Marie-Victorin et Lionel Groulx

Je prends le temps de revenir rapidement sur un texte que j’ai écrit le 5 mai: je suis Marie-Victorin.

Je réagissais alors à un texte Luc Chartrand, Êtes-vous Marie-Victorin ou Groulx?, publié dans Le Devoir. Ce texte avait suscité quelques autres réactions dont celle de Charles Philippe Courtois, déplorant le manichéisme de l’exercice de Chartrand et un «collage de clichés et d’amalgames».

«En somme, pour mieux comprendre une oeuvre comme celle de Groulx, mais aussi l’évolution du Québec au XXe siècle, il convient d’éviter les caricatures et les oppositions trop binaires.»

C’est aussi ce que m’avait dit Louis Germain dans un aimable courriel quelques jours auparavant. Je le reprends ici in extenso avec sa permission:

–/ début /–

Salut,

Je viens tout juste d’avoir le temps de lire cet article qui m’a beaucoup appris sur ces deux hommes dont je ne savais que trop peu de choses (à ma courte honte).

Je puis dire « Je suis Marie-Victorin » mais je trouve ça un peu court, dans le contexte de l’article du Devoir.

Je n’aime pas la dichotomie clairement énoncée à la fin de l’article. Nationalisme « ouvert », avec sa contrepartie induite, le nationalisme « fermé ».

C’est comme si le fait de vouloir préserver l’essence du « jardin » culturel » signifiait l’exclusion. Cela est particulièrement évident dans tout le dernier paragraphe et notamment lorsque Chartrand écrit « On les [les nationalistes ouverts] retrouve également dans la jeunesse québécoise qui est en rupture avec l’angoisse de sa disparition nationale. » C’est comme si ceux qui balaient du revers de la main les préoccupations de ceux qui s’interrogent sur la pérennité d’un fait national francophone en Amérique possédaient de ce fait un esprit « ouvert », un nationalisme de bon aloi.

Dans ce même paragraphe, il parle des « entreprises qui se démarquent sans complexe dans une société mondialisée ». Et c’est là tout le problème, l’absence de qualification de ce qu’est une société mondialisée. Oui, pour la mondialisation. On n’a pas le choix, de toutes façons. Mais comment articuler les composantes culturelles de cette humanité mondialisée ? C’est là que se situe le défi des nations.

Aujourd’hui, ce qui prime, c’est le manichéisme dans cette discussion qui n’en est pas une, justement. Il s’agit plutôt d’une confrontation entre deux vertus auto-proclamées.

La dernière phrase de Chartrand exprime bien ce vide. « Il serait toutefois pertinent de voir s’articuler une pensée claire contemporaine de ce nationalisme ouvert à une époque où l’autre courant parle haut et fort. » Je reprendrais cette phrase sans son jugement lapidaire contre « l’autre courant ». Une pensée claire contemporaine doit puiser aux deux sources et se libérer de leurs deux excès : l’une, son repli, l’autre, son effusion.

Belle conversation à tenir, lors de notre prochaine rencontre.

Amitiés,

–/ fin /–

J’assumais personnellement le côté forcément réducteur d’un exercice consistant à comparer la pensée de deux géants de l’histoire du Québec en une seule page de journal, dans un style simple. Ça ne m’avait pas particulièrement choqué, même si c’était forcément un peu injuste.

Ce que j’avais apprécié du texte de Chartrand, c’était surtout l’invitation à revisiter certaines des sources des courants politiques actuels pour voir quelles autres idées leurs étaient associées — et quel type de vision du monde prenait forme autour de chacune d’elles.

Une réflexion à poursuivre dans les prochains mois donc.

C’est noté Louis!

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