Le Quotidien a publié hier un texte de Sylvain Gaudreault qui me semble très important parce qu’il pourrait contribuer à transformer l’espace politique québécois — au sujet de l’environnement et même plus largement.
Si je me réjouis personnellement de la position prise par le député de Jonquière au sujet du projet de complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel à Port Saguenay, c’est surtout la nature de son texte qui m’amène à en parler.
Sylvain Gaudreault explique sa position simplement, en s’appuyant sur des arguments rationnels et en explicitant les convictions qui l’animent. Il fait confiance à l’intelligence des lecteurs plutôt que de faire essentiellement appel à leurs émotions.
«Mon devoir est de prendre position. (…)
J’ai rencontré les promoteurs de GNL Québec plusieurs fois. (…) Au terme d’une analyse approfondie, j’en suis venu à la conclusion de m’opposer à ce projet. (…)
J’ai participé à trois conférences de l’ONU sur le sujet (…) [et j’en suis ressorti] convaincu que la meilleure place pour les énergies fossiles, c’est de rester enfouies! (…)
J’ai déposé un projet de loi sur le respect des obligations climatiques. Je dois donc être cohérent quand un projet se présente, même dans ma région.
Il y a assez de cynisme en politique. Je n’y contribuerai pas davantage.»
La vision à long terme, qui est plus que jamais essentielle, est aussi présente dans le texte:
«On parle d’un projet de 25 ans. À quels fins seront utilisées les infrastructures une fois cette période terminée? La région se retrouvera-t-elle avec un passif environnemental?»
Cela me ramène au texte de Roman Krznaric auquel je faisais récemment référence: Notre rapport colonial avec le futur.
Et le député termine son texte en esquissant un projet alternatif pour sa région:
«J’ai tellement d’ambitions pour la région que je souhaite qu’elle devienne [plutôt] le Klondike de l’économie verte.»
Personnellement, c’est un projet que je nous verrais bien étendu à l’ensemble du Québec (et pourquoi pas, en effet, commencer par le Saguenay-Lac-Saint-Jean?).
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Reconnaître la crise climatique;
Reconnaître que le cynisme à l’égard la politique est un des principaux obstacle pour y faire face;
Expliciter autant que possible les valeurs et convictions qui nous animent;
Et appuyer nos positions sur des bases rationnelles plutôt qu’idéologiques ou purement émotives.
Voilà des éléments essentiels au renouveau politique dont nous avons urgemment besoin.
Bravo Sylvain Gaudreault pour ce texte exemplaire.