Dans Le Devoir d’hier, on peut lire une double page de publicité de Bell sous forme d’une lettre ouverte à tous les Canadiens. Le géant des télécommunications s’inquiète de voir le géant étasunien Verizon faire son entrée sur le marché canadien de la téléphonie cellulaire.
Dans cette publicité, Bell évoque le rôle du gouvernement fédéral dans le développement de cette industrie :
« Le gouvernement fédéral a récemment joué un rôle actif dans la réglementation de l’industrie des services sans fil au pays, notamment en offrant divers avantages à de nouvelles petites entreprises. »
L’entreprise souligne d’ailleurs l’efficacité de l’intervention gouvernementale :
« Grâce au soutien d’Ottawa, ces nouvelles entreprises se sont taillé une place sur un marché canadien des services sans fil soumis à une forte concurrence. »
Elle évoque toutefois certaines failles dans la réglementation qui pourraient maintenant avoir pour effet de procurer des avantages fortuits à Verizon.
Parmi ces avantages, l’entreprise étrangère qui a « quatre fois la taille de l’ensemble de l’industrie canadienne des services sans fil » serait apparemment dispensée de devoir financer et construire un réseau répondant aux besoins de tous les Canadiens :
« … une entreprise comme Verizon n’aurait pas besoin de construire son propre réseau à travers le Canada, d’investir dans les collectivités rurales canadiennes ou de soutenir le marché canadien de l’emploi, comme le font les entreprises canadiennes de services sans fil. Au lieu de cela, elle pourrait se concentrer sur quelques grands centres urbains, ce qui forcerait les télécommunicateurs canadiens à faire pareil s’ils veulent demeurer concurrentiels… »
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Au moment où je dois préparer mon intervention pour la commission parlementaire sur une éventuelle réglementation du prix des livres neufs, cela m’amuse de constater jusqu’à quel point il peut être de bon ton de plaider les bons côtés — voire la nécessité — de la réglementation de certains marchés alors qu’on s’offusque si facilement à l’idée d’en réglementer d’autres, comme celui du livre.
Pourtant, de la même façon qu’on a réglementé les télécommunications pour s’assurer que tous les citoyens puissent en profiter où qu’ils soient sur le territoire, il me semble tout à fait raisonnable de réglementer le marché du livre afin que tous les Québécois puissent avoir accès à une offre diversifiée de livres de qualité qui soit représentative de la culture québécoise (en particulier, mais pas seulement) tant par l’entremise de librairies locales que bibliothèques publiques et tant sous formes imprimées que numériques.
En ce qui me concerne, la question est moins de savoir s’il faut le faire que de savoir comment le faire efficacement.
J’utiliserai mon blogue pour réfléchir à tout cela, publiquement, au cours des prochains jours.
Une réflexion sur “L’art de réglementer”