
Ce texte fait partie de la série Les images qui restent…
Il y a aussi plusieurs photos de mots dans mon iPhone.
Les mots attirent manifestement mon attention, même (surtout?) quand ils ne me sont pas destinés.
J’aime les mots écrits à des endroits où on ne les imaginait pas. Les mots hors contexte, les mots codés, les mots qui font rêver.
Sur une photo: « Transition », inscrit sur une piste cyclable (1er octobre 2022, 16h38). Transition énergétique? Écologique? Ou juste l’inscription maladroite d’un détour?
Les travaux publics sont parfois source de philosophie.
Sur une autre photo, le mot « arbre » au bout d’un piquet, en bordure d’une rue fraîchement réaménagée (19 juin 2020, 20h57). Simple indication pour les ouvriers? Ou invitation poétique à fermer les yeux pour imaginer le paysage dans quelques années?
« Ceci n’est pas un arbre », aurait probablement répondu Magritte.
Il y a aussi cette photo de l’entrée de la cour de mon école primaire avec une large ligne hachurée, comme au centre d’une patinoire, avec d’un côté le mot « élèves » et de l’autre le mot « parents » — vestige des pires moments de la pandémie (8 novembre 2020, 7h20).
J’ai aussi le mot « tunnel », accompagné d’une flèche, sur un trottoir, au beau milieu de nulle part (23 juillet 2022, 7h48). Pourtant, aucun tunnel perceptible dans les environs. J’ai imaginé que c’était le reflet perdu d’un monde souterrain.
Il y a dans le paysage des mots qui indiquent, des mots qui ordonnent, des mots qui invitent à la rêverie. Il y a aussi parfois des mots qui font sourire.
Comme cet « amour » coloré, une broderie fixée là où on s’y attendait le moins: sur une clôture en bordure d’une voie ferrée (23 juillet 2022, 6h38).
Et si tous ces mots, apparemment dispersés ici et là, formaient des phrases? Quelle histoire se trouveraient-ils à raconter?
Marcher, c’est aussi parfois un peu écrire. Une photo à la fois.




Mon fils m’a offert ce Noël un livre qui te plairait : “L’art et la lettre, l’avènement des mots dans l’espace pictural”, d’Alexis Dauxais aux éditions Citadelles & Mazenod. Une “histoire commune au verbal et au pictural”, un très beau livre. qui te plairait sûrement… et qui résonne avec ce billet .
Clément, Mon mot urbain préréfé se trouve vers la fin de ceci : https://oreilletendue.com/2013/09/25/murs/. Content de te relire ici.
Rien — c’est parfait!
Merci de tes réactions, toujours stimulantes. J’espère avoir la vigueur pour écrire un peu plus souvent ici en 2023 que j’ai pu le faire en 2022.
@vclayssen: merci beaucoup pour la suggestion. J’ai pris le temps de regarder cette vidéo d’ici à pouvoir mettre la main sur le livre: https://www.youtube.com/watch?v=uDu5oi_r7Ls