Ma participation à la journée sur la persévérance scolaire

logoperseveranceJ’ai participé hier à la journée de concertation régionale sur la persévérance scolaire. J’y ai fait de très agréables rencontres. Tant au point de vue personnel que professionnel. Les gens qui s’engagent socialement dans des dossiers comme celui de la persévérance scolaire sont généralement des gens aussi inspirants que passionnés. On ne perd jamais son temps à les côtoyer — même quand on aurait aussi beaucoup à faire au bureau. Très égoïstement, une journée comme celle-là c’est aussi une sorte de ressourcement, ça (re)ground. Les gens d’affaires devraient y participer plus souvent, en plus grand nombre, et de façon beaucoup plus assidue.

J’ai bien sûr pris quelques notes, mais comme je crois que plusieurs éléments de compte rendu ou de témoignage seront bientôt placés sur le site de l’événement — perseverancecapitale.ning.com — je vais privilégier dans un premier temps de faire dans les prochains jours des liens vers ces documents.

On peut déjè signaler deux textes déjà publiés par des participants à la journée d’hier:

Celui de François Guité: Journée de concertation sur la réussite scolaire
Et celui de Mario Asselin: World Café, concertation et persévérance scolaire

Chose certaine, je lève mon chapeau aux organisateurs, et en particulier à la Conférence régionale des élus de la Capitale Nationale et à Grisvert — la formule de la journée était audacieuse et c’est, de mon point de vue, une grande réussite. Plus de participation, moins d’exposés; plus de partage, moins de réponses toutes faites. On est sur la bonne voie. Merci!

Seul petit bémol — le communiqué officiel est malheureusement très straight et ne rend pas compte de ce qui s’est passé entre les gens, du partage et de l’engagement qui s’est manifesté — je trouve cela un peu dommage. Trop de chiffres, pas assez de passion. J’aurais aussi trouvé pertinent un lien avec Québec Horizon Culture.

Je place plus bas le texte de la courte intervention que j’avais été invité à faire au début de la journée, comme cinq autres personnes, afin de témoigner de mon appui, comme entrepreneur, à la démarche proposée.


—/ début /—

Intervention d’appui — 2 minutes
Clément Laberge, vice-président Services d’édition numérique, De Marque

Je vais commencer par une boutade, parce qu’en voyant les écrans ainsi placés dans la salle, une envie m’envahit, celle de vous dire que je trouve au moins aussi stimulant de voir 300 personnes réunies pour parler de persévérance scolaire que d’en voir 250000 sur les Plaines d’Abraham pour assister à un spectacle de Paul McCartney!

Plus sérieusement, j’ai envie de vous dire que ce que je trouve stimulant dans l’entente spécifique qui vient de nous être présentée et dans la démarche que nous propose la CRÉ, c’est qu’elle nous met dans un contexte d’apprentissage, dans un cadre où nous pourrons apprendre les uns des autres; qui nous force à sortir de notre zone de confort de nos filières et de nos secteurs habituels.

Ce n’est certes pas toujours facile de travailler ainsi — et les suites de cette journée ne seront sans doute pas toujours faciles à mettre en oeuvre — mais je pense que c’est indispensable de se frotter à ces difficultés pour apprendre à aider ceux et celles qui ont de la difficulté à rester l’école. C’est en se confrontant soi-même aux difficultés de l’apprentissage qu’on développe de l’empathie avec ceux qui éprouvent aussi des difficultés. C’est d’ailleurs cette conviction qui me motive depuis plusieurs années à vouloir faire de Québec une cité éducative — plusieurs d’entre vous m’ont déjà entendu en parler.

Je participe aujourd’hui à la fois à titre de citoyen et d’entrepreneur — parce que je suis persuadé que ceux et celles qui ont de la difficulté à persévérer à l’école sont souvent des gens dont l’expérience de vie est très différente de ceux et celles qui réussissent plus facilement; et que leur regard sur le monde est indispensable pour la société en général et pour des entreprises comme De Marque. Tout le monde y perd quand un jeune cesse de persévérer, parce que décrocher de l’école c’est souvent aussi un peu (beaucoup) décrocher de la société. Il faut s’adapter à eux, à leurs intérêts et à leurs manières d’apprendre, non par charité (ce n’est pas l’attitude qu’ils attendent de nous) mais parce que leur regard sur le monde est précieux — parce que c’est la richesse de notre regard collectif conditionne notre capacité à créer, à innover et à s’enrichir collectivement — et que cela requiert la participation de tout le monde.

En terminant, je ne peux pas m’empêcher de vous dire aussi que j’ai enseigné deux ans, au secondaire, avant de travailler en entreprise — et qu’en me levant ce matin j’ai repensé à Philippe, un élève que j’avais eu, probablement en 1995-1996.

Philippe vivait des difficultés à l’école. En cours d’année, pour l’aider, on avait modifié son horaire. On l’avait inscrit dans mon cours d’informatique de base — réputé facile — afin de lui alléger la tâche et lui permettre de consacrer plus de temps à ses cours de mathématiques et de sciences. Pour ça, il avait toutefois dû renoncer à son cours de musique.

Philippe, un grand gars de 16 ans, plus bâti que les autres, arrivait à mon cours en pleurant.

Il me répétait chaque fois que ses parents et la direction de l’école ne comprenaient pas que c’est son cours de guitare qui le retenait à l’école.

Après quelques semaines, je l’ai perdu de vue. Il n’est pas revenu à mon cours. Il a quitté l’école. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Quoi qu’il fasse aujourd’hui, je pense que Philippe serait content de nous voir réunis.

Mais plus encore, je pense qu’il compte sur nous pour travailler très fort aujourd’hui… et pour persévérer par la suite!

—/ fin /—

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