Jean-Marc Salvet consacre une bonne partie de son texte d’aujourd’hui dans Le Soleil à énumérer les innombrables exercices de renouvellement auquel s’est livré le Parti Québécois au fil des ans. Il a raison de le faire, parce qu’il ne faut certainement pas qu’on les perde de vue.
Et c’est bien pour ça qu’on ne peut pas juste faire pareil cette fois-ci. On ne peut pas faire un simple exercice d’introspection entre nous. Il n’y a aucune raison de penser que ça donnerait quelque chose de bien différent.
L’exercice doit être d’une toute autre nature. Il est absolument nécessaire d’aller jusqu’au bout et de se demander à quoi sert le Parti Québécois aujourd’hui. Et s’il est encore utile.
Robert Dutrisac suggère dans Le Devoir de ce matin que la mission du Parti Québécois est de créer les conditions qui permettent de rallier les forces vives de la société québécoise. Je le pense aussi.
Mais qu’est-ce que cela pose comme défi aujourd’hui? Quelles questions ça soulève?
Par exemple:
- Est-ce que le problème est surtout dans le programme?
- Est-ce que c’est notre manière d’exercer la politique?
- Est-ce que le nom du parti est devenu un problème?
Ce que j’en pense personnellement?
- Je ne pense pas.
- Ça me semble évident.
- C’est probable.
Si mes concitoyens se sentent mal (lire mal à l’aise) à se dire Québécois donc à s’identifier au Parti Québécois préférant s’identifier à un parti dont le nom serait différent, ils me déçoivent royalement.
Car si nous sommes le groupe qui influence de manière décisive l’environnement dans lequel nous vivons, c’est que nous sommes différents.
Au fil des ans, cette différence s’est exprimée de différentes façons. Il y a 50 ans, ce fut dans notre manière de s’éloigner de l’église, il y a 3 ans, dans notre volonté à permettre à certains de nous, à mourir dans la dignité. Dans 6 mois, ce sera probablement dans notre volonté de dire non au multiculturalisme. Dans 3 ans, ce sera peut-être dans la leadership dont nous ferons preuve en environnement.
Beaucoup de nos concitoyens, dont ceux des nouvelles générations réaliseront que leurs aspirations du moment ne seraient pas possibles dans la majorité des Provinces Canadiennes et des États Américains.
À ce moment ils comprendront pourquoi un des partis au Québec se nomme Parti Québécois.
@Richard: Je pense qu’il ne faut pas avoir tant d’attachement au nom du parti. J’en suis fier, personnellement, mais force est de constater qu’il comporte désormais une dimension négative pour plusieurs personnes qu’on souhaite voir se rapprocher de nous. Je ne suggère pas d’envisager un changement de nom pour des raisons marketing, mais pour marquer une rupture avec une certaine période/approche de la politique. Pour consacrer un nouveau départ. Je n’en fais pas encore la suggestion, je dis simplement qu’il ne faut pas l’exclure.
Le PLQ doit-il changer de nom? Libérez-nous des libéraux, chantaient les Loco Locass. Le nom «Libéral» est très négatif auprès d’une frange importante de la population. Le PLQ devrait-il changer de nom pour ça? Non. Le PQ non plus. Le changement de nom ne devrait survenir que s’il y a changement d’identité. Et il n’y aura changement d’identité que s’il y a fusion/alliance avec un autre parti.
Il y aurait peut-être changement d’identité suite à une «refondation» du PQ. Vaste programme. Et la question se pose: le PQ doit-il aller jusqu’à se «refonder» ? Je crois que parler de refondation est une distraction. On doit dénicher les problèmes du PQ et les corriger. Point.
Ça va être difficile. Mais qui a réussi de grandes choses facilement? Personne.
@Louis: bien d’accord avec toi que si le changement de nom n’est que cosmétique, il n’a aucun intérêt. Il aura même l’air d’une autre entourloupette.
Cette question peut donc être reportée à la fin du processus. Elle sera pertinente si un changement de nom permet de symboliquement marqué un changement important. Elle ne le sera pas s’il n’y a pas eu de véritable changement (et dans ce cas je ne serai de toutes façons plus là… ni pour la poser, ni pour y répondre!).
Cela dit, «dénicher les problèmes du PQ» me semble un bien élégant euphémisme dans le contexte actuel.