Comment ça va?

Il y a de gros contrastes dans mes lectures par les temps qui courent.

J’ai parlé il y a quelques jours de Trop tard, d’Harvey L. Mead. Dans la même perspective, j’ai lu hier soir Petit traité de résilience locale de Agnès Sinaï, Raphaël Stevens, Pablo Servigne et Hugo Carton, publié chez Écosociété. C’est un texte publié dans Le Devoir d’hier matin (et précédemment dans Nouveau Projet, où il m’avait échappé) qui l’a mis sur ma route.

Les quatre auteurs développent une thèse semblable à celle d’Harvey L. Mead: un effondrement de notre civilisation est imminent, l’heure n’est plus au développement durable, mais à nous préparer à l’après.

Il a plusieurs choses intéressantes dans le livre, mais j’ai quand même trouvé le propos nettement exagéré par moment. Comme lorsqu’ils plaident qu’il faudra réapprendre «les mathématiques libres d’ordinateur».

«Jusqu’à récemment, il n’était pas nécessaire d’avoir un ordinateur afin de calculer les nombres nécessaires pour construire un pont, piloter un navire, faire des bilans comptables et autres opérations mathématiques plus ou moins basiques. Celles-ci pouvaient être accomplies par des règles à calcul, des abaques, des tables de logarithmes, des registres à double entrée. Dans le futur, quand il ne sera plus économiquement viable de maintenir et de remplacer les ordinateurs, ces mêmes tâches devront être accomplies, mais le savoir permettant d’y parvenir risque fort d’avoir disparu.»

Cet alarmiste contraste pour le moins avec d’autres textes qui occupent mon attention, comme celui de François Brousseau, lui aussi publié dans Le Devoir: De mieux en mieux.

«Toujours mieux ! Le monde va toujours mieux ! (…) Les ronchons et les inquiets n’ont pas tout faux (…) On y reviendra certainement. Mais pour ce début d’année, constatons l’incroyable, constant — et souvent invisible — progrès de l’humanité, qui malgré tous les drames se poursuit jusqu’à ce jour.»

Je continue à lire et réfléchir pour trouver un chemin original à travers tout ça.

5 réflexions sur “Comment ça va?

  1. Rien n’est sûr… Mais je priorise l’optimisme. C’est comme un choix? Peut-être! Mais en prenant cette option, on sort des coulisses et on entre sur scène. On devient acteur et non seulement spectateur. Quand la construction d’un monde est envisageable on peut avoir le goût d’y participer. Si j’entre dans le pessimisme, je suis dans le camp du « À quoi bon », Je descends de la scène pour devenir spectateur en croyant assister à la fin de tout.
    Si l’optimisme ne vient pas d’un arguments rationnel elle devient par contre la condition de réussite de la vie sur terre. L’être humain doit atteindre un seuil de conscience critique pour prendre en main les destinées de l’évolution de la vie sur terre et même éventuellement de l’Univers.
    Oui, pour ma part, c’est un choix et il est basé sur une croyance indémontrable que l’optimisme est une condition de réussite. j’y crois suffisamant pour y engager mes actions.

  2. @Michel — Je suis tout à fait d’accord avec toi que «l’optimisme est une condition de réussite». Et ça me donne aussi envie de me ranger dans le camp de ceux qui voient le bon côté des choses.

    Je dois toutefois dire que ce n’est pas complètement contradictoire avec le point de vue de Harvey L. Mead et de Pablo Servigne et coauteurs. Leur perspective allie une forme de «réalisme» qui n’est pas contradictoire avec un espoir qu’il est possible de faire face à la situation. C’est là que leur optimisme est une forme de résilience.

    Je pense que Harvey L. Mead fait appel à une forme d’optimisme quand il dit:

    «Faut-il pour autant sombrer dans le désespoir? Au contraire! (…) Retroussons-nous les manches, il est trop tard pour désespérer.»

  3. Tout ne peut être que noir… À toute médaille, il y a deux côtés.

    Les témoins de Jéhovah nous abordent en nous demandant : »vous ne trouvez pas que le monde va de mal en pis? »

    Et moi je leur réponds que je le change ce monde un geste à la fois. Que chaque geste compte.

    En passant, je ne suis pas croyante.

    J’applaudis le fait qu’on puisse encore voir du progrès. Et si ce progrès était un préambule à ce qui fera la différence avant de basculer définitivement de l’autre côté? Et que ce soit ce qui fera en sorte de ne pas basculer?

    Le jour où on ne pourra plus remplacer un ordinateur… Ça va arriver ça? Si on n’arrive pas à remplacer tous les départs à la retraite… On en aura besoin de moins… La technologie coûte de moins en moins cher… Je me questionne. Ça se peut qu’on en arrive là? J’ai des doutes.

  4. @Annie — ton commentaire me fait penser à une autre dimension des réflexions de Pablo Servigne et ses co-auteurs: l’inégalité devant la crise / l’effondrement qu’ils anticipent. Certains s’en tireront évidemment très bien. D’autres pas du tout. Et ce ne sont peut-être pas toujours ceux à qui ont pense en premier. La dimension morale/éthique de cette réflexion est aussi importante.

    Est-ce que le Québec, de façon générale, s’en tirera mieux que d’autres régions/sociétés? Pourquoi? Et moi, mieux ou pire? Et toi? Et les autres, quelle responsabilité avons nous devant le sort que nous redoutons pour eux, qui qu’ils soient?

  5. Je serais porté à croire que les sociétés qui auront le mieux développé la solidarité s’en tireront le mieux. Au Québec il faudra donc tenir mordicus à notre filet social en santé et en éducation. Malheureusement, avec Couillard on est en train d’en perdre de ce côté.

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