Je trouve très intéressant de voir que le thème de l’urgence climatique est en train de reconfigurer profondément la dynamique politique occidentale.
Pas mal tout le monde est forcé de se positionner par rapport à cette urgence. En la contestant, en la nuançant, en y adhérant mollement ou en en faisant une priorité (et toutes les variantes possibles de ces positions).
Ça amène un nouveau vocabulaire; ça provoque des changements de stratégie et (surtout!) ça favorise l’apparition de nouvelles voix et de nouvelles formes de leadership. Globalement, je trouve ça très stimulant.
Il y a toutefois quelque chose qui me déplaît et qui m’inquiète.
Je vois apparaître dans le discours d’une certaine gauche les germes d’un discours autoritaire. Je le perçois dans les discours menaçant et les ultimatums, dans la remise en question de la démocratie et dans une forme de catastrophisme qui pourrait justifier bien des excès.
À titre d’exemples:
- La stratégie Ultimatum 2020;
- Ferrandez qui exprime le besoin de leaders autoritaires progressistes;
- Spike Lee qui dit que le sort du monde dépend de l’élection aux États-Unis en 2020.
Ça m’inquiète parce que je crois que pour faire face à l’urgence climatique on n’a pas besoin de moins de démocratie… au contraire, on a besoin de plus de démocratie, mais d’une démocratie renouvelée, plus directe, plus transparente, plus efficace — une démocratie mieux représentative.
Depuis quinze ans, la droite nous dit: il faut sacrifier quelques libertés pour avoir une société sécuritaire. Je ne veux pas que la gauche me dise maintenant qu’il faut sacrifier un peu de démocratie pour avoir une société plus écologique.
L’urgence climatique exige qu’on transforme radicalement notre démocratie; pas qu’on la sacrifie.