L’examen de fin d’année de mathématique a beaucoup fait parler de lui. Le Devoir y consacre un (autre) article ce matin.
Le ministère revoit l’examen de maths | Le Devoir | 9 juin 2016
L’essentiel de l’article tourne encore autour du trop grand niveau de difficulté de l’examen, mais c’est la fin de l’article qui attire surtout mon attention.
On y apprend que toute une partie de l’épreuve a été annulée pour cause de «violation de confidentialité à la suite de l’article du Devoir et des réseaux sociaux, c’était trop d’information en circulation» — alors que toutes les écoles n’avaient pas encore fait passer l’examen.
Je comprends aisément que du moment où on constatait que certains élèves avaient eu accès à certaines questions avant de s’asseoir devant leur copie, c’était devenu une question d’équité… ce que je ne comprends pas c’est qu’on ait pu penser que c’était une bonne idée de planifier une épreuve nationale uniforme qui n’aurait pas lieu en même temps pour tout le monde… en 2016!
La responsable de la sanction des études précise:
« On est devant une nouvelle réalité avec les réseaux sociaux, l’information circule davantage alors on doit adapter nos façons de faire à la situation actuelle. »
Nouvelle réalité. C’est là que ça bogue.
Ce n’est pas une nouvelle réalité. C’est une réalité. Point. C’est écrit, décrit, commenté, expliqué, dans de très nombreux rapports — et même dans des rapports du ministère de l’Éducation! Et, cela, depuis plusieurs années.
Plus encore: c’est une évidence dans la vie de tous les jours, autour de chacun de nous: dans les autobus, dans nos maisons, à la télévision, dans les restaurants. Partout.
Déjà en 2009, Internet était tellement présent dans la vie des ados québécois, qu’un site web français avait détecté un afflux anormal de visiteurs dans les jours suivant la distribution du cahier de préparation de l’épreuve obligatoire de français de la fin du 1er cycle du secondaire. J’y avais fait référence dans la conférence d’ouverture de l’AQUOPS en mars 2010 (l’image du haut du texte et celle ci-dessous sont d’ailleurs extraites de cette présentation).
Six ans plus tard. On plaide encore la nouveauté.
Il faut le dire clairement: la seule chose que cet échec dans l’application de l’examen démontre (à nouveau) c’est l’extrême lenteur de certaines de nos institutions quand il devient nécessaire de s’adapter.
Ce n’est pas la faute des réseaux sociaux. C’est la faute de ceux qui croient encore pouvoir faire comme s’ils n’existaient pas.
Il faut arrêter une fois pour toutes de parler des réseaux sociaux comme d’une nouvelle réalité.
Il faut arrêter de plaider (même de bonne foi) la surprise devant la vitesse de transformation de la société. Il faut commencer à s’y intéresser. Vraiment. Et y mettre ressources et efforts en conséquence.
Si on veut vraiment éduquer, aider et accompagner les jeunes, il faut d’abord comprendre le monde dans lequel ils vivent et se développent.
C’est une urgence. Surtout pour le ministère de l’Éducation.
Une réflexion sur “La faute des réseaux sociaux”