De la radio plate?

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Le Soleil publie aujourd’hui quelques textes sur la rentrée radiophonique à Québec. Une rentrée qui pourrait être marquée par une surenchère de la controverse, nous dit Élisabeth Fleury, rapportant les propos de Claude Thibodeau, analyste en médias:

«La plupart des ténors de la radio de Québec sont pas mal à droite du spectre [politique]. Le discours va être homogène partout, et ceux qui vont vouloir se distinguer là-dedans vont devoir patiner plus vite et scorer plus fort. Ça pourrait donner lieu à une petite surenchère de la controverse et entraîner des dérapages, peut-être même des nouveaux litiges»

L’analyste poursuit en suggérant qu’il est un peu normal que les ondes soient généralement accaparées par la droite, parce que:

«…les gens à gauche ne veulent pas prendre de raccourcis intellectuels pour faire valoir leurs opinions, c’est antinomique avec leur façon de faire, donc ça [ferait] de la radio plate»

« [et] la nuance en radio, ce n’est pas payant»

Je comprends son raisonnement mais je trouve qu’il a pour effet de détourner notre attention d’une autre dimension du problème de la radio à Québec.

Je ne pense pas que les gens choisissent une station de radio en fonction de l’axe politique gauche-droite — et encore moins en fonction des nuances qui sont formulées (ou non) par les intervenants. Je crois que la majorité des gens cherchent d’abord et avant tout à être accompagné par des gens stimulants dont les propos font réagir.

Je pense que la radio de Québec a moins un problème «gauche-droite» qu’un problème de diversité dans les approches utilisées pour faire réagir les auditeurs. Aujourd’hui, presque toute les stations s’appuient sur la frustration et la colère pour susciter des réactions.

J’ose un lien avec avec un passage d’un texte récent du journaliste économique Gérald Fillion, qui me semble tout aussi pertinent pour les animateurs de radio que pour les politiciens:

«[les] travailleurs, en colère et déçus, ont l’impression de s’être fait avoir. Le problème, c’est que leur mécontentement est aujourd’hui récupéré par des politiciens prêts à tout pour gagner des votes. […] Ils attisent les passions, nourrissent la division, leur projet n’est plus celui de faire rêver, mais de faire enrager.»

Il existe pourtant bien d’autres leviers psychologiques que la colère pour susciter des réactions chez quelqu’un. On peut le surprendre, lui faire découvrir des choses étonnantes, le faire rêver, le pousser à l’action, etc.

Rien de tout cela n’implique de se précipiter dans les nuances, et encore moins d’être plus ou moins «à gauche». Il faut essentiellement choisir d’interpeler les auditeurs. Le piège n’est pas la droite, c’est l’indifférence.

C’est pour ça qu’il me semble évident que ce n’est pas en privilégiant la gauche, ou en misant sur les nuances, que Radio-Canada pourra profiter de la situation pour augmenter ses cotes d’écoute, comme le suggère Claude Thibodeau.

C’est en (re)devenant une radio qui fait, elle aussi, réagir ses auditeurs — de façon aussi vigoureuse, mais en faisant appel à d’autres types de sentiments, sans doute plus positifs.

Une réflexion sur “De la radio plate?

  1. J’aime ton analyse. Je crois aussi qu’on peut être intéressant en exprimant aussi des idées de gauche. Je pense même que les idées de gauches sont beaucoup plus proches de l’ensemble de la population. Bernie Sanders a bien montré cela aux EU. Je pense que le projet d’indépendance du Québec, peut facilement amener les gens à rêver d’une société autre que celle qui est vécu par la population actuellement. C’est ce que je vise avec la mise en place du Comité-Québec capitale d’un pays. Faire rêver une autre ville de Québec, plus grande, plus riche, plus ouverte….

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