Idées pour la suite — 6

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À la suite de ce texte, je poursuis ma réflexion à voix haute pour brasser quelques idées, pour essayer d’esquisser des propositions concrètes qui pourraient contribuer à mettre le Québec sur la piste d’une transformation positive au sortir de la pandémie.

Aujourd’hui: Remplacer l’anachronique PIB

Si on veut que le Québec change, il va falloir y travailler: se mettre d’accord sur des constats, se donner des objectifs, faire des choix et se retrousser les manches. Je me réjouis en voyant que des réflexions et des propositions se multiplient dans ce sens. Comme celles formulées cette semaine par un regroupement d’une quinzaine d’organismes, que François Bourque a résumé dans un article récent.

Tous ne souhaiteront vraisemblablement pas transformer le Québec de la même façon au sortir de cette crise, ni au même rythme. Ce sera le terrain de la politique — et tant mieux si cela revigore nos débats démocratiques…

Mais dans tous les cas, et quels que soient les objectifs qu’on se donnera, si on veut pouvoir en suivre la réalisation, être en mesure évaluer l’efficacité de nos choix, de nos actions et de nos investissements, nous aurons besoins d’indicateurs adéquats.

Or, s’il y a quelque chose qui apparaît de plus en plus clairement depuis quelques années, c’est que le sacro-saint Produit Intérieur Brut (PIB), est une mesure insuffisante, qui est devenue complètement anachronique.

La croissance de l’économie, sans distinction de la nature de l’activité économique qui est mesurée, c’est inadéquat — et d’avoir gardé ça comme principal indicateur depuis si longtemps n’est pas étranger aux défis auxquels on fait face actuellement au plan sanitaire et environnemental.

On ne devrait pas mesurer notre succès uniquement sur la dimension économique, mais même au plan strictement économique, ce n’est pas vrai qu’on veut que tout croisse de la même façon. Un PIB qui croit parce que les secteurs polluants augmentent et qui masque une atrophie des secteurs plus écologiques ne veut pas dire la même chose sur l’état de la société que l’inverse.  Et ce n’est qu’un exemple.

Il y a déjà des initiatives intéressantes sur lesquelles on pourra s’appuyer. Le cas de la Nouvelle-Zélande (voir ce texte) et de l’Écosse (voir ce discours de Nicola Sturgeon), par exemple. Il y a aussi la proposition du Triple Bottom Lines d’Alternativet, un parti politique danois (qui m’inspire beaucoup!) et ses trois catégories (économique, environnementale et sociale) regroupant 18 indicateurs (si le sujet vous intéresse il faut vraiment lire ce document). Plus récemment, un groupe de 170 professeurs des Pays-Bas propose aussi d’aller dans ce sens et cela trouve un grand écho dans la population (résumé en anglais dans cette série de tweets).

Je trouve que le Québec est très en retard sur cette réflexion et qu’on devrait s’en faire rapidement un chantier national: définir les indicateurs en vertu desquels on souhaite évaluer l’évolution du Québec après la crise.

Il faut repenser les indicateurs économiques qui guident nos choix. De façon urgente.

Exit le PIB — on mérite mieux.

Nous avons besoin d’un ensemble d’indicateurs qui rendra compte de nos priorités, qui guidera plus adéquatement les débats politiques, et qui permettra à la population d’y voir plus clair. Des indicateurs sur lesquels on pourra s’appuyer pour les pourquoi et les parce que.

Ça devrait être une priorité dès que le gouvernement sera sorti de la gestion de crise.

De mon point de vue, on pourrait commencer par regarder du côté des 18 indicateurs de Alternativet.dk pour inspirer notre réflexion,

3 réflexions sur “Idées pour la suite — 6

  1. Très pertinent.

    La première chose à faire c’est de nommer un « RESPONSABLE DES INDICATEURS NATIONAUX ».

    Son rôle sera de:
    1- s’assurer qu’en démarche démocratique permette d’identifier les indicateurs qui conviennent à notre vision de ce que nous souhaitons devenir (pas facile)
    2- expliquer ces indicateurs afin qu’ils soient bien connus et compris
    3- identifier comment influencer ces indicateurs, les faire bouger en adoptant certains comportements

    Enfin, quand nous parlons d’indicateurs, il nous faut bien différencier ceux qui sont réactifs (nous montre une photo d’un moment passé – ex. hier) et ceux prédictifs qui annoncent ce que sera le futur. Ce sont les prédictifs qui nous permettent d’identifier ce qui doit être fait pour que l’on s’améliore, donc ce sont surtout eux qu’il nous faut suivre avec intérêt.

    En terminant, ces indicateurs doivent être disponible ne temps réel afin d’avoir une influence sur nos comportements.

  2. Le PIB a quand même un sens précis: il permet de savoir combien d’argent l’État peut prélever sous forme de taxes et d’impôts pour remplir ses missions.

  3. En effet, Mme Auclair, la santé économique doit aussi être mesurée.
    Mais, même pour cette dimension, un indicateur qui a plus de 50 ans d’âge doit être mise à jour. Lorsqu’on voit que le dollar canadien suit encore la route de la valeur des ressources naturelles, il est certain que nous devons mettre à jour nos indicateurs.
    Les indicateurs ont aussi un coté pervers. Je m’explique. Comme le PIB canadien est très influencé par le prix du pétrole et le nombre de barils exportés, les décideurs sont tentés d’en accélérer l’exploitation.
    Si notre indicateur était à jour, il inciterait nos décideurs à prendre de meilleures décisions.

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