Il y a un bateau qui a joué un rôle très spécial dans la genèse de mon intérêt pour le transport maritime.
Je l’ai vu passer une première fois le 31 juillet, en direction Est.
Regard à la longue vue: un beau bateau bleu et rouge.
Consultation de mon iPhone: son nom: Nord Québec.
Ça a évidemment piqué ma curiosité.
Recherche complémentaire: le navire a été construit dans le chantier naval d’Onomichi, au Japon, en 2013. Il est enregistré à Singapour et appartient à une entreprise danoise.
J’étais de plus en plus curieux.
Il avait quitté Bécancour le matin et il était en direction d’Esquivel, en Jamaïque.
Que pouvait-il bien transporter?
D’une question à l’autre, les jours suivants m’ont amené à découvrir la route de la bauxite et l’invraisemblable univers de la production de l’aluminium, à redécouvrir l’histoire du Québec, à m’interroger sur les formes contemporaines du colonialisme et à réfléchir aux contradictions qui nous empêchent de réagir avec la vigueur qu’il faudrait devant les changements climatiques.
J’ai écrit au propriétaire du Nord Québec.
J’ai eu plusieurs échanges avec une documentariste jamaïcaine.
J’ai passé des heures à jouer à un jeu de simulation de transport maritime.
Et je ne peux plus boire une bière de microbrasserie sans penser à John F. Kennedy.
Ce matin, le Nord Québec est de retour sur le fleuve. Il s’engagera sur le Saguenay en après-midi et sera au quai de Port-Alfred en fin de journée.
Il transporte vraisemblablement une cargaison de bauxite destinée aux alumineries de Rio Tinto.
Et comme François Legault a justement rencontré le grand patron de Rio Tinto mardi dernier — et qu’il y a donc vraisemblablement des annonces dans l’air — je trouve que l’occasion est belle pour vous partager dans les prochains jours quelques-unes de mes découvertes et de mes réflexions des dernières semaines… inspirées par le Nord Québec
Demain: la route de la bauxite.
Suivre les grands cargos est fascinant. J’ai vu passer des RORO (roll-on, roll-out) devant Gandia, qui arrivaient de Nagoya (capitale de Toyota) et se dirigeaient vers Barcelone. J’ai vu des cargos néerlandais, tous de la même entreprise (qui cherche du personnel) venir à tour de rôle au port de Gandia, où un atelier fait leur entretien. J’ai vu moult navires qui partent de Valence et desservent l’Afrique du Nord. Les sites qui permettent de suivre les navires m’ont aussi aidé à savoir quand nos livres arriveraient au Havre, ou si nos importations allaient être retardées. Pendant plusieurs semaines, avant d’accoster à Anvers, les navires devaient passer deux jours ancrés au large: plus aucun quai libre à Anvers en janvier. Ce serait une industrie passionnante pour une prochaine vie.