L’humanisme têtu

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Je ne me souviens pas d’avoir évoqué ici les textes que Mélikah Abdelmoumen regroupe sur son blogue sous le titre Histoires de Roms. Elle a publié ce matin le 46e texte de la série, qui s’intitule Renoncements. C’est un texte qui ne peut tout simplement pas nous laisser indifférent.

Mélikah raconte dans chacun ses textes les efforts inouis qu’elle déploie depuis 2013 — avec quelques complices — pour aider une famille de Roms, en banlieue de Lyon. C’est dur, c’est beau, c’est plein d’amour. Plein d’espoirs aussi. Et de désespoirs, parfois.

Et c’est surtout profondément universel.

Les mots de Mélikah témoignent de l’humanisme qui unit, trop discrètement, ceux qui aident et ceux qui ont besoin d’aide. Un humanisme têtu qui s’acharne même quand la société l’abandonne (surtout quand la société l’abandonne).

Vous devez lire Renoncements. C’est important.

Mélikah traverse un moment difficile. Elle doit renoncer à l’espoir de changer la vie de Cendrillon, Fabien et Clara. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé…

«Et je dois me rendre à l’évidence: pour que ça ait une chance de fonctionner, c’est la manière globale dont notre société considère ses démunis qui est entièrement à reconstruire, et ça, nous sommes trop peu à le vouloir. Trop peu, et qui n’ont pas le pouvoir.»

«…je crois que je suis en train de comprendre ce que je n’avais jamais envisagé: peut-être qu’au fond, ils n’attendent absolument pas que leur vie change grâce à la présence ou au soutien des gens comme moi. Peut-être que ça, ce sont nos projets, pas les leurs.»

Le constat qu’elle dresse est important. Essentiel même.

Je crois que ce qu’elle vit comme un douloureux renoncement est aussi (surtout?) un cri du coeur qu’elle nous adresse.

La société ne peut pas se faire bonne conscience en s’appuyant sur quelques personnes plus sensibles ou plus généreuses que les autres. Quelle que soit l’aide qu’on pourrait apporter par leur intermédiaire, en s’appuyant sur leur engagement — jusqu’à en abuser, jusqu’à l’épuisement — il n’y aura jamais rien de plus important que la fraternité pour le salut de tout le monde.

«…peut-être qu’une nouvelle étape de notre relation peut commencer. Celle où je lui fiche la paix, celle où je me fiche la paix, celle où, à tâtons, nous essayons d’avancer côte à côte, chacune avec sa vie, ses limites, ses embûches, dans cette réalité pourrie et tellement décevante.»

Si les renoncements de Mélikah nous ouvrent les yeux sur la nécessité de mieux comprendre, de se rapprocher et de développer progressivement des relations plus fraternelles avec les gens qui, autour de nous, vivent des situations difficiles, nous en sortirons tous grandis.

Je pense évidemment aux plus démunis et aux nouveaux arrivants, mais aussi aux nations autochtones, dont nous ne connaissons trop souvent la réalité qu’à travers le prisme déformant des médias.

Merci Mélikah de persévérer dans ces difficiles séances d’écriture. En nous ouvrant ton coeur tu ouvres aussi les nôtres. Ils en ont bien besoin.

Une réflexion sur “L’humanisme têtu

  1. Merci à toi pour ces mots de soutien. Merci de lancer cet appel. Et de ta grande générosité.

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