Les bonnes manières

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Je l’ai dit hier après ma présentation, c’est un exercice très exigeant de passer en commission parlementaire.

En faisant le bilan de mon expérience, hier soir, je constatais à quel point ça été un bon exercice pour moi. Mon idée n’a pas changé en cours de route, mais j’ai lu de nouveaux arguments et j’ai dû faire l’exercice de trouver de nouveaux angles pour présenter mon point de vue.

C’est ainsi que j’ai choisi choisi d’organiser mon mémoire avec une perspective résolument économique. En exprimant d’entrée de jeu ma position et en l’expliquant de manière à essayer de rejoindre ceux qui ne partagent pas cette position. À quoi bon prêcher aux convaincus?

J’ai aussi assisté, à distance lundi et mardi et sur place, toute la journée hier, à presque toutes les présentations. C’est évidemment confortable d’entendre ceux qui vont dans le sens de sa position, mais c’est plus stimulant intellectuellement d’entendre les autres… ceux qui nous confrontent.

Globalement, je dois dire que je suis assez déçu des opposants à la réglementation. Je l’ai dit ailleurs, je pense que le débat actuel mérite de meilleurs opposants. Et, peut-être surtout, d’opposants qui se seront donné la peine d’approfondir leur connaissance de la réalité du monde du livre avant de lui faire la leçon du haut d’une tour d’ivoire. Ne serait-ce que comme une forme de respect et de considération pour ses acteurs.

Dans cette catégorie, la présentation de François Colbert, de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux, a atteint des sommets d’insignifiance. Sans doute un manque de préparation, Monsieur Colbert peut assurément mieux.

La présentation de Germain Belzile et de Vincent Geloso, de l’Institut Économique de Montréal, en fin de journée hier, était pour sa part tout simplement inacceptable. Je pense très sincèrement que ces messieurs ont été tellement brouillons, approximatifs et excessifs dans leur intervention et encore pire dans leurs réponses aux questions des parlementaires, qu’ils ont même desservi leur cause.

Tout le monde a le droit à son opinion. Je valorise les débats, et je l’ai dit, je trouve stimulant d’écouter les points de vue qui s’opposent au mien. Mais il y a des façons pour débattre et les bonnes manières y ont toujours leur place.

Je regardais la délégation de l’ALQ, assis à ma gauche dans le fond de la salle pendant la présentation de Belzile et Geloso et je souffrais avec eux. Je pense que je n’aurais pas pu accepter qu’on dise tellement d’âneries au sujet de ma profession et de ma réalité économique sans me lever pour crier mon indignation. C’était insupportable.

Amis libraires, vous méritez plus de respect.

J’ai mon idée sur la réglementation du prix des livres neufs. Je ne sais pas si c’est cette direction que prendra le gouvernement, ou si des solutions alternatives pourront être proposées pour tenter d’atteindre les mêmes objectifs, mais je sais, hors de tout doute que les libraires méritent plus de considération — même, et peut-être surtout, des opposants à la mesure proposée. Il faut le dire, haut et fort.

Dans un autre ordre d’idée, j’ai évidemment été déçu de constater que Nathalie Roy, députée de la CAQ membre de la Commission parlementaire Culture et Éducation, n’était pas présente hier matin — et qu’elle n’a donc pas entendu ma présentation. Françoise David n’était pas là non plus

J’étais d’autant plus déçu que Mme Roy ne soit pas là, que mon mémoire lui était d’une certaine façon encore un peu plus destiné qu’aux autres députés puisqu’elle est la seule à avoir officiellement exprimé son opposition à la réglementation, tout en assurant « qu’elle allait écouter les arguments des groupes qui se présenteront en commission parlementaire tout au long de la semaine ». Mais un contretemps, ça peut arriver, me suis-je dit. Et comme j’ai reçu des excuses pour cette absence, j’ai accepté de bon cœur.

Mais en réalisant ce matin que l’absence de Mme Roy à la commission parlementaire s’explique par sa participation à une conférence de presse pour commenter les sondages… je me dis que, décidément, il y a de bonnes manières qui se perdent au Québec.

4 réflexions sur “Les bonnes manières

  1. beau témoignage de revendication humaniste dans l’exercice de la démocratie, à te lire (et complètement indépendemment du problème évoqué), je me dis que cette échelle humaine que vous avez su garder, nous l’avons laissé se perdre en bonne partie dans l’hexagone – allez, on va se faire un peu de Tocqueville à ta santé

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