
Le froid d’hier n’était qu’un échauffement (!) pour le véritable froid de ce matin. Moins vingt-deux degrés Celsius!
Je me suis bien emmitouflé, trois couches de gilets chauds, mon manteau, deux capuchons, des gants, de bonnes bottes. Et hop! Un beau défi pour commencer la journée!
Premier constat en sortant: mon champ de vision est drôlement rétréci avec ces deux capuchons. Je ne voyais devant moi que sur environ 45 degrés. À peine plus large en tournant la tête parce que le capuchon ne bougeait presque pas.
Je me suis demandé qu’est-ce que je pourrais bien observer dans ces conditions… pour finalement me dire que c’était l’occasion idéale pour faire ce que je souhaitais faire depuis longtemps: compter les maisons sur mon trajet.
Il y en a 153.
Aujourd’hui, jour pair, je marchais donc en sens horaire. Il y avait 75 maisons sur ma gauche, et 78 maisons sur ma droite.
Le phare de la rue de Tilly était la 26e du côté gauche de la rue. L’église était le 41e immeuble sur la gauche. La maison du cartophile, la 52e sur la droite, et celles de l’aiguiseur de patin la 54e, mais du côté gauche.
Dans ce système, Monsieur Bonsaï habite au 32gh: 32e maison, sur la gauche, en sens horaire.
Une adresse qui est équivalente au 44da: 44e maison, sur la droite, en sens anti-horaire.
Je suis content parce que ce nouveau système va me permettre de résoudre un problème qui m’achalait depuis quelques jours.
En effet, quelques lecteurs m’ont écrit pour me dire qu’ils tentaient d’identifier mon parcours sur Google Maps et qu’ils n’y arrivaient pas. Aucun ne m’a accusé d’invention (crime grave, s’il en est un!), mais il y en a eu pour suggérer que j’avais changé les noms des rues. Bien vu! Heureusement, oui, j’ai pris soin de remplacer les noms de rues sur mon parcours par les noms des rues où j’ai habité depuis ma naissance (plus quelques autres, inventés), de manière à préserver l’anonymat des gens qui inspirent mes réflexions matinales. Mais quand même! Ces lecteurs (de vrais fans!) pourraient éventuellement arriver à faire les contre-substitutions… Il fallait donc brouiller les pistes.
Et voilà! Avec ce nouveau référentiel, je pourrai maintenant joindre l’utile à l’agréable: décrire précisément les lieux, avec rigueur, tout en préservant la vie privée des personnages de mon théâtre matinal.
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Je ris en me relisant.
Vous croyez que c’est le grand froid qui m’a rendu aussi cartésien?
Si oui… ça confirme qu’il faut faire l’école dehors en hiver, tu crois? :-)