Je retrouve avec plaisir la magie qui accompagne une écriture (encore plus) assidue — à plus forte raison quand elle est publiée sur un blogue dans un réseau de gens qui écrivent. Ça aide à focaliser l’attention… et ça donne lieu à toutes sortes de choses imprévues.
Comme ce contact de la sociologue Sophie Hamel-Dufour, ce matin, sur LinkedIn, qui m’a permis de découvrir SocioZone et son blogue — que je me suis empressé d’ajouter à la liste de ceux que je suivrai assidument.
On y trouve là quelques brefs coups d’oeil (comme celui-ci, sur l’entrée des émoticônes au musée), mais surtout des réflexions sociologiques un peu plus longues qui sont à la fois stimulantes et nuancées.
J’ai particulièrement apprécié le texte qu’elle consacre aux limites des sondages: Pour en finir avec la suprématie des chiffres: oser le sens des mots. Extraits:
«…en proposant des choix de réponse, les sondages passent à côté de la signification réelle d’une opinion. Comprendre le sens d’une opinion exige de s’intéresser au pourquoi qui la précède : pourquoi les gens pensent ce qu’ils pensent, veulent ce qu’ils veulent, font ce qu’ils font? (…)»
«Les idées, les opinions, les décisions sont plus complexes qu’un « oui, non, je ne sais pas’. À force de réduire l’interprétation de la pensée à des choix de réponse, on réduit sa propre capacité à anticiper les événements.»
C’est un texte qui me semble spécialement intéressant dans le contexte où on apprenait dans Le Devoir d’hier matin qu’un premier quotidien français avait décidé de ne plus commander de sondages: Le Parisien renonce aux sondages.
« C’est une réflexion qu’on a menée depuis quelque temps déjà, notamment après le Brexit et l’élection de Donald Trump (…) Nous allons privilégier le terrain.»
«Ce n’est pas une question de défiance envers les sondeurs, mais une façon de travailler différemment que nous voulons tester…»
— Stéphane Albouy, directeur des rédactions du Parisien, cité par l’AFP.
Et parlant de défiance, Sophie Hamel-Dufour propose également un texte intitulé La défiance plutôt que la confiance? Je trouve qu’il décrit très bien l’état d’esprit qui nous a presque tous contaminé à la fin de 2016 et dont il me semble indispensable de se défaire le plus tôt possible.
«En l’absence de confiance, on devient méfiant. La méfiance entraîne un repli sur soi, elle nous « met en garde contre quelque chose », sans que l’on sache toujours très bien quelle est cette chose.
Quand la méfiance nous amène à nous méfier de tout, c’est qu’elle glisse vers la défiance, vers une suspicion généralisée (…)
Mettre sa confiance dans des gestes de défiance n’est pas sans risques. À la longue, cela devient même invivable. (…)
La confiance est un pari. Celui de s’appuyer sur les autres. Celui d’être avec les autres.»
J’ai hâte de lire les prochains textes qu’elle publiera.
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