Je prends quelques minutes pour revenir sur un commentaire qu’a suscité le texte que j’ai écrit ici le 21 avril au sujet des Ateliers éducatifs Angus.
Dans ce commentaire, Marc St-Pierre partage une réflexion générale sur le projet qui a soulevé la polémique. Il l’a fait avec une prise de recul préalable, dont je le remercie. J’ai fait la même chose avec sa propre réaction.
Il me semble ressortir de tout ça qu’il est important de s’assurer que les écoles restent solidaires les unes des autres parce que les réalités éducatives — et les besoins particuliers de certains enfants — ne s’arrêtent pas aux limites d’un quartier ou d’un territoire. Les coûts engendrés par ces besoins doivent aussi être plus largement partagés.
Je retiens particulièrement la phrase suivante: «ce qui m’importe (…) c’est l’intégration [d’une école] au réseau des écoles publiques (…) au-delà des structures de commission scolaire.»
Je partage tout à fait sa conviction: la solution aux enjeux éducatifs auxquels le Québec est confronté ne se trouve assurément pas dans un plus grand isolement des écoles. Je pense qu’elle est plutôt dans la définition d’une nouvelle forme d’interdépendance — dans laquelle les contraintes essentiellement administratives occuperont moins de place qu’à l’heure actuelle (je ne crois pas qu’il s’agisse uniquement d’une perception de ma part). Les promoteurs des Ateliers éducatifs Angus me semblent d’ailleurs dans le même état d’esprit.
Je pense qu’il est utile de revenir particulièrement aussi sur la question des horaires, qui me semble déterminante. Marc précise, avec raison, qu’il y a déjà quelques variations dans le réseau scolaire. Quelques (rares) écoles ont effectivement opté pour des horaires sur dix jours, par exemple. Je m’en réjouis.
Toutefois, ce qui est le plus important, de mon point de vue, c’est de savoir pourquoi on adopte un type d’horaire plutôt qu’un autre. Et si on évalue bien les impacts de chacune des options sur l’environnement éducatif qu’on offre aux enfants.
Si on croit à la richesse des échanges entre l’école et sa communauté (c’est mon cas), alors je pense qu’il faut privilégier un horaire qui facilite la participation communautaire désirée.
Je suis convaincu qu’on pourrait changer en profondeur la dynamique scolaire en adoptant un horaire sur cinq jours, plus conforme à la réalité du reste du monde.
Ça me semble une évidence: quand le cours de science est toujours le jeudi après-midi, on peut plus facilement prévoir la participation d’un scientifique aux activités de la classe, par exemple. Ou la présence d’un parent pour une séance de lecture. Même chose pour l’implication d’organismes ou d’entreprises dans les activités éducatives.
On donnerait ainsi accès aux enseignants à un grand nombre de ressources additionnelles, souvent très simplement et sans aucun frais: des personnes engagées, des modèles (féminins et masculins), qui ne demandent pas mieux que de donner un coup de main… dans la mesure où cet implication peut s’inscrire de façon réaliste dans leurs autres contraintes professionnelles (ce qui est très compliqué quand les présences/participations doivent changer de jour de la semaine d’une fois à l’autre).
On pourrait ainsi plus facilement envisager la persévérance scolaire comme un défi collectif au lieu de le voir comme le problème de l’école.
Je pense que parmi tous les gestes qui pourraient être posés pour améliorer le fonctionnement des écoles et transformer la dynamique éducative, le changement d’horaire est certainement un de ceux qui a le plus fort potentiel.
J’ai hâte d’entendre politicien.ne.s proposer de commencer par là, de façon très pragmatique, plutôt que de miser sur de grands discours ou sur l’imposition de programmes ou d’approches éducatives uniformes, qui seront encore plus contraignantes.
Il faut libérer les écoles des contraintes inefficaces, pas en ajouter encore plus.