Le Centre d’analyse stratégique du bureau du Premier ministre français s’est récemment intéressé aux acteurs de la chaîne du livre à l’ère du numérique.
Trois notes d’analyse ont été publiées à ce sujet:
Sur les auteurs et les éditeurs (pdf)
Sur les librairies (pdf)
Sur les bibliothèques publiques (pdf)
J’ai commencé la lecture des documents hier et déjà, quelques éléments me surprennent, en particulier ce passage de la note sur les auteurs et les éditeurs (page 7):
La fragmentation de la distribution
Un autre élément préjudiciable à l’essor du livre numérique en France est celui d’une distribution éclatée. Alors que les États-Unis bénéficient d’une plate-forme de distribution unique pour les livre numériques, la France ne compte pas moins de trois grandes plates-formes (…)
Je m’interroge. D’autant que c’est une affirmation importante qui amène à la formulation de la troisième proposition du document.
Existe-t-il vraiment une plateforme de distribution unique aux États-Unis? Je ne le crois pas. J’ai manqué quelque chose?
Vous avez une idée de quoi il s’agit?
Affirmation surprenante, en effet. Fait-il allusion à Amazon? Dans tel cas, c’est ignorer bien des distributeurs.
il s’agit d’une erreur,comme tu t’en doutes bien… Ennuyeuse dans un document officiel. Symptômatique de la réelle confusion engendrée par l’emploi du terme « plateforme », expression fourre-tout pour certains. Ainsi une plateforme peut-être indifféremment un outil de création/production, un outil de distribution (B2B) ou de vente ((B2C), ou plusuers de ces choses à la fois… La confusion peut aussi porter sur le terme « distribution », quand on parle de « grande distribution » par exemple on fait allusion à des chaînes de revendeurs, et non à des intermédiaires…
Une plateforme de distribution de livres numériques permet de mettre à disposition des e-libraires de toutes tailles les catalogues numériques des éditeurs utilisant ladite plateforme, afin que ces e-libraires soient à même de vendre ces livres numériques au public. Le client d’une telle plateforem est le libraire (et parfois la bibliothèque), et non le client final.
Tu sais cela par cœur, je ne le réexplique que pour ceux de tes lecteurs qui n’auraient pas une vision très claire de ce qu’est la distribution numérique…
Il n’est d’ailleurs pas possible pour une librairie indépendante américaine d’offrir à sa clientèle un contenu numérique digne de ce nom. Elle peut utiliser le programme de Google et recevoir un pourcentage sur les ventes effectuées par le biais d’une « plateforme » intégrée à son site web, mais le client est alors enregistré sur le site de Google et non sur celui de la librairie. Ce programme existe depuis plusieurs années, mais Google vient d’annoncer qu’elle y mettra fin au début de 2013. Il n’existe pour l’instant aucune autre alternative. Il n’y a pas dans le monde anglophone d’équivalent des plateformes de distribution que sont De Marque, Eden ou Sogides.
Amazon, Kobo, Barnes & Noble, Sony, Apple ont leurs propres « plateformes », mais on ne parle évidemment pas ici de distribution. Chacun de ces grands groupes doit prendre des ententes individuelles avec les différentes maisons d’éditions. Les grandes maisons d’édition américaines ne sont pas intéressées à prendre des ententes avec des librairies indépendantes et celles-ci n’ont de toute façon pas les moyens d’assumer les coûts d’une telle entreprise.