Ça fait bien de dire que les débats sont plates, mais…

C’est de bon ton depuis dimanche soir de déplorer qu’on n’apprend rien dans les débats. Et de tourner en dérision le fait que ce sont les mots-clics #costco, #démoclès et je ne sais quoi d’autre qui « trendent » au lieu de #culture, #éducation et #excellence. Ben oui.

Ça révèle surtout, à mon avis, la pauvre vision que nous avons de notre démocratie et de son fonctionnement. Attendre d’une campagne électorale de trente jours qu’elle nous apprenne qui sont vraiment les chefs, leur vision du monde et les nuances de leur programme — alors qu’on s’est trop souvent désintéressé du débat public et, oui, aussi, des débats partisans qui précèdent la définition des programmes des partis, c’est une illusion.

Ça fait bien de dire « voilà des chefs qui font de la vieille politique » — la vieille politique, ils la font parce qu’on n’a pas contribué à faire naître la nouvelle politique dans les années précédentes. La vieille politique, c’est ce qu’il reste quand on a regardé ailleurs pendant quatre ans.

On dit souvent que les politiciens savent très bien patiner … ben justement, un débat télévisé, ce n’est pas autre chose qu’un programme de danse imposée: on a déjà vu toutes les figures, il n’y a pas de surprise… il faut juste réussir à faire la démonstration qu’on peut toutes les enchaîner sans tomber. Si on veut comprendre les fondements des partis politiques, il faut les lire, ou en lire des analyses, pas regarder une émission de télévision spectacle le lundi soir.

Et quand on choisit de faire écho aux bêtises du débat sur twitter et qu’on participe à faire « trender » les mots-clics les plus ridicules, c’est nous qui tirons le débat vers la caricature, pas les chefs.

Nous sommes souvent complices de ce qui nous désole.

La démocratie, ça ne se regarde pas à la télévision une fois par année. Ça se vit, chaque jour, en s’intéressant à la politique plutôt qu’en la dénigrant.

4 réflexions sur “Ça fait bien de dire que les débats sont plates, mais…

  1. On a les élus qu’on mérite, disait mon père. Et il avait raison.
    J’ai déjà été fort critique de mes concitoyens, qui ne s’occupent pas assez de politique à mon goût. Mais avec le temps – et l’âge! – je suis devenue plus conciliante.
    Les politiciens, tous partis confondus, ont aussi leurs torts: quand tu acceptes, comme chef(fe) de parti, de te faire lancer un verre d’eau au visage (D. Johnson chez Julie Snyder il y a quelques années) ou de parler de ta vie intime (P. Marois à Sucré Salé la semaine dernière), comment s’étonner que les gens tournent le politique en ridicule et en show de boucane? Quand les politiciens eux-mêmes utilisent Twitter et FB parce qu’un stratège, quelque part, leur a dit que c’était la nouvelle façon de faire de la politique, ça banalise aussi la communication, parce que la forme prend le dessus sur le fond.
    Je te donne raison sur ce point: nous sommes complices de ce qui nous désole. Pire, on en redemande.
    Lire un programme politique? De kessé? Si ça n’entre pas dans le 140 caractères de twitter, c’est une perte de temps! :-)
    Bref, on pourrait en discuter longtemps.

  2. D’accord avec cette idée de programmes de figures imposées. La vraie participation citoyenne, c’est d’aller lire les plateformes électorales. Par contre, je déplore que nos médias en restent à l’aspect spectaculaire et ne creusent pas plus loin les promesses des candidats.

    Un exemple: la promesse de la CAQ à l’effet que chaque Québécois aura un médecin de famille est du vent. Un médecin, oui, mais deux mois d’attente pour un rendez-vous…

    En éducation, on promet des services. Sauf que vous savez comme moi qu’on est en pénurie de professionnels et que ceux-ci préfèrent oeuvrer dans le secteur privé plutôt que dans le réseau scolaire. Encore là, que vaut les promesses de la CAQ et du PQ à ce sujet?

    Enfin, on a les médias qu’on mérite, j’imagine…

  3. L’un des problèmes des débats provient de « l’absence de présence » quasi totale du modérateur. Combien de fois les modérateurs, tant Dussault que Bruneau, auraient-ils dû intervenir pour indiquer par exemple que l’un des debateurs ne répondait pas à la question? Que les réponses tenaient de l’invective plutot que de l’argument? Le modèle existe pourtant, mais hélas il provient de la fiction… J’aimerais beaucoup un débat à la « Newsroom », la télésérie d’Aaron Sorkin, le créateur de la mystique série « West Wing ». L’épisode no 9 de la semaine dernière sur HBO pourrait être un modèle du genre…

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