Le Devoir nous offre ce matin sous la plume de Dominic Tardif, une réflexion sur la tendance à la publication de textes courts — et sur l’influence du numérique sur ce phénomène.
Chérie, j’ai réduit le texte | Le Devoir | 22 janvier 2016
René Audet, professeur à l’Université Laval (et mon beau-frère!) est cité dans l’article, pour une réflexion sur l’évolution de la forme du livre, que j’ai relayée sur Facebook un peu plus tôt ce matin…
Le livre s’est construit dans le dernier siècle autour d’un modèle : 200 ou 300 pages, un sujet et un auteur. C’est la triade la plus forte symboliquement, mais qui n’a aucune raison d’être en soi. La beauté de l’influence du numérique, c’est de flexibiliser ce modèle-là.
…mais c’est une deuxième citation qui m’amène à pousser un peu plus loin la réflexion ici:
[il se réjouit] de voir dans un recueil comme 11 brefs essais contre l’austérité (Somme toute) «l’idée d’une forme de synthèse, de temps d’arrêt proposé par une voix collective au lecteur, qui ne se trouve plus dans la position de celui à qui on fait la morale, mais plutôt de celui qui peut construire son jugement à partir de propositions plurielles».
Cette réflexion sur le défi de construire son jugement dans un environnement médiatique surchargé m’a ramené à l’esprit un échange que j’ai eu un peu plus tôt cette semaine, dans un tout autre contexte.
C’était un dîner de travail autour de l’importance de la diffusion par l’État de données publiques. Parce qu’il faut en permettre l’utilisation par les citoyens — et par les entreprises afin de développer des services à l’intention des citoyens. Mon interlocuteur plaidait que non seulement la publication de ces données était un enjeu démocratique (de transparence de l’État), mais que cela pourrait aussi contribuer à assainir le débat public.
Il disait, pour l’essentiel, que si tout est aujourd’hui devenu affaire d’opinion dans le débat politique au Québec, ce n’est pas étranger au fait qu’il y a assez peu de données chiffrées, facilement accessibles, pour décrire la nation québécoise. Et pourtant, elles existent ces données, bien enfouies dans des serveurs informatiques. Cela contribuerait à la prolifération des chroniqueurs/blogueurs vedette et le succès des radios parlées — où on a souvent l’impression que toutes les opinions se valent.
Il formulait l’hypothèse que si les décisions publiques étaient plus facilement accessibles (et consultables), et que les données issues de l’administration de l’État étaient mieux structurées, de manière à en permettre l’analyse, il serait plus facile de sortir du règne de l’opinion et de revigorer un espace public qui s’est donné des allures de débats alors qu’il n’est souvent pas autre chose qu’une discussion de taverne. Je partage cette hypothèse.
Quel rapport avec l’article du Devoir?
Je vois dans tout ça deux manifestations de l’influence positive que le numérique peut/pourrait/pourra avoir pour l’évolution de la société québécoise.
- En facilitant la diffusion de réflexions et d’essais nécessaires à un débat public de qualité (sous forme numérique ou sous forme imprimée, modelée par le numérique);
- Et en donnant accès à des données, factuelles, qui permettront de documenter adéquatement ces essais — et de mieux guider les débats les plus essentiels.
Des influences encore négligées, incomprises, mais pourtant essentielles à notre devenir collectif.
Ce sont deux manifestations de l’influence du numérique sur la nation québécoise qui sont au coeur de mes intérêts. À la confluence d’une étape de ma vie professionnelle qui se termine, et d’une autre qui commence.
Qui sont aussi au coeur de mon l’engagement politique.