
Pour les 28 prochains jours nous vivrons un isolement plus ou moins volontaire. Le gouvernement appelle ça Le défi 28 jours: un confinement qui n’en porte pas le nom.
Le mois d’octobre sera gris, socialement exigeant, politiquement anxiogène. Il va falloir travailler fort pour voir le beau et cultiver le bon. Mais il le faut.
Dans cet esprit, je me lance un défi: écrire tous les jours un court texte pour réfléchir, le plus spontanément possible, sur cette étrange période de notre vie collective. Ce sera mon défi 28 jours à moi.
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7h30 — Jardins de Babylone, Pierre Flynn
Comme c’est souvent le cas, j’ai commencé la journée en parcourant les archives de mes notes personnelles. Qu’est-ce que je faisais le 1er octobre au cours des huit dernières années? DayOne rend ça tellement facile.
Ça m’a rappelé mon état d’esprit le matin du 1er octobre 2018. C’était jour d’élection au Québec. J’avais l’humeur sombre, j’étais anxieux. Moi qui n’en ai vraiment pas l’habitude. Je n’étais pas bien. Les rumeurs de manipulation de l’élection s’était frayées un chemin jusque sur le site du Directeur général des élections. Je déplorais que le Québec était devenu une république de bananes.
Mais en fin de soirée le même jour j’étais bien, soulagé — tellement soulagé! Le Québec était libéré du Parti libéral corrompu qui nous avait pourri les dernières années. La satisfaction était quand même un peu amère: le parti dans lequel j’avais investi tellement d’énergie était presque rayé de la carte. Mais on passait enfin à autre chose! Je me suis couché optimiste.
Ça m’a rappelé qu’en démocratie aussi il y a toujours un boutte à toute… et qu’il faut faire confiance au monde. Je vais tenter de garder ce souvenir à l’esprit jusqu’au 3 novembre — et souhaiter le même soulagement (au cube!) au peuple états-unien.
Ça m’a aussi rappelé que l’espoir n’adopte pas toujours la trajectoire qu’on aurait souhaité — et qu’il est sans doute préférable de garder le cap sur les objectifs, que de trop s’attarder aux moyens si on veut rester optimiste.
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P.S. En préparation à mon défi 28 jours, j’ai fait un petit tour hier soir dans les archives du Devoir sur le site de BAnQ. Au hasard, 1er octobre 1966, sur la première page, un texte coiffé d’une photo: « René Lévesque présente un noir tableau du Québec mais annonce le temps de l’espoir ». Extrait:
« [il faut] partager ce [qu’on] a reçu au lieu de le monnayer (…) [être capable de] s’unir et de travailler en commun, au service d’une conception acceptable du bien commun, alors l’avenir du Québec pourrait être quelque chose de phénoménal. »
Il faut se donner un défi, quelqu’il soit, pour passer à travers sans déprimer. Je suis consciente d’être privilégiée, bonne santé, revenu de retraite stable mais je ne peux pas aider (présence , garde d’enfants…) ceux que j’aime et que je sais en plein désarroi. Je cherche… je te lirai et si je trouve t’enverrai le mien!
Sur mon site tu trouveras celui du premier confinement: des photos, des images et des haïkus. Si le livre t’intéresse, je peux t’envoyer le lien vers le pdf complet.
https://commku.wixsite.com/marianne-kugler/copie-de-femmes-et-medias
Bonne écriture
@Marianne — merci *beaucoup* pour ces magnifiques images, et la démarche dont elles témoignent! J’en verrais plusieurs sur mon mur! Je t’écris par courriel.