L’histoire de mes dents

Saviez-vous qu’à Cuba, au milieu du dix-neuvième siècle, il y avait des lecteurs dans les manufactures de tabac? En effet, «afin d’atténuer l’ennui du labeur répétitif, quelqu’un faisait la lecture à voie haute pour les autres travailleurs pendant qu’ils confectionnaient les cigares.»

C’est de cela que s’est inspiré Valeria Luiselli pour écrire L’histoire de mes dents:

«…j’ai décidé d’écrire pour les ouvriers un roman à épisodes, qui pourrait être lu au fur et à mesure à haute voix dans l’usine. (…) Les séances de lectures étaient enregistrées puis m’étaient envoyées à New York. Je les écoutais, notais les commentaires des ouvriers, leurs critiques et tout particulièrement leurs bavardages informels après la lecture et la discussion. J’écrivais ensuite l’épisode suivant, le leur envoyait et ainsi de suite. Ils ne me voyaient jamais, je ne les voyais jamais. Je les entendais et il me lisaient.»

Et c’est ainsi qu’est née l’aussi invraisemblable qu’amusante histoire de Gustavo Sánchez Sánchez, alias Grandroute — le meilleur commissaire-priseur au monde. La description qu’en fait l’éditeur sur son site Web donne une très bonne idée de l’originalité de l’histoire.

Alexandre Jardin aimerait sans aucun doute profondément ce personnage:

«Grandroute était un de ces esprits amples et éternels. Sa présence était parfois menaçante — non parce qu’il représentait une véritable menace pour qui que ce soit, mais parce que, comparés à sa féroce liberté, tous les paramètres que nous utilisons normalement pour mesurer nos actions paraissent triviaux. Grandroute avait plus de vie en lui que l’homme ordinaire.»

Je pense que Fred Pellerin aussi apprécierait aussi beaucoup ce livre.

Si c’était possible, il faudrait organiser un rendez-vous entre Grandroute et Wigrum, un autre extraordinaire personnage, lui aussi collectionneur d’objets et de récits, imaginé par Daniel Canty (j’ai adoré Wigrum, au sujet duquel j’avais écris ce texte il y a quatre ans). Ces deux personnages sont faits pour se rencontrer. Ces deux auteurs aussi, peut-être.

En résumé, j’ai tout aimé de ce livre: l’exentricité, l’humour, l’écriture et la description du processus de création, que j’ai trouvé très inspirant.

Ce livre terminé, je vais pouvoir aller faire mon tour à la Librairie Vaugeois pour participer à la fête annuelle du livre québécois, parce que c’est le 12 août!

AJOUTune heure après la publication:

Comment en pas m’émerveiller de l’invraisemblable coïncidence de découvrir maintenant cette vidéo qui présente une collection étonnante de la Bibliothèque publique de New York?

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