3, les libraires en France c’est ma génération, de vieux et très proches amis – ceux du groupement autrefois nommé « l’oeil de la lettre » – là où la librairie est vivante dans la ville, recevant des auteurs et autres artistes, s’impliquant dans la vie citoyenne, on a toujours plaisir à aller toutes les semaines chez son libraire, j’ai hâte d’être revenu à papoter avec le mien à Tours la semaine prochaine : ceux-là ne craignent rien, et on leur achètera toujours des livres (cf données RA : en France, 1300 éditeurs proposent 1,2% du CA édition) – quand on cherche un titre Gallimard et POL et qu’on nous dit : « à quel libraire voulez-vous accorder sa commission » on met la machine à l’envers, vous les faites passer pour des mendiants, on leur accorde une aumône non justifiée par une nécessité technique : si vous ne rectifiez pas le tir très vite, la notion d’écosystème que tu défends, et à laquelle je souscris, même si je l’analyse autrement, viendra se briser contre ce 1er axiome économique : le non justifié techniquement ne peut pas résister

    3, la séparation éditeur/libraire est très récente – des configurations de proximité édition/librairie (tiens, Septentrion avec son escalier dans la librairie Vaugeois) et ça peut se refusionner très vite, Olivieri en prend le chemin, en France Ombres Blanches, Mollat et Dialogues aussi – l’écosystème lui-même se reconfigure – et c’est là où il y a le plus à inventer, et les outils que toi et ton équipe ont forgés, incroyablement sous-exploités par vos clients français, pourront alors donner leur pleine dimension

    4, le problème « chaîne du livre » ou « écosystème du livre » ce n’est pas le passage de chaîne à écosystème, c’est le singulier complètement artificiel « du livre » – il n’y a plus de singulier – l’industrie « du » livre, avec ses livres de cuisine, ses albums sur Céline Dion ou les coupes de footockey, et les bestsellers US à consommation rapide, je m’en « pèle » (retour au français oral, ces jours-ci, je me réhabitue) – ils me polluent les librairies – ce qui compte pour moi c’est comment défendre, inventer avec la littérature et ce qu’elle déchiffre du monde – ça passe de plus en plus par le web : combien d’éditeurs et libraires pour l’avoir compris, et s’impliquer personnellement et directement dans le web ?

    et pour finir : on ne coupe pas d’une recomposition globale – la « masse sociale » de la lecture est globalement fixe, elle se redistribue avec une large part Internet, ça vaut pour la presse et les savoirs comme pour la littérature – on n’a pas encore atteint le point d’équilibre – dans cette recomposition, les « produits » à inventer (voir ce qu’Adobe propose avec son « publishing lab ») c’est considérablement excitant – les structures d’édition industrielle lourdes ont du mal à prendre le pas, mais continuent d’écarter les « outsiders » qui naissent via cet élargissement du jeu, et quelques-uns des « petits » éditeurs (tiens, Septentrion encore) sont prêts à rentrer dans le jeu – aucune barrière artificielle ne pourra endiguer ce mouvement : le lecteur N’EST PAS un consommateur, le lecteur est aujourd’hui un inventeur, à ceux qui monopolisaient la diffusion des objets culturels de le comprendre, ou pas

    en frère

  2. Bravo Clément, tu résume bien la problématique actuelle. Afin d’éviter que le marché du livre québécois ne disparaisse en une décennie, et par la suite, la langue française purement et simplement, il faut que les éditeurs et libraires québécois fournissent aux consommateurs des livres numériques… autrement, les consommateurs achèteront ce qui est disponible. Le phénomène est déjà perceptible dans les statistiques de l’observatoire de la culture, les ventes de livres en anglais progressent au Québec.

    Mommy mommy, how come we lost the game
    Oh mommy mommy, are you the one to blame
    Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
    Much too late

    Paroles: Gilles Richer et Marc Gélinas (1971)

  3. je m’aperçois que ce qui m’a chiffonné dans ton billet et fait réagir tout à l’heure c’est l’expression « les gens semblent prêts à sacrifier les libraires pour pouvoir acheter moins cher » – mais les libraires sont parfaitement capables de vendre massivement des livres à 2 euros ou 5 euros et ce n’est pas d’aujourd’hui : la place des livres de poche dans les plus belles librairies qu’on connaît est énorme, populaire, et vivante (Folio 5,5 euros, Librio ou 1001 Nuits 2 euros), je ne peux accepter cet argument : proposons à 5 euros ou $ des textes numériques, et les libraires y trouveront parfaitement leur compte, bien au contraire…

    2 PS et après je ne viens plus t’encombrer :
    – ai eu bonnes pensées pour Daniel avant-hier sur traversier île aux Coudres, voyant les guides Ulysse aux mains de plusieurs passagers, que voilà bel exemple proximité et dialogue lecteur non pas sempiternellement considéré comme « consommateur »
    – je ne peux accepter non plus cette culpabilisation latente dans ton billet « si vous êtes trop maladroits pour vous servir de notre interface » – j’utilise énormément les services web marchands, billets d’avion, hôtels, mais aussi mes mises à jour logiciels, mes achats de fonts, gestion de mon compte PayPal etc… mais le chemin de croix « Adobe Digital Editions » pour transporter un brave PDF de mon Mac à ma Sony, en faisant bien attention de ne pas manger mes 6 cartouches pour quand j’aurai un ordi neuf etc, non, je ne peux pas accepter…

  4. François, tu seras peut-être surpris, mais je suis d’accord avec l’essentiel des propos de ton premier commentaire:

    Bien sûr que je ne reproche à personne d’ouvrir ces sujets, mêmes les plus polémiques. Et tu te doutes bien que je ne viendrais pas réunir ici tous les éléments d’une discussion si je craignais les échanges.

    (point 1) Au sujet du prix et de la rémunération des auteurs il y a bien des façons d’analyser cela et je n’en suis pas spécialiste. Ce qui me semble important, en revanche, c’est que ce soit l’éditeur qui détermine le prix des livres, pas le détaillant.

    (point 1 bis) Je ne sais pas jusqu’à quel point la réalité que tu décris de « revenus live » est partagée, ni si elle est souhaitée par une majorité d’auteurs, mais il est certain que cela ouvrirait des perspectives intéressantes.

    (point 2) Concernant les contraintes et verrous numériques (dits DRM)… je n’ai jamais fait de secret que je n’en suis pas un très grand partisan. Je pense que cela est parfois nécessaire, mais que cela devrait être plutôt l’exception que la règle. Les éditeurs québécois adoptent très largement ce point de vue à l’heure actuelle. Cela dit — et par delà mon point de vue personnel — je pense que le plus important est de dire qu’encore une fois, l’utilisation ou pas de DRM doit être un choix de l’éditeur, c’est lui qui sait si le livre qu’il a produit requiert ou non ce genre de protection (fonction du type d’ouvrage, de l’attitude de son auteur, etc.). Pour nous, c’est très clair, c’est un choix éditeur, pas un choix de la plateforme de distribution ou du détaillant. Évidemment, c’est ensuite aux acheteurs de ces fichiers d’exprimer leur point de vue sur le sujet — ce que tu fais très bien ;-)

    (point 3) Tu as raison de dire que le rôle du libraire sur le Web / dans le domaine du livre numérique ne peut se résumer à « recevoir une commission » selon le bon vouloir de l’acheteur. C’est le rôle réel du libraire dans le numérique qui doit nous intéresser. Le fonctionnement que tu décris peut toutefois être une étape transitoire — il me semble.

    (point 4) Ok pour la littérature que tu défends avec vigueur — ce dont ton blogue témoigne avec éloquence. Je ne peux toutefois pas m’empêcher de rappeler que d’autres types de livres répondent aussi à d’autres besoins/intérêts et qu’il convient aussi de s’y intéresser — notamment dans une perspective éducative… et également d’un point de vue économique.

    Quant à ton affirmation selon laquelle le lecteur « n’est pas un consommateur », je dirais que tu as raison de dire « qu’il n’est pas qu’un consommateur » — mais tu dois bien reconnaître qu’il en est aussi un, ne serait-ce que parfois, ne serait-ce qu’indirectement. Mais un inventeur aussi, certes. J’aime beaucoup qu’on le présente ainsi — j’adopte!

    Au sujet de ton deuxième commentaire…

    Quand je dis que les gens sont prêts à sacrifier le libraire pour payer moins chers, c’est en réaction à de nombreux commentaires reçus dans les derniers jours dans lesquels les gens me disaient que les livres seraient moins cher s’il n’y avait pas la part des libraires — ou encore que nous devrions vendre directement dans La hutte sans passer par le libraire, que ce serait plus facile et moins cher, etc. Je ne doute pas que les libraires peuvent vendre des livres à quelques dollars… c’est plutôt le rôle même du libraire qui me semble parfois remis en question. Et c’est ce qui m’inquiète… on risque de perdre de vue la pertinence du libraire.

    Et pour terminer… je m’étonne que tu aies pu lire dans mon texte une « culpabilisation latente » ou quelque forme de « si vous êtes trop maladroits pour… ». Encore une fois, je me fais plutôt le défenseur des solutions simples (et du moins de verrous numériques possible). On travaille très fort aussi avec comme perspective de ne jamais culpabiliser l’utilisateur.

    On arrive pas toujours à faire aussi simple qu’il le faudrait — et parfois on se barre momentanément les pieds dans notre vision à long terme (les difficultés d’utilisation de La hutte en sont vraisemblablement un exemple!) — mais jamais je ne ferai porter le poids de cela sur la maladresse de l’utilisateur.

  5. dont acte, Clément, et effectivement machine arrière pour ce que tu disais de l’attente justifiée d’une « interface simple » – et rien à voir dans cette discussion avec cette prouesse à la fois technique et « écosystémique » qu’est la Hutte, dont j’ai parfaitement compris l’enjeu

    pour ce qui est « du » livre, il n’y a nulle exclusive dans ce que je disais – très conscient que la littérature générale ne représente qu’à peine 37% je crois du marché de l’édition, dont je crois 18% pour la littérature française, et sachant que 1,6% des titres y représentent 50% des ventes, pour nous aussi, côté création contemporaine, il y a en jeu de survie à sortir de la « chaîne du livre » qui a bien d’autres préoccupations

    par contre je suis de plus en plus à cran contre cette approche par le vocabulaire à la mode, consommation, « marché » – ce n’est pas ça qui me détermine et les questions concernant les contenus sont beaucoup trop absentes

    quant aux DRM…

    en amitié pour la journée neuve

  6. Amusant, François, de constater que nous avons chacun notre vocabulaire honni. Tu dis être à cran contre l’idée de consommation et de marché — qui ne me choque pas — alors que dans mon cas, c’est l’idée de « contenus » qui me désespère.

    Un contenu, c’est tout et c’est rien à la fois… et ça se défini trop souvent comme ce qui remplit un contenant — Je n’aime pas qu’on parle ainsi indistinctement des oeuvres de l’esprit. Etu on risque de donner ainsi beaucoup trop d’importance aux manufacturiers (les fabricants de contenants) dans « l’écosystème du livre ».

  7. un point pour toi – j’aurais dû dire : l’exigence des contenus, ou la pertinence des contenus, le plaisir qu’on a à lire une page web ou un bon livre – ou encore : pour quel savoir, quelle création, quel enjeu esthétique ou citoyen déployons-nous ces objets neufs ?

    j’aurais aimé t’entendre plus sur cette « phase transitoire » : pour ma part, nous diffusons directement nos textes, mais acceptons bien sûr large cercle de diffuseurs, dont les libraires (ePagine en fait partie) – tout le monde vend au même prix (nous l’avons d’ailleurs rehaussé légèrement pour être au même seuil que l’iBookStore), et je considère que nos auteurs y gagnent, puisque même s’il y a commissions en cascade (et ce n’est pas neutre, pour un abonnement bibliothèque notamment) le cercle de diffusion s’élargit à un public que nous n’aurions pas su rejoindre

    cela nous pose en France un problème juridique : pour les « oeuvres de l’esprit » les contrats doivent s’appliquer au prix de vente et non aux recettes nettes, on essaye de faire avancer le dossier

    mais c’est ce que je trouve très bizarre dans la fonction « choisissez le libraire que vous souhaitez commissionner » : si j’accède au catalogue via le site de la librairie, il est « déjà » l’interlocuteur, c’est lui qui m’a éveillé le désir, suscité la prescription, et tant mieux – si j’accède au catalogue via la prescription ou médiation d’un site web de littérature, d’un organe de presse, d’un éditeur, la démarche devient artificielle – les libraires dynamiques (voir chez nous Dialogues ou Ombres blanches, ou Bibliosurf) savent susciter ce désir – par exemple, la fonction « par défaut » qui géolocalise le « libraire le plus proche » c’est une prime de situation aberrante (le libraire le plus performant n’est pas forcément celui qui est le plus proche de mon domicile, même à Québec) mais bon, ça ne me regarde pas, puisque j’ai choisi un autre système : juste – pour ça que j’aime bien et défends la démarche de http://www.bibliosurf.com – des formes nouvelles de librairie apparaissent aussi, et celles-ci ne craignent pas l’irruption numérique

    reste quand même, pour les « contenus », la nécessité d’un contrat clair sur ce qu’on achète : créer une table des matières interactive sur un PDF type Valère Novarina « Vous qui habitez le temps » que j’ai acheté via Eden/ePagine, ça prend 8 minutes, une fonction « recherche plein texte » et le copier/coller dans le cadre du « fair use » ça me paraît une exigence légitime dans le cadre du contrat commercial – le passage par Adobe Digital Editions et l’absence de ces fonctions élémentaires porte préjudice à l’ensemble de la communauté numérique

  8. Bonjour Clément,
    Pour ma part, je me permets en toute amitié de te faire quelques remarques principales sur l’application de lecture elle-même, ou sur les fichiers peut-être :
    – le design copié sur iBooks ne peut que susciter la comparaison avec Apple…notamment sur la partie achat qui a déclenché tant de commentaires…
    – pas d’autre métadonnées dans la bibliothèque que le titre et l’auteur : il manque à mon avis l’éditeur et la date (ou année) de parution
    – la qualité visuelle n’est pas excellente : la couverture est floue dans la bibliothèque alors qu’elle est de bonne qualité à l’ouverture du PDF. De même quand on zoome sur un PDF, le texte est pixellisé, est-ce que cela veut dire que c’est une image ? ou bien est-ce la résolution qui est compressée au maximum ?
    – aucune table des matières dans le fichier

  9. Bonjour Xelle,

    D’abord merci, j’apprécie vraiment que tu aies pris la peine de noter ces quelques points. Réactions, rapidement:

    – je note pour le fait que nous avons peut être « suscité la comparaison avec Apple », c’est un bon point.

    – pour les métadonnées c’est aussi un bon point, que nous devrions pouvoir corriger sous peu.

    – sur les couvertures, je vais vérifier la cause. Dans le cas du zoome, nous savons et travaillons sur une solution pour améliorer la situation aussi rapidement que possible.

    – sur la table des matières, l’appli la gère très bien, mais c’est à l’éditeur de la documenter adéquatement dans les métadonnées du fichier. Cela dépend donc du fichier que tu as acheté pour faire ton test.

    Quelques améliorations à venir sous peu…

  10. Mon grain de sel dans cette belle discussion d’experts ;-)

    Les prix. Je suis un de ceux qui trouve que les prix pour la musique numérique sont trop élevés. Je me suis organisé un écosystème d’achat pour le contrer : eMusic, marché aux puces, boutiques d’usagé et, oui, à l’occasion le magasin de disque traditionnel (je numérise moi-même les 3 dernières sources). Mais jamais de musique numérique à 1 $ la toune et surtout jamais, jamais de musique numérisé et sous verrou DRM.

    Tout ceci pour dire que j’ai le même raisonnement pour le livre. Pour l’instant, je n’ai que des livres en PDF et sous licence libre que je lis oh sacrilège, non pas sur un produit Apple, mais sur mon petit Netbook Lenovo. J’espère bien acheter des livres numériques bientôt quand le prix ne sera pas presqu’égal à la version papier et quand la manipulation (changer d’ordi) sera facilité par la disparition des DRM ou que le DRM sera généreux de ce côté.

    Les libraires. Je n’ai pas encore trouvé le rôle du libraire dans le processus d’achat d’un livre numérique. Je continue à lire sur le sujet… quelque chose m’a peut-être échappé. D’un autre côté, je crois que ce serait une perte pour notre société que de perdre les libraires. Un dilemne que je n’arrive pas à résoudre.

    Ceci dit, je crois que votre projet est porteur et te connaissant, je sais que tu sauras t’adapter à la demande, chemin faisant. Bravo pour l’initiative.

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