Parodie

Fin de journée. Train de Montréal vers Québec. Je survole l’actualité sur mon iPad quand je tombe sur cette chronique de Denise Bombardier: En attendant la fin. Je lis. Je soupire. C’est bièredredi. Après une gorgée, j’opte pour m’amuser à en faire une parodie plutôt que de m’indigner en vain. Voilà ce que ça a donné:

APRÈS MOI LE DÉLUGE

Rien ne nous sera épargné dans cette insupportable description de la société québécoise. Trop de chroniqueurs qui radotent en bafouillant des explications anecdotiques, qui ne tiennent pas la route. Car c’est l’usure qui les fait écrire et la plupart sont dans le décompte de leur propre carrière. Ils ont lutté, ont connu des exaltations, mais leur coeur nostalgique souffre désormais d’arythmie.

Il faut comprendre ces chroniqueurs qui radotent sur le bon vieux temps, cette époque aux ambitions inégalées, plutôt que de faire l’effort d’imaginer un avenir qui n’existe pas. Ces chroniqueurs ne sont pour rien dans l’impasse dans laquelle le Québec se trouve.

Ils font de leur mieux ces pauvres chroniqueurs pour commenter l’actualité d’un Québec à l’agonie où les jeunes ne rêvent qu’à boire de la sangria. Un Québec où les jeunes sont tellement ingrats qu’ils ont renoncés à accomplir les rêves de leurs parents. Plus le temps passe plus la population est composée de gens ne comprennent rien à rien. Ça s’explique: quand on n’a pas connu les années soixante on ne fera jamais vraiment partie de la gang.

Les médias d’outre-tombe

Personne ne devrait se fier aux réseaux sociaux. Les journaux veillent sur nous grâce à des équipes exceptionnelles et compétentes. Certains chroniqueurs ont écrit plusieurs livres et même été honorés de l’Ordre du Canada. Visionnaires, ils sont réalistes et pragmatiques. Ils forment une élite morale et politique.

Nous nous moquons parfois de ces éclaireurs, sans doute intimidés par leur clairvoyance dans un réflexe humainement compréhensible. Heureusement pour eux, notre complexe d’infériorité finit toujours par nous rattraper.

Nous avons parfois le réflexe de vouloir faire confiance à l’avenir mais ils ont tôt fait de nous rappeler que tout était mieux avant. Comme disait cette attachante chroniqueuse, agacée par l’idée que le futur puisse nous réserver quelque chose de bon: « C’est nous qui avons inventé le Québec moderne, on ne va pas vous laisser en inventer un autre».

« Yes…terday »

Indéniablement, c’est aussi ce que souhaitent ceux qui tirent profit de la déliquescence de la société québécoise en s’en mettant plein les poches pendant qu’on s’indignent sur tout et sur rien. En détournant notre attention, ces chroniqueurs aigris et pontifiant nous évitent de cultiver des rêves inutiles, quoi qu’en disent les idéalistes naïfs.

« Est-ce difficile d’être méprisant ? », ai-je demandé un jour à ma belle-mère. « Oui, parce qu’il faut faire semblant qu’on s’intéresse au sort des gens. » Au mari d’une chroniqueuse éminente, j’ai posé la question : « Pourquoi votre épouse continue-t-elle d’écrire toutes les semaines ? » « Parce qu’elle a peur que quelqu’un prenne sa place avec une vision plus optimiste de l’avenir», a-t-il répondu.

C’est à une impasse qu’ils nous font croire. L’impasse de tout espoir, d’une époque, d’une génération, du seul Québec auquel il aura été noble de rêver. L’espoir ne serait plus d’aucun recours. La fin du monde est devenue inévitable parce que les jeunes ne vivent plus que dans une réalité virtuelle, chacun pour soi, perdus dans Facebook, Twitter et Snapchat pendant qu’ils essaient de sauver WordPerfect. Il faut continuer à les lire. Ça nous évite de réfléchir.

3 réflexions sur “Parodie

  1. J’avais laissé mon commentaire sur le site du journal:
    L’espoir est bien présent. Il fallait entendre hier soir, devant Justin, cette jeune québécoise d’origine brésilienne lui rappeler l’imprtance du fait francophone d’ici et cet autre se faire répondre que la question constitutionnelle était fermée à double tour, pour saisir cet espoir bien vivant d’un pays qui incarnera sur la scène intérieur et internationale nos valeurs et notre culture. Un mensonge répété 1000 fois n’en demeure pas moins faux. Quand on commence à dire « ha les jeunes d’aujourd’hui » c’est qu’on se fait vieux!

  2. Juste un petit détour et prenons le temps de réécouter La Quête de Jacques Brel. Au-delà de quelques personnes inspirantes, d’un parti politique, la quête d’un pays ne peut s’éteindre, ni l’espoir, mais il faut continuer d’y croire et d’en parler pour être entendu.

  3. Tu t’es (peut-être) retenu de dire des choses comme « vieux os » ou bien « vieille peau ». Bravo et merci !

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