Un texte un peu différent aujourd’hui — parce que quelque chose me fatigue depuis quelques jours…
À mesure que la politique partisane reprend lentement ses droits dans l’espace public, avec le lent recul du virus, on voit des femmes et des hommes qui s’étaient fait discrets reprendre la parole.
Il y en a qui abordent les mêmes sujets qu’avant, et de la même façon, comme si rien de spécial s’était passé depuis un mois. On pourrait prendre leurs tweets, changer la date et n’y voir que du feu.
Il y en a d’autres qui paraissent extrêmement touchés par ce qu’ils ont vécu, mais qui parlent comme si les décisions passées de leur parti n’avaient rien à voir avec la situation que nous vivons (dans les CHSLD, notamment).
Il y en a d’autres qu’on ne reconnaît tout simplement pas tellement ils apparaissent transfigurés — sans qu’on sache trop pourquoi.
Quand je vois ça, j’ai terriblement envie de dire à tous les hommes et les femmes politiques que l’heure est plus que jamais à la sincérité.
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Une crise comme celle que nous sommes en train de traverser nous amène tous et toutes à voir le monde un peu différemment. Ce doit être encore que plus vrai quand on est sur la première ligne pour aider la population — comme le sont les élu.e.s dans leur milieu.
Pour avoir de la crédibilité dans les prochaines mois, il va falloir être en mesure d’expliquer comment ce virus a changé votre façon de voir le Québec et les défis auxquels nous serons collectivement confronté dans les prochaines années.
Un discours inchangé risque de faire la démonstration que vous êtes restés coincés dans le passé — dans l’avant — et cela risque de vous faire perdre l’écoute de la population.
Prétendre avoir eu une révélation (sur la condition de vie des aînés, par exemple) sans être capable de reconnaître l’impact des décisions prises par votre parti dans le passé (toujours par exemple) risque d’être perçu comme un signe d’hypocrisie.
Et comme on peut espérer que le détecteur de bullshit de la population deviendra plus sensible à mesure que nous entrerons dans une nouvelle normalité il n’y aura peut-être pas d’évitement possible.
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Il faudra pouvoir dire franchement ce que cette crise vous a permis d’apprendre.
Quelles sont les questions que ça vous a amené à considérer sous un autre angle, ou à juger plus ou moins prioritaires — et pourquoi?
Quelles sont les convictions que ça a renforcé chez-vous et celles qui se trouvent ébranlées — et pourquoi.
Comment cela a transformé l’homme ou la femme politique que vous êtes — et quels effets ça aura sur votre discours et sur votre façon d’agir.
Il ne faudra pas oublier que les citoyens et les citoyennes auxquelles vous vous adressez ont changé au cours des dernières semaines. Ils et elles ont besoin de constater que vous avez changé vous aussi et que votre discours s’est adapté à la nouvelle réalité.
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Je pense que pour quelques mois il n’y aura pas de crédibilité possible sans une très grande sincérité.
Avec un peu de chance il se pourrait même que ça reste comme ça quelques années.
Beau défi que tu proposes….peut-être réaliserons-nous que les hommes et les femmes, élues au suffrage universel pour représenter leurs concitoyens et concitoyennes, sont soumis au lobbyisme de divers groupes d’intérêt, rencontres personnelles avec les ministres et technocrates—ce qui est légitimé dans nos sociétés dites démocratiques…Buissiness is usual-n’est-ce pas?–Ainsi va la vie!