
Ce texte fait partie de la série Les images qui restent…
Dernier jour des vacances, déjà! — Mais que ça a fait du bien!
Par-delà les rencontres, toujours très agréables, les obligations et les imprévus, il y a eu de belles heures de popote, de jeux, quelques films (ce n’est pas là qu’on a eu le plus de flair!). De belles heures de lecture et d’écriture aussi.
J’ai commencé les vacances avec D’images et d’eau fraîche, de Mona Chollet, qui m’a donné l’idée d’écrire une série de textes sur les photos qui se trouvent dans mon iPhone.
J’ai poursuivi avec plusieurs récits de Sylvain Tesson, dont j’avais beaucoup apprécié Dans les forêts de Sibérie, il y a quelques années. J’ai d’abord lu S’abandonner à vivre — de courtes nouvelles — puis Blanc, puis Sur les chemins noirs et finalement La panthère des neiges — trois récits d’aventures.
Dans Les forêts de Sibérie, l’auteur a choisi de s’encabaner.
Dans Blanc et dans Sur les chemins noirs, l’auteur part à l’aventure, en skis dans les Alpes, dans un cas, et à pieds à travers la France rurale, dans l’autre.
Dans La panthère des neiges, que j’ai terminé hier soir (et que j’ai préféré à tous les autres!), l’auteur tente d’observer un animal. Dans ce cas, l’aventure ne consiste pas à atteindre une destination, mais plutôt à réussir à être à la bonne place au bon moment.
C’est le roman de l’affût, « ce luxe de passer une journée entière à attendre l’improbable».
C’est en lisant ça que toutes sortes d’associations imprévues sont apparues entre mes lectures et mes activités d’écriture des derniers jours.
Sinuosités, écrit le 3 janvier, est évidemment dans l’esprit de Blanc et Sur les chemins noirs.
Mais ce sont certains passages de La panthère des neiges qui m’ont particulièrement interpelés:
À la page 123:
« Je me jurais, une fois rentré en France, de continuer à pratiquer l’affût. Nul besoin de se trouver à 5 000 mètres dans l’Himalaya. La grandeur de cet exercice partout praticable était de toujours procurer ce qu’on exigeait de lui. À la fenêtre de sa chambre, sur la terrasse d’un restaurant, dans une forêt ou sur le bord de l’eau, en société ou seul sur un banc, il suffisait d’écarquiller les yeux et d’attendre que quelque chose surgisse. On ne l’aurait jamais noté si l’on ne s’était pas maintenu aux aguets. Et si rien n’arrivait, la qualité du temps passé s’était trouvée accrue par l’attention portée. »
Ça décrit bien le point de départ de l’exercice de relecture de mes photographies — et plus encore, l’esprit du texte Ma fenêtre, écrit le 27 décembre, et de la suggestion de lecture complémentaire, que m’a faite Luc Jodoin: Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, auquel j’ai fait référence dans En temps réel, le lendemain.
À la page 70:
« Avec Munier, je commençais à saisir que la contemplation des bêtes vous projette devant votre reflet inversé. Les animaux incarnent la volupté, la liberté, l’autonomie : ce à quoi nous avons renoncé. »
Comment ne pas y voir un lien avec le texte Miroir animal, écrit le 4 janvier?
À la page 38:
« Si quelque chose advient ce sera la récompense. Si rien n’arrive, on lèvera le camp, décidé à reprendre l’affût, le lendemain. Alors, si la bête se montre, ce sera la fête. Et l’on accueillera ce compagnon dont la présence était sûre, mais la visite incertaine. L’affût est une foi modeste. »
Et à la page 181:
« Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait, c’était que nous n’avions pas su regarder. »
Quelques phrases que je reçois comme un rappel de l’importance d’avoir continuellement une attention active à ce qui se passe autour de soi — de ne jamais se laisser absorber par le quotidien — pour être en mesure de déceler l’improbable, et les curiosités, comme celles auxquelles j’ai fait référence le 1er janvier.
***
C’est avec ce texte que je conclus la série Les images qui restent… et, du même coup, les vacances de fin d’année!
Demain, les contraintes de la vie quotidienne vont rapidement reprendre leurs droits… mais je vais tenter de rester à l’affût, tous les jours.
Ce sera ma résolution pour 2023.
Merci Clément d’avoir ainsi accompagné nos dernières semaines!
Meilleurs vœux pour 2023!
Merci de prendre le temps de partager votre appréciation — c’est un bel encouragement à poursuivre, sans attendre les prochaines vacances!